Einstein et le racisme

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Le 30 janvier 1933, le jour même où Hitler et les nazis reprenaient le gouvernement de l’Allemagne, le savant le plus célèbre de la planète peut également avoir été le plus chanceux. Albert Einstein et son épouse Elsa avaient quitté leur domicile de Berlin pour un séjour à Pasadena, en Californie – c’était son troisième hiver là-bas, en tant que membre invité de la faculté de Caltech. Les Einstein avaient prévu de rentrer chez eux au printemps, mais c’était avant le 30 janvier. En quelques mois, le régime nazi fit comprendre clairement que, si Einstein était toujours en vie, c’était avant tout parce qu’il ne se trouvait pas en Allemagne.

De par son existence même – un génie qui était également un juif, un démocrate et, plus tard, un socialiste -, Einstein, plus que tout autre homme de science et sans doute plus que tout autre être humain, démentit les théories nazies de Hitler.

Même avant que les nazis ne se donnent eux-mêmes l’appellation de nazis (avant l’apparition du Parti national-socialiste de Hitler, au milieu des années 1920), des nationalistes allemands d’extrême droite avaient visé Einstein dans leurs attaques. Certains de ces nationalistes se mirent à attendre Einstein en dehors de son appartement de la Haberlandstrasse ou de son bureau à l’Académie prussienne des Sciences, en hurlant des dénonciations de la « science juive » dès que le personnage familier apparaissait. D’autres remplissaient sa boîte aux lettres de lettres obscènes et menaçantes. Un jour, un groupe d’étudiants d’extrême droite interrompit même le cours d’Einstein à l’Université de Berlin et l’un d’eux hurla : « Je vais trancher la gorge de ce sale juif ! » Un démagogue antisémite du nom de Rudolph Leibus fut arrêté [en 1921] – et condamné à une amende dérisoire de seize dollars – pour avoir offert une récompense à quiconque assassinerait le savant détesté.

Et, alors qu’il était invité à prendre la parole et salué par le public partout dans le monde – un périple avait emmené les Einstein en Chine, au Japon, en Palestine et en Espagne, où ils avaient été acclamés par des centaines de milliers de personnes -, en Allemagne, un groupe qui se faisait appeler la Commission des savants allemands pour la préservation de la pureté du savoir lança une attaque contre Einstein, qualifiant la théorie de la relativité de « perversion juive ». Même en obtenant le prix Nobel en 1921, Einstein fut confronté à l’antisémitisme.[1]

Durant quelques années, au milieu des années 1920, l’antisémitisme reflua et les ultra-nationalistes adoptèrent un profil plus bas du fait que l’économie allemande se renforçait grâce à l’aide économique substantielle des Etats-Unis et de l’Angleterre. Mais, vers la fin de la décennie, l’économie dégringola et l’extrême droite fit à nouveau saillir ses muscles politiques et paramilitaires. Le racisme hitlérien de la suprématie aryenne infecta des millions d’Allemands cherchant des boucs émissaires à leurs difficultés économiques et à la perte de leur influence internationale. Et lorsque la dépression économique mondiale de 1929 provoqua chômage endémique et inflation galopante en Allemagne, elle apporta également aux nazis une large base mécontente de recrues potentielles. Le Parti nazi, dirigé par Hitler, avait d’abord fait les gros titres en 1923 avec son « Putsch de la Brasserie », une tentative avortée de s’emparer du pouvoir dans l’Etat allemand de la Bavière. Après le putsch, le parti prit progressivement de l’ampleur et, en 1929, il avait 12 représentants au Reichstag (le parlement allemand). L’impact de la dépression économique amena une brusque montée des votes nazis aux élections de 1930, portant leur présence au Reichstag à 107 sièges.

Les bandes de rues nazies lancèrent des attaques de plus en plus violentes contre les ennemis de Hitler et, tout particulièrement, contre les gens de gauche et les juifs. Comme le raconte un historien : « Afin de préparer le terrain à l’ascension des nazis vers le pouvoir définitif, le parti accrut de mois en mois le niveau de violence auquel durent assister les citoyens allemands. » Un incident, qui eut lieu le 10 juin 1932, se révéla typique de cette stratégie. Cet après-midi, plusieurs centaines de membres des milices privées nazies de la SA et de la SS envahirent le district ouvrier de Berlin-Wedding, bloquèrent les issues d’un dédale de rues tout en scandant des slogans antisémites et en attaquant toute personne qui avait la malchance de se trouver dehors et dans les environs. Les nazis tabassèrent une trentaine de riverains, dont plusieurs personnes âgées et une femme enceinte, qui fut hospitalisée en très mauvais état.
L’identité de la cible numéro un des nazis ne faisait aucun doute. Leur hostilité, pour reprendre les mots de Philipp Frank, « se concentra à un degré étonnant et (…) effrayant sur Einstein ». En 1929, une maison d’édition de Leipzig sortit un ouvrage intitulé « Cent écrivains contre Einstein ». L’ouvrage en lui-même eut peu d’impact, « mais constituait un avertissement », selon Levenson. Les attaques contre les juifs de premier plan peuvent avoir diminué durant la stabilité du milieu des années 1920, « mais, désormais (…) la menace était revenue ». Un ami qui rendit visite à Einstein en Allemagne, en 1930, décrivit comme suit les signes croissants d’antisémitisme : « De nombreuses boutiques juives ont été mises à sac », et rapporta que l’homme de science, « malgré toute sa sérénité, était inquiet ».

