Dans le Monde diplomatique de septembre dernier, l’excellente Anne-Cécile Robert établissait un lien fort intéressant entre la déliquescence des services publics – dont l’enseignement – et l’implantation profonde des groupes djihadistes en Afrique. Si l’expansion terroriste déstabilise les pays du Sahel depuis l’intervention des forces de l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) en Lybie en 2011 et la dissémination dans la région d’une partie des troupes de l’Organisation de l’Etat islamique (OEI) après sa défaite en Syrie et en Irak en 2019, elle a désormais des ressorts locaux. Là où ils s’installent, moyennant méthodes expéditives et atrocités, les djihadistes peuvent rétablir une forme d’ordre sur les décombres de l’Etat. Ils rendent la justice, protègent les commerçants, règlent les conflits fonciers, ouvrent des écoles dans le cadre, discriminatoire pour les femmes, de la charia. « La gouvernance djihadiste repose sur deux piliers indissociables : la terreur et l’absence dramatique de services publics, explique le sociologue Jean-Pierre Olivier de Sardan. [Fournir] aux populations un service public de sécurité effectif et durable est alors la priorité absolue pour s’attaquer simultanément à ces deux piliers. »
Source: Anne-Cécile Robert, Pourquoi tous ces putchs, Le Monde diplomatique, 09/2023