Chômage en Belgique : fausses évidences et vrais enjeux

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Compte-rendu du Midi d’Econosphères de ce 28 janvier 2014 à l’université populaire de Bruxelles. Les invités étaient, par ordre d’intervention : Henri Houben (chercheur au Gresea – groupe de recherche sur les stratégies économiques alternatives) ; Daniel Richard (secrétaire régional interprofessionnel de la FGTB de Verviers) et Philippe Parmentier (dossier Sans emplois de la CSC).

L’essentiel de leurs exposés peut être résumé par les chapitres clefs du dossier n°76 des « Gresea échos » du 4ème trimestre 2013, sur le même sujet : trafic des stats, les deux faces d’un même marché (de dupes), stratégie européenne de pression sur l’emploi et les salaires, épuration dans l’armée de réserve des travailleurs et… du plein emploi au travail pleinement décent.

Les nombreuses politiques « d’activation » mises en place depuis des années chez nous sont aussi risibles qu’inefficaces : obliger les gens à chercher du travail qui n’existe pas, c’est comme prétendre que c’est la quête de champignons qui les fait pousser, ironise le second intervenant.

J’y ajouterai un élément peu connu à mon avis, et qui confirme mon constat trop fréquent que la démocratie est bien malade : le chômage est réglé chez nous depuis longtemps par des pouvoirs spéciaux et de la jurisprudence !

Quant aux responsables européens, ils ont uniformisé la comptabilisation officielle du chômage sur base de la définition du Bureau international du travail (BIT) de 1982 : « les chômeurs sont des personnes âgées de 15 à 74 ans qui étaient sans travail au cours de la semaine de référence, étaient disponibles pour travailler et étaient activement à la recherche d’un travail au cours des 4 semaines précédentes ou avaient trouvé un emploi devant débuter dans les trois mois suivants. » (comme aux Etats-Unis, paraît-il).

Tout est donc une question de définition à coloration politico-économique : il s’agit ici d’inventer une catégorie, sous l’influence des lobbies patronaux et au détriment de la santé sociale de tous les citoyen.ne.s.

Les offres de jobs précaires croissent et, si on ne les accepte pas, on risque gros. Cela fait penser à « la domination capitaliste sans partage, telle que la décrit Marx pour le 19ème siècle, (qui) peut reprendre, parce que les employeurs jouent sur les deux parties du marché : l’offre, qu’ils dominent, et la demande, qu’ils manipulent. » (Houben).

Bref, le régime de fin de droit aux allocations de chômage, tel qu’il entrera en vigueur en 2015, touchant environ 60.000 chômeurs/.euses, nous confirme bien que le chômage est mieux soigné que de ses victimes. Il est donc temps, non de jeter le bébé (l’OIT) avec l’eau du bain, mais de l’utiliser pour renverser un rapport de forces en faveur des laissés pour comptes.

Et l’auteure de cet article de souhaiter que la réduction drastique et générale de la durée du travail nous mène par le plus court chemin à la réalisation du « Bonheur intérieur brut », cher aux Bouthanais et à bien d’autres, comme André Gorz par exemple, qui affirme que « la société de travail est caduque : le travail ne peut plus servir de fondement à l’intégration sociale. »