Les menaces contre Einstein se multiplièrent au fur et à mesure que Hitler se rapprocha du pouvoir. Un boulanger de Caputh, le village à proximité de Potsdam où Einstein avait construit une résidence d’été, commença à se plaindre à haute voix, devant ses clients, de la « maison juive » de l’homme de science. A la fin du printemps 1932, le savant cessa de se promener seul et l’amie du couple, Antonina Vallentin, prévint Elsa que « laisser Einstein en Allemagne revenait à commettre un assassinat ». Juste avant que le couple ne quitte l’Allemagne pour de bon, en décembre 1932, Einstein reçut une « mise en garde amicale » d’un important général allemand, lui disant que son existence « n’était plus du tout sûre ici ».

Officiellement, les Einstein s’en allaient pour un semestre de plus à l’étranger et ils prévoyaient de rentrer à Berlin au printemps. Einstein déclara au New York Times : « Je n’abandonne pas l’Allemagne (…) Mon domicile permanent restera toujours Berlin. » Mais il peut s’être douté qu’ils n’y retourneraient pas. Lorsque le steamer Oakland quitta Bremerhaven le 10 décembre 1932, il emportait à son bord les Einstein et trente pièces de bagages. C’était, comme le déclara l’ami et biographe d’Einstein, « un tantinet excessif pour une absence de trois mois ».
Une fois en Amérique, Einstein ne tarda pas à se faire vilipender par l’Etat allemand. Il fut accusé d’être le chef d’un mouvement secret antinazi, parfois décrit comme « communiste », parfois comme « l’Internationale juive ». Le 23 mars, le IIIe Reich interdit aux juifs et aux communistes d’enseigner dans les universités, de travailler en tant qu’avocats ou dans des fonctions publiques. Les hommes de science, et plus particulièrement les juifs, constituèrent une cible spéciale pour le régime, qui prêchait la suprématie aryenne. Un dirigeant pédagogique nazi exprima la chose très simplement : « Ce n’est pas la science, qui doit être cantonnée dans des limites, mais plutôt les chercheurs scientifiques et les enseignants : seuls des hommes qui ont voué leur personne tout entière à la nation, à la conception du monde en fonction de la race, enseigneront et poursuivront des recherches dans les universités allemandes. »
A plusieurs reprises, les nazis allaient piller l’appartement des Einstein à Berlin, s’emparant de tous leurs biens et gelant leur compte en banque. En mars, des agents nazis de la SA mirent sens dessus dessous leur résidence d’été à Caputh, à la recherche d’une cache secrète d’armes « censément dissimulées en cet endroit par les communistes » et destinées à une insurrection antinazie. N’y trouvant aucune arme – « tout ce qu’ils y trouvèrent, ce fut un couteau à pain », rapporta le New York Times -, ils confisquèrent la maison, de toute façon, déclarant que, « manifestement », elle était sur le point d’être vendue afin de financer des activités subversives.

Einstein était brusquement devenu un réfugié. Même au cas où il aurait pu survivre – par miracle – à un retour en Allemagne, il déclara à la presse : « Tant que je n’aurai pas le choix à ce propos, je ne vivrai que dans un pays où la liberté civile, la tolérance et l’égalité de tous les citoyens sont garanties par la loi (…) Ces conditions n’existent pas en Allemagne, actuellement. »
Mais les Einstein retournèrent en Europe au printemps et en été 1933, passant plusieurs mois dans la ville côtière belge du Coq-sur-Mer afin de se reposer et de reconsidérer leurs plans d’avenir. Apprenant que les journaux nazis avaient mis sa tête à prix à 5000 dollars, Einstein déclara avec humour : « Je ne savais pas que je valais autant. » Néanmoins, les menaces de mort étaient sérieuses. Durant son séjour au Coq, le gouvernement belge lui assigna deux gardes du corps 24 heures sur 24 afin de le protéger contre une équipe annoncée de tueurs nazis. Et quand le régime hitlérien publia un album officiel de photos des « Ennemis de l’Etat », la légende sous la photo d’Einstein disait : « Noch Ungehängt – Pas encore pendu ». Einstein était également recherché – mais bien vivant et avec toutes ses facultés de pensée – par d’éminentes institutions d’enseignement du monde entier. Plusieurs universités européennes dont, entre autres, Oxford, Paris, Madrid et Leyde, proposèrent à Einstein des postes universitaires, de même que le tout récemment créé – et bien nanti – Institute for Advanced Study (Institut d’Etudes supérieures) de Princeton.[2] Einstein se sentait chez lui, en Europe, mais, comme l’explique l’écrivain et physicien C.P. Snow, le choix de l’endroit où se fixer ne dépendait pas, pour une bonne part, de lui-même.
Il était le principal ennemi public aux yeux de Hitler… Einstein était un homme brave, mais s’il retournait [en Allemagne], il serait tué… La Belgique lui convenait. Il se sentait bien plus à l’aise dans de petits pays confortables (la Hollande était son pays préféré), mais il n’était pas à l’abri des nazis. Sans avoir vraiment le choix, il reprit ses périples, et alla s’installer à Princeton…
C’était une sorte d’exil. Il ne fait aucun doute qu’Einstein, qui ne s’était jamais senti chez lui nulle part, désirait parfois retrouver les sons et les senteurs de l’Europe. Néanmoins, c’est en Amérique qu’il atteignit sa pleine sagesse en même temps que sa plus grande tristesse.
Avant de quitter l’Allemagne, Einstein fut non seulement un critique virulent des nazis mais il s’était mis également à s’exprimer contre le racisme en Amérique – il était difficile de ne pas y voir un parallèle à l’antisémitisme nazi et à la théorie du surhomme aryen. En 1931, W.E.B. Du Bois, l’un des fondateurs de la NAACP (Association nationale pour l’émancipation des gens de couleur) et rédacteur en chef de son magazine, The Crisis, écrivit à Einstein, qui vivait toujours à Berlin, à l’époque :

