L’élitisme scolaire au programme du n°24 des Carnets rouges

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Le dernier numéro des Carnets rouges, revue du réseau école du Parti Communiste Français, est consacré à l’analyse critique des mécanismes à l’œuvre dans la reproduction des élites par le système scolaire français. Les auteurs (parmi lesquels Paul Devin, Agnès van Zanten, Jean-Yves Rochex, Erwan Lehoux…) examinent notamment les justifications régulièrement mobilisées pour maintenir ce système scolaire inéquitable, entravant ainsi l’édification d’une Ecole émancipatrice.

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Extrait de l’édito de Paul Devin:

« Certains de nous défendront un refus radical qui conteste l’idée même d’élite, lui affirmant une nature fondamentalement contraire à l’égalité. D’autres exprimeront une vision plus modérée qui doute de la possibilité de renoncer aux élites sans pour autant faire fi des principes égalitaires. Mais nous devons, a minima, nous rejoindre sur l’analyse que, sous prétexte de la nécessité fonctionnelle de garantir qualitativement l’accès aux emplois de responsabilité, l’élite obéit aujourd’hui essentiellement à un principe de reproduction par lequel les classes dominantes entendent bien garder la maîtrise du pouvoir politique
et financier. Cela constitue d’évidence, un obstacle à concilier toute volonté élitiste avec la fonction émancipatrice de l’école qui, au-delà des emplois et des métiers auxquels elle permet d’accéder, œuvre pour que toutes et tous puissent penser et agir le monde grâce à un jugement raisonné, éclairé par les savoirs. Les perpétuels renoncements des politiques scolaires laissent de plus en plus clairement entendre que quelques savoirs fondamentaux suffisent aux citoyens ordinaires et que l’expérience culturelle n’est plus une visée indispensable du parcours scolaire de chacune et chacun. Plutôt que de se mobiliser sur quelques stratégies d’accès aux classes préparatoires pour les enfants des classes populaires, le véritable enjeu est de lutter contre l’assignation des élèves les moins favorisés à des parcours de formation pour lesquelles les obsessions patronales à préparer à l’employabilité ont fini par faire renoncer aux ambitions d’une culture scolaire capable d’émancipation sociale et intellectuelle. Nous devons craindre que la justification de l’élite se nourrisse d’une méfiance à l’égard des classes populaires jugées irrémédiablement ignorantes et donc potentiellement dangereuses. C’est pourquoi nous voulons lui préférer une école égalitaire et émancipatrice qui garantit à chacun ses choix d’orientation et de vie, sans hiérarchisation. »