Sur la piste des causes de la violence

Tout d'abord, précisons que nous manquons, en Belgique, d'études sérieuses sur le phénomène. D'autre part, la 'violence scolaire' est une notion relative. Ensuite, il faut mentionner que les grandes violences physiques sont rarissimes. La violence s'en tient à un ensemble d'incivilités: propos blessants, bousculades, racisme.[[Bernard Charlot et Jean-claude Emin, op. cit., p. 5.]]

Violence: un phénomène en recrudescence ?

Gardons-nous ici d'alimenter une inutile dramatisation du phénomène, dont la médiatisation fait souvent le jeu de politiques sécuritaires, voire xénophobes, toujours irrationnelles - qui préconisent un ordre plus coercitif, une forme d'autorité fourbie d'un attirail de mesures aux effets éducatifs plus qu'incertains1. Comme le souligne le criminologue Jacques Ganty : «L'école n'est pas le lieu du non-droit qu'un certain réflexe sécuritaire des enseignants ferait croire. Toutes proportions gardées, la délinquance y est en moyenne trois fois moins élevée que dans la cité.»2 Voilà un propos qui bouleverse d'emblée nos préjugés sur la question. Depuis quelques années, les médias se font largement l'écho des faits de violence scolaire, bien que s'intéressant surtout à la violence spectaculaire, celle qui fait monter l'audimat. L'école «flambe» à la une des médias, sous des titres chocs: «L'école victime d'une gangrène», «Le lieu de tous les dangers: racket, viols, tortures, meurtres», etc. L'effet médiatique de ces événements aura cependant eu le mérite d'alarmer une société qui ne soupçonnait pas l'ampleur des problèmes que peuvent rencontrer les écoles et les personnes qui les fréquentent.

Comment tarir les sources de la violence scolaire ?

Depuis quelques années, la violence scolaire fait régulièrement la une de l'actualité. Aux Etats-Unis, toujours à l'avant garde, des classes ont été mitraillées à plusieurs reprises par des jeunes qui avaient «disjoncté». Mais l'Europe est loin d'être à l'abri. En France par exemple, le phénomène a pris une telle ampleur que le Président Chirac s'est senti obligé de l'évoquer lors de son discours devant les parents de l'enseignement public en congrès à St Etienne le 25 mai dernier (1). La Belgique non plus n'est pas épargnée. De nombreux incidents graves ont éclaté ces dernières années: profs agressés ou menacés avec une arme, sans compter la mort du jeune Celal abattu en plein cours par un de ses condisciples.

Mme Reding passe à l’offensive

Ceux qui avaient cru que les ambitions affichées par la Commission européenne en matière d'enseignement durant les années 90 n'étaient que le fruit des lubies personnelles d'Edith Cresson doivent déchanter. Depuis son entrée en fonction en 1999, la nouvelle commissaire à l'Education et à la Formation, la Luxembourgeoise Viviane Reding, a poursuivi avec acharnement les initiatives européennes visant à mettre les systèmes éducatifs en conformité avec les « impératifs » de la « société de l'information ».

Six raisons de redouter des menaces précises sur l’éducation

En écrivant une lettre ouverte au Directeur général de l'UNESCO (L'Humanité du 25 septembre) pour lui faire part des menaces sérieuses que fait peser sur le droit à l'enseignement l'Accord Général sur le Commerce des Services (AGCS), nous n'étions pas inspirés par la peur, comme le laisse entendre le secrétaire d'Etat au Commerce, F. Huwart (L'Humanité du 2 octobre). Ayant pris connaissance des textes négociés dans le secret et ratifiés dans l'indifférence ou la connivence, refusant de nous laisser endormir par les propos lénifiants des gouvernants et de la Commission Européenne et scrutant ce qui se négocie vraiment au siège de l'Organisation Mondiale du Commerce à Genève, il était devenu évident pour nous qu'un cri d'alarme s'imposait. Il y a en effet urgence pour les citoyens, dont le mandat confié aux gouvernants est sans cesse outrepassé, de s'approprier le débat sur leur avenir dans des matières aussi importantes que l'éducation, la culture ou la santé.

Le marché de Bologne

La constitution d'un « espace européen d'enseignement supérieur » est inévitable, si on veut favoriser la « mobilité et l'employabilité du citoyen européen dans tout le continent ». C'est dans cet esprit que 31 ministres européens de l'enseignement, réunis à Bologne le 19 juin 1999, ont signé une déclaration commune. La mobilité rend nécessaire « l'unification et la comparabilité » de l'enseignement supérieur. Par ailleurs, on désire promouvoir le « contrôle de qualité » et « la dimension européenne de l'enseignement supérieur ». Voilà pour la version officielle...

Normes de transposition et modes de transmission

Deux questions demeurent souvent dissociées dont l'interdépendance, pourtant, est décisive pour qu'ait lieu l'acte d'apprendre: la question des savoirs, c'est à dire des contenus à enseigner, laissée aux experts patentés, et la question des méthodes, laissée aux pédagogues. Au mieux, la jonction entre ces deux questions pense pouvoir se régler sur le seul champ de la didactique disciplinaire. Or quelles que soient les disciplines se joue l'écart entre les savoirs réels (qui sont les savoirs savants du patrimoine scientifique, culturel) et les savoirs prescrits, fixés comme savoirs à enseigner. C'est cet écart qui constitue la transposition, faite d'étagements successifs, depuis l'établissement officiel des savoirs fixés par les programmes et référentiels, en passant par ceux qui figurent dans les manuels et jusqu'aux savoirs effectivement enseignés auprès des élèves. C'est de cet écart dont il est question ici et de ses conséquences concrètes, inévitables, sur les méthodes pédagogiques utilisées, tant dans leurs conceptions que dans leurs mises en pratique.

Les trois axes de la marchandisation scolaire

Depuis la fin des années 80, les systèmes éducatifs des pays industrialisés sont soumis à un feu roulant de critiques et de réformes :...

Le faciès prime encore trop souvent

Ce qui est présenté depuis 1993 dans l'enseignement Flamand comme une politique de non-discrimination n'est pas seulement un exemple typique d'approche paternaliste et non démocratique, mais aussi un exemple de désinformation du citoyen. C'est une histoire dont les plus directement concernés, les immigrés et les équipes éducatives, ont été exclus dès le départ. Où celui qui osait émettre une critique était excommunié. Une politique glorifiée avec la régularité d'une horloge jusqu'au moment où une recherche scientifique (cfr le géographe social Chris Kesteloot dans De Morgen du 27/9/2000) l'a réduite en cendres.

Quatre formes de discrimination ethnique dans l’enseignement

Beaucoup d'études montrent que la sélection scolaire s'effectue, non pas sur base des capacités des enfants, mais sur base de leur origine sociale et ethnique (qui d'ailleurs se recoupent très souvent). Cette inégalité frappe au premier chef les enfants issus de l'immigration. Quels sont éléments qui permettent d'en comprendre l'origine et de la combattre ?

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