Monsieur,
Je prends la liberté de vous envoyer en annexe quelques exemplaires du magazine The Crisis. The Crisis est publié par des Noirs américains et défend les droits à la citoyenneté de plus de 12 millions de personnes descendant des anciens esclaves de ce pays. Nous venons tout juste d’atteindre notre 21e anniversaire. Je vous écris pour vous demander si, au cœur de votre existence si occupée, vous pouviez trouver le temps de nous dire quelques mots à propos du caractère néfaste des préjugés raciaux dans le monde. Une brève déclaration de votre part, de 500 à 1.000 mots sur le sujet, nous serait d’une grande aide dans notre combat permanent pour la liberté.
En ce qui me concerne, vous pourrez trouver quelque chose sur ma personne dans le Who’s Who in America. Dans le temps, j’ai été étudiant chez Wagner et Schmoller à l’Université de Berlin.
J’apprécierais au plus haut point quelques lignes de votre main.
A vous, très sincèrement,
W.E.B. Du Bois

Le 29 octobre 1931, Einstein répondit :

Mon cher Monsieur !
Je vous prie de trouver en annexe une brève contribution destinée à votre journal. En raison du poids excessif de mes occupations, je ne puis vous envoyer une plus longue explication.
Avec mon respect distingué,
Albert Einstein

Voici cette contribution.

Aux Noirs américains

Note de l’éditeur [Dr Du Bois] :

L’auteur, Albert Einstein, est un juif de nationalité allemande. Il est né dans le Wurtemberg en 1879 et a fait ses études en Suisse. Il a été professeur de physique à Zurich et à Prague et il est actuellement directeur de l’Institut de Physique de l’Empereur Guillaume à Berlin. Il est membre de l’Académie royale des Sciences de la Prusse et de la British Royal Society. Il a reçu le prix Nobel en 1921 et la médaille Copley en 1925.

Einstein est un génie en physique supérieure et il rejoint le niveau des Copernic, Newton et Kepler. Sa fameuse théorie de la relativité, proposée la première fois en 1905, a révolutionné notre explication des phénomènes physiques et notre conception du mouvement, du temps et de l’espace.
Mais le professeur Einstein n’est pas qu’un simple esprit mathématique. C’est un être humain bien vivant, très favorable à toute forme de progrès humain. Il est un brillant défenseur du désarmement et de la paix mondiale et il a en horreur les préjugés de race : en tant que juif, il sait de quoi il retourne. A notre demande, il a transmis le message qui suit à The Crisis, terminant sa lettre par les mots « Ausgezeichneter Hochachtung » (« respects distingués ») :

« Cela semble un fait universel que les minorités, particulièrement lorsque leurs individus sont reconnaissables à des différences physiques, soient traitées par les majorités au sein desquelles elles vivent en tant que classe inférieure. L’élément tragique de cette réalité, toutefois, réside non seulement dans le préjudice automatiquement ressenti par ces minorités dans leurs relations économiques et sociales, mais également dans le fait que ceux qui se voient infliger tel traitement sont pour la plupart d’accord avec cette appréciation de préjudice en raison de l’influence suggestive de la majorité et en viennent à considérer les personnes de leur genre comme étant inférieures. Il est possible d’aborder ce second aspect du mal, plus important, par une union plus étroite et une édification éducationnelle consciente au sein de la minorité, de façon à pouvoir attendre de la sorte l’émancipation de l’âme de la minorité.

