ULB – Rencontres pour faire apprendre (2023-2024)

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Le programme pour l’année académique 2023-2024 des « Rencontres pour faire apprendre« , organisées par l’ULB, est connu. Six débats sont proposés, le samedi de 10h à 12h30, sur le campus du Solbosch (ULB, généralement dans l’auditoire UB 5.230 – bâtiment U, porte B, 5ème niveau). Les rencontres sont ouvertes à toutes et tous, et gratuites. L’inscription n’est pas nécessaire, sauf pour les groupes de plus de dix personnes. Programme et infos complémentaires ci-dessous.

Les changements éventuels de lieu sont annoncés par courriel aux abonnés à la liste de diffusion (les demandes d’abonnement doivent être adressées à Michel Staszewski ou sur la page Facebook  «  rencontres pour faire apprendre »).

Agenda

14 octobre 2023 Les pédagogies critiques
18 novembre 2023 Le portfolio de l’élève, outil magique au service des apprentissages ?
27 janvier 2024 Pas évident d’enseigner les mathématiques à l’école fondamentale !
17 février 2024 Stage, qui es-tu ?
23 mars 2024 Dire la grammaire, ou quand dire devient enfin faire
20 avril 2024 Le bonheur, ressource ou visée de l’éducation ?

 

Programme détaillé

14 octobre 2023 – Les pédagogies critiques 

Débat introduit par Irène PEREIRA, professeur en sciences de l’éducation et de la formation à l’université de Rouen. Elle est l’auteur de l’ouvrage Paulo Freire, pédagogue des opprimé·e·s. Une introduction aux pédagogies critiques, Libertalia, 2018.

La pédagogie critique est une philosophie de l’éducation et un mouvement social qui applique des concepts issus des approches critiques aux domaines de l’éducation. Au sens strict, ce courant émerge au début des années 1980. Il a incorporé des perspectives provenant de l’Ecole de Francfort, puis par la suite, du féminisme, des théories queer et décoloniales.

Ces diverses théorisations cherchent à montrer comment les multiples rapports sociaux de pouvoir, qu’ils soient de classe, de race ou de sexe, se reproduisent dans l’éducation formelle et informelle des enfants et adultes. Elles partagent la même préoccupation de s’attaquer aux injustices sociales, dans le domaine de l’éducation, tout en proposant une critique des rapports sociaux de pouvoir que l’on retrouve dans nos systèmes scolaires.

Aujourd’hui, dans le monde académique américain, par exemple, la pédagogie critique est un courant important, et les controverses académiques battent leur plein. Dans leur majorité, les pédagogues francophones demeurent encore sourds à ces enjeux.

La conférence présentera donc un courant de la philosophie de l’éducation qui applique à la réflexion éducative et aux mouvements sociaux des théories issues des études critiques (théories féministes, queer, anti-raciste et anti-classiste). Il s’agira dans cette conférence d’introduire ces différentes critiques pour penser les incidences et les implications sur la façon de penser l’éducation aujourd’hui.


18 novembre 2023 – Le portfolio de l’élève, outil magique au service des apprentissages ?

Débat introduit par Soledad Ferreira Fernandez, chercheure (ULB), formatrice d’enseignants à la HE2B (formation initiale) et formatrice d’enseignants (formation continue), notamment sur le portfolio des élèves et des enseignants ; Sabine MAHY, institutrice primaire, chercheure dans le domaine du portfolio de l’élève et formatrice d’enseignants sur ce thème et Nicolas PAILLÉ, instituteur en pédagogie Freinet, membre de « Education Populaire / Mouvement Freinet francophone belge ». Il met en place le portfolio à l’école Clair-Vivre depuis 2018 et participe à des rencontres et ateliers sur ce thème.

Le portfolio semble très à la mode en Fédération Wallonie-Bruxelles, tant dans l’enseignement obligatoire que supérieur. D’où vient donc cet engouement ?

Alors même que la recherche met en évidence la diversité de ses emplois et dénominations, les intervenant.e.s s’interrogeront sur une certaine croyance dans la toute-puissance du portfolio et la confronteront avec les difficultés rencontrées sur le terrain lors de sa mise en place. Le propos abordera des questions essentielles telles que :

–         quels sont les objectifs du portfolio ?
–         quelles balises se donner pour atteindre ces objectifs ?
–         comment articuler le portfolio à ses pratiques ?

La présentation s’appuiera sur l’expérience du terrain des trois intervenants, mais aussi sur leurs recherches autour du portfolio.


27 janvier 2024 – Pas évident d’enseigner les mathématiques à l’école fondamentale !

Débat introduit par Cécile Allard, chercheuse en didactique des mathématiques au Laboratoire de Didactiques André Revuz (LDAR) de l’Université Paris Cité. Ses recherches portent principalement sur les pratiques d’enseignement, la résolution de problèmes numériques ainsi que sur les inégalités d’apprentissage à l’école. Après une expérience de professeure, de formatrice, puis de conseillère pédagogique dans l’enseignement primaire pendant 15 ans, elle est aujourd’hui maîtresse de conférences à l’INSPE de l’université Paris Est Créteil ou elle est chargée de la formation initiale et continue des professeurs et des formateurs.

Enseigner ne s’improvise pas !

