Ce 27 septembre, une conférence citoyenne d’envergure s’est tenue à Charleroi, réunissant quelque 150 acteurs clés de l’éducation – enseignants, parents, chercheurs et syndicalistes – autour d’une proposition audacieuse portée par le collectif « Une place pour chaque élève ». Cette journée a permis de débattre d’une réforme majeure : la mise en place d’un système d’inscription garantissant à chaque enfant une place dans une école de proximité et socialement mixte.
Les participants sont unanimes : le « marché scolaire » actuel, basé sur une logique de concurrence, est un échec. Il génère un stress important pour les familles, accentue les inégalités et creuse les écarts de performance, faisant de la Belgique francophone l’une des régions les plus ségréguées d’Europe.
Un large consensus pour une réforme structurelle
Face à ce constat, la proposition du collectif a reçu un soutien massif. Son principe, proposé voici déjà plusieurs années par l’Aped, est simple : un organisme central proposerait à chaque famille une affectation pour son enfant, déterminée par un algorithme optimisant la proximité du domicile et la mixité sociale. Les parents conservent la liberté d’accepter cette place garantie ou de formuler d’autres choix.
Les ateliers ont conclu que cette réforme est « de nature à réduire la ségrégation actuelle ». Elle est jugée nécessaire, réalisable techniquement et constitue une avancée essentielle pour lutter contre les inégalités scolaires, améliorer le bien-être des élèves et des enseignants ainsi que la qualité de l’enseignement, favoriser la cohésion sociale et le vivre-ensemble.
Des recommandations pour une mise en œuvre réussie
Les participants ont formulé de nombreuses pistes concrètes pour renforcer la proposition : mieux prendre en compte les élèves à besoins spécifiques, garantir une réelle gratuité scolaire, scinder le secondaire entre le tronc commun et les filières d’orientation, assurer une transparence totale sur le processus, et bien d’autres.
Le défi de l’acceptabilité sociale : une priorité
La principale condition de succès identifiée est l’acceptabilité sociale. La crainte d’une « baisse de niveau » doit être levée par une campagne de communication massive et transparente, s’appuyant sur des preuves et des exemples internationaux. Il est crucial de rassurer les parents, notamment de la classe moyenne, et d’impliquer tous les acteurs – enseignants, directions, pouvoirs organisateurs – dans le processus.
Prochaines étapes
Le jury citoyen officiel, présidé par le climatologue Jean-Pascal van Ypersele, rendra ses conclusions définitives dans les prochains mois, sur la base des riches débats de cette conférence. Celle-ci aura démontré qu’une large partie de la communauté éducative est prête à s’engager pour une école plus juste et plus mixte. La balle est désormais dans le camp des décideurs politiques.