Les efforts résolus des Noirs américains dans cette direction méritent d’être reconnus et appuyés.
Albert Einstein »

La requête de Du Bois en vue d’obtenir un message de la part d’Einstein révéla que l’homme de science afro-américain avait le nez pour les relations publiques. L’article d’Einstein valut à The Crisis un exceptionnel gros titre, même réduit, dans le New York Times : « EINSTEIN SALUE LA RACE NOIRE ». Presque vingt ans plus tard, une autre correspondance entre Einstein et Du Bois allait entraîner des résultats plus mémorables encore mais, dans les angoissantes années 1950, elle ne bénéficierait pas de couverture médiatique. La veille du départ d’Einstein pour l’Amérique, il se joignit à la campagne internationale en vue de sauver « les garçons de Scottsboro », neuf adolescents afro-américains de l’Alabama, faussement accusés de viol et dont huit avaient été condamnés à mort en 1931. Pour Einstein, la défense de Scottsboro fut la première d’une série de protestations contre l’injustice raciale du système législatif américain. Pour J. Edgar Hoover et son FBI, il s’agit du premier « Front communiste » répertorié dans leur dossier sur Einstein.

Einstein rejoignit Paul Robeson, W.E.B. Du Bois et le Congrès des Droits civiques (CDC). En effet, la quasi-totalité des groupes des droits civiques qu’appuya Einstein après 1946, y compris le Conseil des Affaires africaines cité plus tôt, avaient Robeson dans leur direction. Du fait qu’Einstein avait vu les nazis recourir à la tactique de l’épouvantail « communiste », il est possible qu’il ne recula pas devant le rayonnement rougeoyant de Robeson. A l’instar de Robeson, le CDC avait des liens étroits avec le Parti communiste. Tout en défendant Rosa Lee Ingram, Willie McGee, les Sept de Martinsville et d’autres Afro-Américains qu’ils considéraient comme les victimes « coups montrés racistes », le CDC soutenait également la grosse centaine d’officiels du PC emprisonnés en vertu du Smith Act (loi Smith)[3] au cours de la période McCarthy/Hoover. Les déclarations du CDC faisaient référence à l’Allemagne de Hitler, où les nazis avaient commencé par s’en prendre violemment aux communistes alors que la plupart des libéraux haussaient les épaules en se tenant à une distance qu’ils estimaient plus sûre.[4] C’était un parallèle historique avec lequel Einstein était d’accord. « La crainte du communisme », déclara-t-il au plus fort de l’époque McCarthy, « a entraîné des pratiques qui sont devenues incompréhensible pour le reste de l’humanité civilisée… »

Son franc-parler à propos des droits civiques comprenait une interview pratiquement inconnue, datant de 1948, par le Cheyney Record, le journal estudiantin d’un petit (à l’époque) collège (Cheyney State) en Pennsylvanie : « Malheureusement, les préjugés raciaux sont devenus une tradition américaine qui se transmet sans discernement d’une génération à la suivante », déclara Einstein. Qu’il ait déclaré cela au cours d’une interview n’est guère surprenant au vu de sa précédente visite à l’université de Lincoln et à son ouverture d’esprit quand il s’agissait de parler et d’écrire à des jeunes. Plus surprenante, toutefois, il y a la déclaration d’Einstein, dans la même interview : « Les seuls remèdes [au racisme] sont l’information et l’éducation. C’est un processus lent et douloureux auquel devraient pendre part toutes les personnes bien-pensantes. »
Peu après l’interview de Cheyney, Einstein poursuivit la mise en place de son réseau organisationnel en adressant un message à la « Southwide Conference on Discrimination in Higher Education » (Conférence du Sud sur la discrimination dans l’éducation supérieure), qui se tint à l’université d’Atlanta, en 1950 et qui était sponsorisée par le Southern Conference Educational Fund (Fonds d’éducation de la Conférence du Sud – SCEF). Vu la « peur du rouge », les commissions d’enquête du Congrès, telle la HUAC, avaient traqué les communistes dans la quasi-totalité des groupes sudistes qui réclamaient l’intégration et, ce faisant, avaient liquidé bon nombre de ces groupes. La Highlander Folk School, où Rosa Parks participa à des discussions interraciales durant l’été qui précéda sa fameuse arrestation pour avoir refusé de prendre place à l’arrière d’un bus de Montgomery, en Alabama, était l’une des rares organisations qui parvint à survivre. Une autre fut le SCEF déjà cité.
Quatre ans avant l’affaire Brown contre le Board of Education, le SCEF finança une exceptionnelle conférence intégrée dans le Sud (une fois de plus, dans une université noire) afin de s’opposer au racisme dans les universités du Sud.[5] Dans sa lettre de salutations au groupe, Einstein écrivait :

« Si un individu commet une injustice, il est harcelé par sa conscience. Mais personne n’est à même de se sentir responsable des méfaits d’une communauté, en particulier si ces méfaits s’appuient sur de vieilles traditions. Tel est le cas de la discrimination. Toute personne d’esprit sain vous sera reconnaissante de vous être unis pour combattre ce mal qui porte si gravement atteinte à la dignité et à la renommée de notre pays. Ce n’est qu’en diffusant l’éducation parmi tous nos citoyens sans exception que nous pourrons nous rapprocher des idéaux de la démocratie.

