Le collectif « Marguerite » écrit à la ministre Désir…

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Au moment des virulents débats autour du premier décret inscriptions, un collectif d’association s’est constitué pour en soutenir le principe. Ce collectif vient d’adresser un courrier à la ministre Désir, à propos des menaces qui pèsent sur ce décret.

Madame la Ministre,

Le collectif Marguerite (coordonné par Infor Jeunes Laeken) s’est bâti il y a dix ans sur la volonté de soutenir et de promouvoir le décret inscription. Le collectif, qui regroupe des associations de terrain, est toujours convaincu que le décret constitue un enjeu fondamental en termes de réduction des inégalités à l’école, notamment par le développement de plus de mixité sociale dans le système.

Nous continuons d’ailleurs à informer sur les inscriptions en 1e secondaire, notamment sur les marchés communaux, principalement auprès des publics les plus précarisés.

Comme les années antérieures, nous sommes attentifs à la manière dont les inscriptions en 1e secondaire se déroulent concrètement.

Pour ce faire, nous nous sommes rendus aux séances d’information organisées par des établissements « convoités », c’est-à-dire là où la demande est supérieure à l’offre.

La première constatation qui en découle, c’est qu’actuellement la plupart de ces établissements ont « lissé » leur discours de présentation, en veillant à ne pas remettre en question le prescrit légal lors de leur séance d’information (comme cela avait parfois pu être le cas de certaines écoles auparavant).

Le côté lisse ne signifie pas que la présentation soit neutre. Le marketing scolaire est pleinement présent entre autres dans la manière dont il est fait état de la valeur ajoutée qu’offre l’établissement.

Pour prendre un seul exemple : la direction d’une école réputée en région bruxelloise qui consacre la moitié de son temps de présentation du décret à son offre d’enseignement du néerlandais en immersion, en précisant que pour pouvoir suivre cet enseignement il faut déjà être bien structuré dans sa langue maternelle d’une part et, d’autre part, être suivi à la maison dans son apprentissage.

Une telle présentation ne peut évidemment produire que des effets de sélection sociale auprès du public. Encore qu’il n’y a là rien de si étonnant dans la mesure où la situation globale de notre système reste encore et toujours celle d’un quasi-marché.
Mais, ce n’est pas tout. Des témoignages directs de parents nous sont revenus aussi.

Ceux-ci signalent que certaines écoles leur ont indiqué que pour pouvoir s’inscrire chez eux il fallait avoir eu 70% en primaire, faute de quoi l’enfant n’arriverait pas à suivre. D’autres encore font état de procédés dilatoires à l’inscription : les parents doivent d’abord envoyer un mail de motivation à la direction avant de s’inscrire, ou encore venir s’inscrire quand ce sera leur tour car l’établissement pratique les inscriptions par ordre alphabétique…

De plus, ne perdons pas de vue non plus que le décret ne prend en compte que les élèves qui pourront s’inscrire en 1eC, et donc ceux qui n’auront pas eu le CEB et qui devront aller en 1eD devront se dépatouiller pour trouver par eux-mêmes une école qui organise le différencié.

Bref, des éléments qui interpellent, et dont, selon nous, il y aurait lieu de tenir compte dans la conception du remaniement du décret.
Bien à vous,

Pour la coordination du Collectif Marguerite
Chantal Massaer
Infor Jeunes Laeken

Signataires :

Fapeo, CGé, Ligue des Droits de l’enfant, CIDJ, Atouts Jeunes, CSC, itinéraires AMO, SOS Jeunes Quartier Libre, Aped.