Les vautours du coronavirus 5, Jean-Michel Blanquer

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C’est Christophe Cailleaux qui nous le rappelle (1) : le ministre Jean-Michel Blanquer soutient très activement les acteurs privés du marché éducatif. Son truc, c’est le partenariat public-privé (PPP). La farce est pourtant bien connue : non seulement le PPP siphonne des fonds publics au profit d’actionnaires privés, mais aussi il abandonne une mission de service public à une entreprise privée. Ce qui n’est pas neutre !

Exemple de l’implication très active de Blanquer : la création, en 2018, dans les locaux mêmes du ministère, du « lab 110 », un incubateur de start-up où se mélangent tous les acteurs du numérique scolaire : professeurs, élèves, associations … et entreprises. Ainsi, l’Education nationale légitime l’EdTech, fait tomber la barrière public/privé et introduit le loup dans la bergerie. De manière significative, le premier événement du « lab 110 » fut l’accueil de « l’observatoire de la EdTech ». Depuis lors, il reçoit très majoritairement des marchands d’éducation.

Autant dire que la fermeture des écoles et le confinement offraient à Blanquer une occasion de pousser la manette ! Faut-il comprendre autrement son appel à la « continuité pédagogique » ?

Aux acteurs de terrain, enseignants, parents, élèves, qui lui répondent que l’enseignement est affaire d’interaction, de construction collective, en présence les uns des autres, à ceux qui témoignent de l’échec de l’enseignement à distance pour cause de fracture matérielle et socio-culturelle, l’inénarrable Blanquer répond par l’annonce, pour l’après, d’ « états généraux du numérique éducatif ». Mais attention, en cadenassant le débat : il s’agira uniquement d’en retirer le positif ! Ben tiens !

Profitant de la crise et de la sidération qu’elle induit, ce gars-là et sa clique risquent bien de nous imposer des révolutions qu’ils n’auraient pas pu faire passer en temps normal. Qu’on se le dise.

Jean-François Clair (2) trace un autre chemin possible : au vu des difficultés rencontrées par l’enseignement à distance, entre autres les ratés des espaces numériques de travail (ENT) de l’Education nationale, il propose de « tout mettre à plat, de prendre deux ou trois ans où l’on met vraiment l’argent pour développer des outils propres à l’Education nationale ».

Notes

1. Enseignant, syndicaliste (Snes-FSU), coordinateur de l’ouvrage collectif « Critiques de l’Ecole numérique », il était interviewé dans L’Humanité Dimanche du 16 avril 2020.
2. Syndicaliste Snes-FSU, également dans L’Humanité Dimanche.