Votre combat n’est pas facile mais, à la fin, vous réussirez. »

Peut-être l’action la plus efficace d’Einstein sur le plan des droits civiques fut-elle un témoignage qu’en fait, il ne fit pas. Au début de l’année 1951, le gouvernement fédéral inculpa W.E.B. Du Bois, alors secrétaire du Peace Information Center (Centre d’information pour la paix – PIC), et quatre autres responsables du groupe pour ne s’être pas fait enregistrer en tant qu’« agents de l’étranger ». La principale accusation du gouvernement concernait le fait que le PIC – décrit par l’historien Robin D.G. Kelley comme un groupe « antinucléaire contre la guerre froide » – avait commis l’« acte manifeste » de faire circuler la Pétition de Stockholm en faveur de la paix, laquelle pétition déclarait :

« Nous exigeons la mise hors-la-loi des armes nucléaires en tant qu’instruments d’intimidation et de destruction massive des humains.

Nous exigeons un contrôle international strict afin de faire appliquer cette mesure.
Nous estimons que tout gouvernement qui utilisera le premier les armes nucléaires contre quelque pays que ce soit commettra un crime contre l’humanité et devrait de ce fait être traité comme un criminel de guerre.
Nous appelons tous les hommes et femmes de bonne volonté du monde entier à signer cet appel. »

Plusieurs millions de personnes signèrent cette pétition mondiale pour la paix lancée en 1950 par le Conseil mondial pour la paix, basé à Stockholm et pro-soviétique. La HUAC la dénonça comme étant « le plus vaste fait de guerre psychologique jamais organisé sur le plan mondial (…) un écran de fumée en vue d’une agression [communiste] ». Si une seule image est nécessaire pour se faire une simple idée du maccarthysme en Amérique, ce peut être celle de W.E.B. Du Bois comparaissant devant un juge de tribunal fédéral – le savant noir de renommée mondiale, âgé de 83 ans, avec sa barbiche, de courte taille mais se tenant bien droit, portant un complet rayé et des menottes. A l’instar de Robeson, Du Bois avait refusé de coopérer avec la politique antisoviétique et anticommuniste de Washington, il avait refusé de coopérer avec les commissions d’enquête du Congrès, il s’était vu retirer son passeport et avait été exclu de la NAACP.

Peu après cette inculpation fédérale, Einstein envoya à Du Bois un exemplaire de l’ouvrage qu’il venait de publier, Out of My Later Years (Mes années récentes) – cela faisait presque exactement vingt ans qu’Einstein avait entendu parler pour la première fois de Du Bois et rédigé sa déclaration pour The Crisis. En avril, Du Bois répondit et inclut à sa lettre l’information concernant son prochain procès : « Madame Du Bois et moi-même avons reçu avec une profonde reconnaissance votre ouvrage dédicacé et nous le lirons avec plaisir et profit. Je me permets de joindre à la présente une déclaration sur une affaire susceptible de vous intéresser. »
Einstein se proposa aussitôt pour comparaître en tant que témoin de la défense dans le procès fédéral contre Du Bois. Afin de conférer à la comparution en justice d’Einstein le plus d’impact possible, l’avocat de la défense, Vito Marcantonio,[6] retint jusqu’au dernier moment cette information. Dans un exceptionnel compte rendu de première main, Shirley Graham Du Bois décrit la réponse du juge :

« Le Ministère public a suspendu l’affaire durant la matinée du 20 novembre (…). Marcantonio (…) déclara au juge qu’un seul témoin de la défense serait présenté, le Dr Du Bois. [Mais] Marcantonio ajouta incidemment à l’adresse du juge : ‘Le Dr Albert Einstein a proposé de comparaître en tant que témoin de moralité en faveur du Dr Du Bois.’ Le juge [Matthew F.] McGuire fixa Marcantonio d’un regard appuyé et leva ensuite la séance pour le déjeuner. Quand la séance reprit, je juge McGuire (…) approuva la motion en faveur de l’acquittement

Confronté à la perspective d’une publicité internationale qui aurait résulté du témoignage d’Einstein, le juge classa l’affaire par manque de preuve avant que la défense n’ait eu l’occasion de présenter ses témoins. Neuf jours plus tard, Du Bois écrivait à nouveau à Einstein :

‘Mon cher Dr Einstein,
Je vous écris pour vous exprimer ma profonde reconnaissance pour votre offre généreuse de faire tout ce que vous pouviez dans l’affaire montée contre moi par le département de la Justice.
Je suis très heureux de voir que, finalement, il ne fut pas nécessaire de vous faire venir et de déranger vos importants travaux et vos précieux temps libres, mais je tiens néanmoins à vous remercier tout autant de votre attitude généreuse à ce propos. .
Madame Du Bois se joint à moi pour vous exprimer sa profonde gratitude.
A vous, très sincèrement,
W.E.B. Du Bois’ »

