Arrêtons la catastrophe de l’enseignement bruxellois

Facebooktwittermail

Chaque nouvelle édition des études PISA montre que l’en- seignement en Belgique est le plus inégalitaire de l’OCDE. D’autres études montrent que la situation à Bruxelles est encore bien pire ! Ce mercredi 23 février, l’Aped-Bruxelles y consacrait une conférence de presse.

Dossier de presse

La dualisation des niveaux d’enseignement résulte très largement du semi-marché scolaire qui provoque la concurrence entre réseaux et entre écoles. La libéralisation totale dans le système d’inscription, qui n’existe pratiquement qu’en Belgique, est l’autre facteur qui a créé des écoles ghetto de riches et de pauvres. Bruxelles se distingue en- core par l’existence de quatre réseaux principaux, deux francopho- nes et deux néerlandophones. La concurrence entre écoles y est particulièrement dévastatrice en termes d’inégalités.

Dès à présent des parents ne trouvent plus de place dans les écoles de proximité ni en maternel, ni en primaire, ni en secon- daire. C’est particulièrement le cas dans les quartiers les plus défavorisés. Les prévisions démographiques annoncent un man- que d’écoles absolument dramatique d’ici 2014. Une analyse de l’Institut bruxellois de Statistique et d’Analyse parle de 79 écoles à construire d’ici là, pour y accueillir 23300 élèves supplémentaires. Quelle que soit la taille des écoles, il faudra environ 1165 classes supplémentaires mais aussi 1500 enseignants qu’il faudra for- mer, recruter et surtout garder, en leur assurant des conditions de travail valorisantes et rémunératrices ! La création de 5643 places dans des écoles de la région à l’horizon 2017 est certes une bonne nouvelle, mais il vient trop tard et reste très largement en dessous du besoin. Rien n’est prévu pour assurer que des en- seignants correctement formés seront disponibles pour donner cours dans ces nouvelles classes, ni qu’ils auront des conditions de travail qui les inciteront à poursuivre leur métier au delà des 5 ans de durée de carrière moyenne des nouveaux venus dans la profession.

Devant cette situation inqualifiable, nous appelons le monde politique à reconstruire totalement l’enseignement de la région de Bruxelles Capitale, sans aucun tabou et en assurant les moyens budgétaires et humains indispensables. Nous lui demandons de repenser et de reconstruire l’école en partant de l’école maternelle et en étendant les indispensables réformes aux degrés supérieurs année après année. Il faut en outre instaurer un système d’inscription plus guidé qui favorise la mixité sociale dans toutes les écoles et supprime les files d’inscription et les écoles de haut et de bas niveau.

Bruxelles est une ville multiculturelle, administrativement bilingue et entou- rée d’une région majoritairement et administrativement néerlandophone. Il est essentiel que ses habitants soient multilingues et bien évidemment prioritairement bilingues français-néerlandais. Quel que soit l’avenir institu- tionnel de la Belgique, la situation géographique restera. Il est inaccepta- ble que des enfants sortent de l’enseignement francophone bruxellois sans connaitre la langue néerlandaise, qui leur sera souvent nécessaire dans leur vie professionnelle.
Capitale de Belgique, Bruxelles constitue le dernier point de colle entre Flandre et Wallonie. Il faut renforcer le « point de colle » pour que tous les Belges, tous Européens, tous les étrangers s’y sentent chez eux. Ici, plus que n’importe où dans le monde, pouvoir communiquer passe par la
connaissance de plus d’une langue et très certainement des deux lan- gues nationales principales.

La construction d’une école bilingue assurant un enseignement de qualité pour tous ne parait possible qu’avec une organisation indépen- dante des communautés. Les potentialités de trop d’enfants ont été gaspillées pour se permettre de tergiverser plus longtemps.

L’éducation doit être une priorité absolue, car elle est le levier essen- tiel pour assurer une plus grande harmonie sociale. N’importe quelle organisation scolaire ne rencontre pas cet objectif et les inégalités gé- nérées par la structure de l’enseignement à Bruxelles engendrent au contraire l’ostracisme et des frustrations criminogènes. L’affirmation de Victor Hugo « Ouvrir une école c’est fermer une prison » est plus que jamais d’actualité.

Il faut agir maintenant.

APED Bruxelles février 2011

Dossier de presse