Enseigner les mathématiques à l’école requiert des connaissances mathématiques mais cela ne suffit pas pour enrôler les élèves, comprendre leurs erreurs et trouver des solutions pour les aider à dépasser certains obstacles.

Dans nos recherches nous montrons en quoi les connaissances didactiques sont indispensables pour piloter la classe, pour interpréter dans l’urgence de l’action les informations prélevées sur l’activité des élèves (ce que dit, fait et pense l’élève). Nous montrons aussi comment l’exercice de la vigilance didactique des enseignants débutants, des enseignants expérimentés ou bien des formateurs reposent sur leurs capacités à sélectionner des informations, à les analyser dans l’urgence et à adapter leurs enseignements pour maintenir la dimension collective des apprentissages.

Lors de notre exposé, nous nous appuierons sur des exemples et des vidéos de classe pour illustrer notre propos.


17 février 2024 – Stage, qui es-tu ?

Débat introduit par Sophie Vanmeerhaeghe, docteure en Sciences de l’Education (ULB), chercheure et maitre-assistante en pédagogie et méthodologie à la Haute École Galilée (EPHEC-Education). Ses recherches portent sur l’apprentissage à l’enseignement en contexte de stage et sur l’évolution de la formation initiale des enseignants.

Qu’il soit actif, pratique, professionnel ou professionnalisant, le stage est devenu un incontournable de la formation en enseignement supérieur.

Plus qu’un prescrit, cette courte insertion dans le monde professionnel est qualifiée habituellement par les acteurs de la formation à l’enseignement comme l’expérience la plus formatrice du cursus.

Mais pour autant, que savons-nous du stage et de ce qui s’y passe ? Les apprentissages qui s’y construisent sont-ils nécessairement articulés autour de normes et d’attendus communs de la formation ? En donnant la parole aux stagiaires, futurs enseignants du secondaire inférieur, et en les laissant se raconter dans leurs vécus, nous découvrons des parcours imprégnés de significations plurielles, de compromis et même de malentendus.

L’analyse des récits soulève alors une nouvelle question : et si le stage n’était pas à confondre avec l’histoire d’Obélix et de la potion magique ?


23 mars 2024 – Dire la grammaire. Ou quand dire devient enfin faire 

Débat introduit par Dan Van Raemdonck, linguiste, Professeur de linguistique française à l’Université Libre de Bruxelles et à la Vrije Universiteit Brussel. Il a entrepris, ces vingt dernières années, une recherche sur la réforme du discours grammatical à l’école (subventionnée jusque 2016 par la Fédération Wallonie-Bruxelles). C’est dans ce cadre que, depuis 2009, il accompagne plus d’une quinzaine d’écoles fondamentales et secondaires au changement de discours grammatical. 

 La grammaire scolaire, essentiellement orientée vers les performances orthographiques, s’est développée sur un terreau où l’obéissance à la règle était vertu cardinale. L’autonomisation des élèves prônée aux XXe et XXIe siècles ne devrait pas, en saine logique, s’accommoder des mêmes outils. Pourtant, le discours grammatical « actuel » reste doxique, articulé autour de l’orthographe et de son outil coercitif de prédilection : la dictée. Point d’appropriabilité ni donc d’appropriation intelligente à l’horizon, comme en témoignent, pour imparfaits qu’ils soient, les tests PISA et PIRLS.

Nous nous proposons de décrire comment, en vingt années de recherche et de recherche-action, nous avons essayé de faire évoluer le discours grammatical, sa description et sa mise en pratique dans les classes du statut de serviteurs de l’application aveugle de règles incomprises à celui de clés pour la construction et la déconstruction du sens des productions.


20 avril 2024 – Le bonheur, ressource ou visée de l’éducation ?  Quelles ingénieries pédagogiques  pour  le  bonheur d’apprendre ou d’enseigner ?

Débat introduit par Béatrice MABILON-BONFILS , Professeure d’Université, Directrice du laboratoire BONHEURS (Bien-être, Organisations, Numérique, Habitabilité, Education, Universalité, Relation, Savoirs) – EA 7517  de CY PARIS Université, auteure de La fin de l’école, PUF (2019).

Le bonheur, cette idée neuve des Lumières peut-il être un principe politique, notamment en matière éducative ? La notion de bonheur peut-elle être un principe actif de nos sociétés ? N’est-elle pas instrumentalisée dans des procès de manipulation ? Peut-on quantifier le bonheur ? Le bonheur de l’individu est-il indépendant de celui des autres dans la société ? Ou bien les conditions sociales et culturelles sont-elles les plus prégnantes ?  Quelles interrelations entre bonheur et apprentissages ? Mais aussi comment opérationnaliser cette notion dans les pratiques professionnelles, dans l’éducation ?

Notre approche consistera théoriquement à penser le bonheur par la Relation et méthodologiquement à penser de manière réflexive les ingénieries du bonheur dans le cadre d’une société apprenante, qui peut agir sur elle-même par la collaboration active de ses membres.

Ces ingénieries sont des outils visant à tester les conditions de réalisation du bonheur en éducation pour en donner une intelligibilité dans le cadre d’une organisation apprenante voire même d’une société apprenante.

La méthodologie consiste en une co-construction avec les professionnels des dispositifs de bien-être et en cherchant à analyser et à évaluer les effets et les impacts par la recherche pour les rendre plus efficients.