Einstein ne prit pratiquement jamais la parole dans les universités durant les vingt dernières années de sa vie. Sa santé de plus en plus fragile lui rendait les voyages pénibles mais il y considérait surtout comme « ostentatoires » la pompe et le cérémonial de la remise des diplômes. Certains peuvent trouver remarquable qu’Einstein ait choisi de rompre sa ligne de conduite et non-apparition dans les universités en se rendant, non pas chez un producteur de diplômes prestigieux de l’Ivy League [l’ensemble des huit universités les plus prestigieuses du Nord des Etats-Unis, NdT],[7] mais dans une université traditionnellement noire. (Reconnue en 1854, Lincoln fut « la première institution au monde à délivrer à la jeunesse masculine d’origine africaine une éducation de niveau supérieur dans les arts et les sciences ».) Mais, pour Einstein, le voyage de 100 km de Princeton à Lincoln ne fut pas un choix dû au hasard. Sa visite eut lieu « pour une cause valable », dit-il au rassemblement des étudiants et des facultés. « La séparation des races [la ségrégation] », déclara-t-il, « n’est pas une maladie des gens de couleur, mais une maladie des blancs », ajoutant : « Je n’ai pas l’intention de me taire à ce sujet. »

Une maladie ? Pour apprécier aujourd’hui le choix de ce mot par Einstein, il convient d’examiner les symptômes spécifiques de la maladie de la ségrégation si répandue en Amérique quatre-vingts ans après la guerre de Sécession. Dans la mesure où il leur était permis de combattre, les soldats noirs, comme nous l’avons fait remarquer, servaient dans des unités séparées commandées par des officiers blancs. Pour un véritable croyant, la ségrégation passait toujours avant tout, même avant le patriotisme. Souhaitant n’avoir jamais à combattre « avec un nègre à mes côtés », un jeune avocat de 28 ans, originaire de Virginie-Occidentale – et futur sénateur – du nom de Robert Byrd, écrivit en 1945 au sénateur Bilbo du Mississippi : « Je préférerais mourir un millier de fois et ne plus jamais voir l’Ancienne Gloire piétinée dans la souillure se relever de nouveau, plutôt que de voir ce pays bien-aimé qui est le nôtre dégradé par de sales métis, une régression vers les spécimens les plus noirs des espaces sauvages. » (Depuis, toutefois, Byrd a connu un bouleversement radical dans ses considérations raciales.)

La ségrégation raciale était la règle dans la quasi-totalité de l’Amérique, en mai 1946, avec des équipements publics et privés séparés et inégaux, depuis le logement et les écoles aux bus et aux plages à travers le Sud et dans bien d’autres parties du pays, y compris Princeton, dans le New Jersey. Certains manuels et même des films documentaires ont montré les salles d’attente séparées (et décidément marquées par l’inégalité) dans les gares routières et ferroviaires du Sud, et même les fontaines d’eau potable étiquetées « gens de couleur » et « blancs ». Mais la maladie allait plus loin encore. Même le sang donné pour sauver des vies l’était dans des banques du sang marquées par la ségrégation raciale (pour autant, toutefois, que les Noirs eussent la possibilité de donner leur sang), avec du sang « blanc » et « de couleur » gardé dans des unités de stockage étiquetées séparément. En 1942, au plus fort d’une guerre mondiale, la Croix-Rouge américaine se réunit à Washington et conclut que, bien qu’il n’y eût pas de différence dans le sang des diverses races, « la plupart des hommes de race blanche étaient réticents quand il s’agissait cde leur injecter du sang de Noir dans les veines ». Apparemment, selon un auteur, personne ne demanda « combien de militaires blancs, frappés d’hémorragie suite à une plaie béante sur le champ de bataille et glissant dans le coma, empêcheraient un travailleur médical de leur donner du plasma d’une ‘mauvaise couleur’ ». Dans certaines parties de ce pays, la pratique de la séparation du sang en fonction de la race se poursuivit toutefois jusque dans les années 60 !
Naturellement, les étudiants de Lincoln venus écouter Einstein étaient au courant de tout cela, en 1946. « Un vendredi, le 3 mai, un homme très simple est venu à l’université de Lincoln », nota un étudiant, quelques jours plus tard, dans le journal de l’école, The Lincolnian :

« Son visage émacié et sa simplicité lui donnaient l’allure d’un personnage biblique. Il était là, tranquille, avec, sur le visage, une expression d’étonnement interrogateur quand… le président Horace Mann Bond remettait un diplôme. Ensuite, cet homme aux longs cheveux et aux yeux profonds prit le microphone et parla de la maladie qui frappait l’humanité. Avec les accents gutturaux de son Allemagne natale, il déclara qu’il ne pouvait se taire. Puis, il cessa de parler et la salle resta silencieuse. Après cela, il fit une conférence sur la théorie de la relativité à l’adresse des étudiants de Lincoln. »

