Foire Aux Questions (FAQ)

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Notre proposition peut susciter de légitimes interrogations. Voici nos réponses aux questions les plus fréquentes. Vous vous posez une autre question ? Vous avez une inquiétude particulière ? N’hésitez pas à introduire votre question en commentaire de cet article, et nous y répondrons.

1. Peut-on réellement concilier mixité sociale et proximité ? Les écoles ghettos ne sont-elles pas le reflet de leur quartier ?

Premièrement, diverses études ont montré (par exemple pour Bruxelles, voir Delvaux et Serhadlioglu, 2014) que la ségrégation sociale scolaire était en général supérieure à la ségrégation sociale résidentielle. En d’autres mots, même si chacun allait simplement à l’école la plus proche de son domicile, il y aurait moins de ségrégation scolaire que ce n’est le cas actuellement.

Deuxièmement, notre projet ne prévoit pas d’envoyer simplement les enfants à l’école la plus proche. Dans les grandes villes, les distances entre quartiers riches et quartiers pauvres ne sont souvent pas très grandes. Il est donc possible, au prix de déplacements relativement faibles, d’obtenir une hétérogénéité sociale tout à fait convenable dans la plupart des établissements scolaires. Une étude portant sur Bruxelles, une des villes belges où les inégalités résidentielles sont les plus fortes, a montré qu’on pouvait ramener la proportion d’élèves fréquentant des écoles « ghettos », de 40% à 6%, tout en diminuant d’un tiers la distance moyenne domicile-école. (Hirtt et Delvaux, 2017)

Pour plus d’infos:

  • Delvaux, B., and Serhadlioglu, E. (2014). La ségrégation scolaire, reflet déformé de la ségrégation urbaine Différenciation des milieux de vie des enfants bruxellois. Cahiers du Girsef.
  • Hirtt, N., and Delvaux, B. (2017). Peut-on concilier proximité et mixité sociale? Simulation d’une procédure numérique d’affectation des élèves aux écoles primaires bruxelloises.

2. Le projet n’est-il pas caduc si une majorité de parents refusent l’école proposée ?

Il semble, selon l’expérience des autres pays, que ce sont les parents de classes populaires qui auront surtout tendance à accepter l’école qui leur sera proposée. Les autres parents beaucoup moins. Cependant, en raison même du système préconisé, les enfants issus des classes populaires se retrouveront ainsi dispersés dans tous les établissements. Les parents des classes supérieures ne trouveront donc plus, sur le marché scolaire, cette école de « l’entre-soi » qu’ils auraient peut-être voulu privilégier. Très vite, ils comprendront qu’ils n’ont plus beaucoup d’intérêt à jouer la carte d’un marché scolaire devenu moins intéressant et plus risqué, mais qu’ils ont au contraire tout à gagner en acceptant l’école proposée. Il devrait apparaître assez vite que les écoles socialement mixtes non seulement ne font pas baisser le niveau, mais aussi sont garantes d’une bonne qualité d’apprentissage, ce qui devrait rassurer les parents des classes moyennes.

3. Que faites-vous des écoles à « pédagogie alternative » ? Tous les enfants n’ont pas besoin de la même école…

La pédagogie ne peut pas servir de prétexte pour recréer de la ségrégation. Toutes les équipes pédagogiques, de toutes les écoles, sont chaleureusement invitées à penser et à mettre en oeuvre collectivement les pratiques pédagogiques qui leur semblent les plus porteuses, dans lesquelles elles souhaitent s’investir. Mais ces pédagogies doivent s’adresser à tous les enfants, quelle que soit leur origine sociale. Une « bonne pédagogie » qui ne fonctionnerait qu’avec des enfants de certaines classes sociales n’est pas une bonne pédagogie, car elle serait totalement inadaptée au projet d’une école commune, démocratique.

4. Comment va-t-on mesurer la mixité sociale ?

Il faut tout d’abord constituer un indice socio-économique individuel pour chaque enfant en âge de scolarité, en utilisant pour cela les informations disponibles via la banque-carrefour de la Sécurité sociale (revenus, patrimoine, diplômes des parents,…). Cet indice sera mis à jour en temps réel. Pour garantir la sécurité des informations, le fichier contenant cet indice et l’adresse de chaque élève sera anonymisé : les identités correspondantes des élèves et des parents seront conservées dans un fichier distinct, crypté, qui ne pourra être activé que par les logiciels traitant les communications avec les parents (envoi de documents, réception de leurs choix, etc…).

5. Ne faudrait-il pas demander aux parents, à l’entrée en secondaire, dans quelle filière d’enseignement ils souhaitent que leur enfant poursuive ses études ?

Cette remarque met le doigt sur l’une des grandes faiblesses des décrets successifs régulant les inscriptions dans l’enseignement secondaire francophone. Il est tout à fait clair que les parents qui envisagent des études générales pour leurs enfants n’ont guère envie qu’ils soient dirigés vers un établissement organisant (surtout) de l’enseignement qualifiant. Et inversement. C’est pourquoi notre projet prévoit la création d’un premier degré secondaire autonome. Dans les six ans qui suivront l’entrée en vigueur de la procédure en première primaire, les établissements secondaires actuels devront être scindés en deux établissements entièrement distincts, l’un organisant seulement les trois années de tronc commun, l’autre seulement les options et filières postérieures.

6. « Oui, mais à Charleroi (ou dans d’autres régions), ce n’est pas possible d’instaurer de la mixité sociale, il n’y a que des pauvres ».

En effet, là où les familles bourgeoises et petites-bourgeoises ont déserté les centres-villes, il faudra peut-être envisager des distances domicile-école un peu plus grandes qu’ailleurs. C’est pourquoi, nous proposons de remplacer la distance géométrique « à vol d’oiseau » par une distance mesurée en « temps de transport en commun ». On pourrait alors envisager que des enfants des quartiers populaires empruntent de bons transports en commun vers les écoles de la périphérie verte.

7. Frères et soeurs auront-ils la garantie de fréquenter la même école ?

Oui, l’une des questions posées aux parents dans le formulaires qu’ils devront compléter au début est de savoir s’ils souhaitent éventuellement que l’enfant concerné soit scolarisé dans le même établissement que sa soeur ou son frère.

Vous vous posez une autre question ? Vous avez une inquiétude particulière ? N’hésitez pas à introduire votre question en commentaire de cet article (en bas de cette page), et nous y répondrons.

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