Le même soir, Albert Einstein retourna à Princeton…
Avant de retourner chez lui, Einstein soupa au domicile du professeur Laurence Foster et de sa famille. La fille du Dr Foster, Yvonne, que l’on peut voir sur la photo d’Einstein avec les enfants des membres des facultés de Lincoln, se souvient : « L’université avait été prévenue qu’Einstein était très réservé et discret et, en fait, il était taiseux et parla très peu au cours du souper mais il fut très amusé par l’accent hollandais de Pennsylvanie de Larry [le frère cadet d’Yvonne] et il ne put s’empêcher de sourire durant la conversation. » Et d’ajouter : « Nous fûmes très honorés » par le fait que, durant la cérémonie de remise des diplômes, « Einstein portait la toge académique du professeur Philip Miller et la toque de papa ».

« J’étais très heureuse de savoir que mon fils avait eu l’occasion de voir le Dr Einstein », déclara la mère d’un étudiant au président Bond de Lincoln, peu après l’événement. Dans une lettre adressée à Einstein, Bond répéta les mots de cette mère, en ajoutant ses propres remerciements : « Nous vous sommes tous aussi reconnaissants que cette humble mère. » Le choix de Lincoln par Einstein, ainsi que ses propos, semblaient manifestement destinés à faire passer un message à un auditoire bien plus vaste. Mais les médias de l’époque – tout comme les médias depuis lors – avaient des priorités différentes en matière d’information. Alors que la quasi-totalité des discours publics et interviews d’Einstein étaient rapportés en long et en large dans les journaux les plus importants – même lorsqu’il avait passé la langue, cela avait fait la une à plusieurs reprises -, dans le cas présent, les médias traditionnels traitèrent le discours du plus célèbre savant de la planète à la plus ancienne université noire du pays comme un non-événement. Seule la presse noire, avec intelligence, reproduisit le discours d’Einstein. Le Philadelphia Tribune et le Baltimore Afro-American firent des reportages de premier choix à la une, avec des photos d’Einstein recevant le diplôme d’honneur des mains du président de Lincoln, Horace Mann Bond et présentant aux étudiants une conférence sur la relativité. Le gros titre du Tribune, s’étendant sur la moitié de la une, disait : « EINSTEIN REÇOIT UN DIPLÔME au cours d’une cérémonie universitaire historique ».
D’autres journaux noirs couvraient l’événement : le NY Age, le NY Amsterdam News (« Einstein : le problème racial, une maladie des ‘Blancs’ ») et le Pittsburgh Courier. Tous avaient ajouté des photos. Personne n’a pourtant retrouvé une copie ou une transcription, ni même des notes, du discours d’Einstein à Lincoln, pas plus que ce discours n’a jamais été cité dans la pléthore des biographies et anthologies sur Einstein. Les lignes qui suivent sont des extraits de son discours de dix minutes, provenant du rapport du Baltimore Afro American du 11 mai 1946. L’article du journal, rédigé par J.W. Woods, affiche, comme lieu de rédaction, LINCOLN UNIVERSITY, Pa.:

« La seule possibilité d’empêcher la guerre est d’empêcher la possibilité de la guerre. On ne pourra obtenir une paix internationale que si chaque individu utilise tout son pouvoir pour exercer des pressions sur les Etats-Unis pour veiller à ce qu’ils jouent le rôle principal dans le gouvernement du monde.(*)

Les Nations unies n’ont pas le pouvoir d’empêcher la guerre, mais elles peuvent essayer d’éviter une autre guerre. Les Nations unies ne seront efficaces que si chaque individu ne néglige pas son devoir dans son environnement personnel. S’il le néglige, il sera responsable de la mort de nos enfants lors d’une guerre future.

Ma visite à cette institution a eu lieu au nom d’une cause valable. Aux Etats-Unis, il existe une séparation entre les gens de couleur et les Blancs. Cette séparation [ségrégation] n’est pas une maladie des gens de couleur. C’est une maladie de Blancs. Je n’ai pas l’intention de me taire à ce propos.
La situation de l’humanité aujourd’hui rappelle celle du petit enfant qui a un couteau tranchant et qui joue avec ce couteau. Il n’y a pas de défense efficace contre la bombe atomique. Pour notre propre sécurité, nous devons l’utiliser sur base internationale. Elle peut non seulement détruire une ville mais elle peut également détruire la terre même sur laquelle se trouvait cette ville. »

Le New York Times du 4 mai 1946 publia un bref entrefilet en page 7, comportant une seule et unique phrase sur le discours : « Le Dr Einstein a déclaré qu’il estimait qu’un ‘grand avenir’ attendait les Noirs et a demandé aux étudiants ‘de travailler longtemps et très dur, en faisant preuve d’une longue patience’. » En présumant que la phrase provenait du même discours (aucun des rapports de la presse noire ne cite ni ne fait allusion à cette phrase ni à rien qui lui ressemble), il est intéressant d’opposer le petit extrait ce que le Times choisit de publier et ce qui fut rapporté par la presse noire.

Notes

[1] Einstein avait été nominé pour le prix Nobel dans dix des douze années précédentes (1909 – 1920), mais ce n’est qu’après avoir été salué comme une célébrité de renommée mondiale que le comité Nobel accepta de lui décerner le prix. Des années plus tard, Irving Wallace, auteur de The Prize (Le prix), interviewa Sven Hedin, l’un des juges du Nobel, qui reconnut que l’antisémitisme avait influencé les juges au point de voter à plusieurs reprises contre l’attribution d’une récompense à Einstein (Wallace, The Writing of One Novel – L’écriture d’un roman). Au cours des années 1930, Hedin soutint publiquement les nazis et devint un ami proche de Göring, Himmler et Hitler.

[2] Conçu dès le début comme un centre destiné exclusivement à la recherche théorique, l’institut (et son fondateur, Abraham Flexner), espérait attirer les plus éminents savants du monde entier afin qu’ils vivent, pensent et fassent de la recherche à l’IAS qui, bien que situé à Princeton, serait indépendant de l’université. Outre leurs contrastes manifestes – l’IAS n’était pas une institution qui décernait des diplômes et elle n’avait pas de corps estudiantin -, une différence majeure dans la ligne de conduite, très importante pour l’histoire présente, c’est que l’institut – au contraire absolu de l’université – accueillait des savants juifs du monde entier. Pour une très bonne part, l’IAS reflétait le statut grandissant de l’Amérique en tant que principale puissance financière et technologique de la planète et Einstein constituait l’atout le plus précieux de l’institut, lui assurant une reconnaissance et un prestige internationaux immédiats.

[3] Le Smith Act, promulgué en 1940, condamnait la « conspiration en vue d’enseigner et de défendre le renversement du gouvernement par la force et par la violence ». Durant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement fédéral inculpa plusieurs membres du Parti socialiste trotskiste des travailleurs en s’appuyant sur le Smith Act. Le Parti communiste n’éleva aucune protestation contre ces inculpations.

[4] Tous les libéraux ne haussèrent pas les épaules. Einstein avait signé un appel manqué, en même temps que Kathe Kollwitz et Heinrich Mann, en 1932, pressant les socialistes et les communistes de s’unir derrière un simple panel de candidats qui aurait pu être à même de battre les fascistes.

[5] En 1950, si vous étiez une vedette afro-américaine de football ou de basket-ball dans une université de l’Ouest ou du Nord, vous restiez presque toujours à la maison lorsque votre école allait jouer un match dans une école du Sud. Pourtant, des signes de changement apparaissaient déjà. En 1955, des milliers d’étudiants organisèrent une manifestation sans précédent à Atlanta, brûlant des effigies du gouverneur Griffin de Géorgie en exigeant qu’il autorise l’équipe de football de Georgia Tech à rencontrer une équipe interraciale de Pittsburgh lors du Sugar Bowl de cette année. (NY Times, 4 déc. 1955, p.1)

[6] Marcantonio était un membre du Congrès populaire, indépendant, passionné et de gauche originaire d’East Harlem, à New York et il bénéficiait du soutien populaire des communautés locales italienne et portoricaine. Parmi ses nombreuses distinctions, il fut le seul membre du Congrès à voter contre l’envoi de troupes américaines lors de la « Police Action » (action de police) en Corée, en 1950.

[7] En 1936, Einstein refusa de participer à la cérémonie du tricentenaire de Harvard, parce que des universités allemandes y participaient.

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Le présent article est extrait d’un ouvrage des auteurs, Einstein on Race and Racism (Einstein, Sur races et racisme), publié en juillet 2005 par Rutgers University Press. Le copyright de cet article appartient à Jerome et Taylor et nulle partie ne peut en être utilisée sans leur consentement explicite. Une liste complète de références de toutes les citations de l’article peut être consultée à partir de l’ouvrage ou demandée auprès de Logos Editors.
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http://www.einsteinonrace.com/->
http://www.einsteinonrace.com/]

Les auteurs:


Fred Jerome
, vétéran du journalisme et écrivain scientifique, est l’auteur de The Einstein File: J. Edgar Hoover’s Secret War Against the World’s Most Famous Scientist .[ http://www.theeinsteinfile.com] (Le dossier E. : La guerre secrète de J. Edgar Hoover contre le plus célèbre homme de science du monde). Il a enseigné le journalisme à Columbia, l’université de New York et dans d’autres universités de la région new-yorkaise. Rodger Taylor, auteur free-lance, est documentaliste à la New York Public Library.

Texte original en anglais :
http://www.logosjournal.com/issue_4.3/jerome_taylor.htm

Traduit par Jean-Marie Flémal

(*) Note du traducteur : C’est effectivement ce que dit le texte (partie soulignée), mais ce contresens s’explique quand on sait que le présent article est publié par Princeton University Press…