Depuis avril 2008, un noyau d’une quinzaine de personnes, supporté par un groupe de réflexion et diverses séances d’audition a travaillé à un plan de réforme de l’enseignement secondaire, à la demande du ministre de l’enseignement Frank Vandenbroucke. La commission était présidée par Georges Monard, qui a été impliqué dans les réformes de l’enseignement durant vingt ans, d’abord au niveau fédéral, ensuite flamand et qui a été secrétaire général de l’administration de l’enseignement flamand durant quinze ans. Le 20 avril 2009 la proposition de la commission Monard a été publiée sous le titre « Qualité et chances pour chaque élève. Une vision sur la rénovation de l’enseignement secondaire »
Le Ministre Vandenbroucke exprime le souhait que cette note d’orientation soit l’objet d’un large débat dans et en dehors du monde de l’école.
La note d’orientation (85 pages) et ses annexes (également 85 pages) est disponible sous http://www.ond.vlaanderen.be/nieuws/2009/0424-visienota-SO-Monard.htm
Après des réflexions sur les évolutions de contenu et de structure elle comporte aussi une réflexion sur le métier d’enseignant, le pouvoir politique et l’autonomie de écoles.
Dans la suite nous nous limiterons à une première exploration d’un certain nombre de réflexions critiques de ce qui est appelé dans la proposition, la nouvelle « architecture » de l’enseignement secondaire.
Le 14 mai le président de la commission G. Monard a exposé les lignes de force de la note d’orientation, lors d’une journée d’étude organisée par « School+ ». Nous citerons certaines parties de son discours qui aident à comprendre la portée de la réforme proposée. Ensuite nous joindrons une synthèse des interventions de Patrick Weyn (VLOR), des représentants de StAM et du professeur Idès Nicaise lors de cette journée d’étude.
A. Une exploration
Différentes visions
A la lecture de la note d’orientation, on sent que différentes visions et angles d’attaque se croisent. Ainsi il y a une influence importante venant de la réflexion de « l’Accent sur le Talent », un groupe de travail qui a été constitué à l’initiative du ministre Vanderpoorten, avec une représentation importante du patronat (VOKA, Agoria, Unizo). Sous le ministre Vandenbroucke le travail s’est poursuivi par la publication de rapports. Certains de ces ballons d’essai sont fort proches de « l’Accent sur le Talent ».
Aussi bien dans « l’Accent sur le Talent » que dans le plan de Monard on retrouve beaucoup de recommandations de la Commission européenne sur le rôle de l’éducation et de l’enseignement dans le cadre de la « Stratégie de Lisbonne » (adopté durant le sommet de Lisbonne en mars 2000), qui veut faire de l’Europe « l’économie de la connaissance la plus dynamique et compétitive au monde ». D’autre part, dans le rapport Monard, la voix de ceux qui soulignent qu’il y a une trop d’inégalité sociale dans l’enseignement flamand, que l’écart entre les prestations est trop important, que l’enseignement est un facteur de reproduction des inégalités sociales, est relayée de manière répétitive. D’un point de vue progressiste, le rapport plaide pour un tronc commun plus long, afin de réduire la ségrégation et les inégalités sociales dans l’enseignement. Des considérations plus pragmatiques telles que la maitrise des dépenses jouent certainement aussi un rôle dans le choix des solutions proposées pour, par exemple le redoublement, l’abandon de scolarité et la sortie sans qualification ou la réduction du nombre d’orientations.
La mission de l’enseignement secondaire
D’après la commission l’enseignement secondaire flamand a un double objectif :
d’une part: « Orienter les jeunes dans un développement équilibré de leur personnalité, en leur inculquant des valeurs, leur permettre d’acquérir des compétences, des aptitudes et des attitudes qui les mettent en situation de participer à la collectivité de manière responsable, critique, autonome et créative. »;
d’autre part : « Inculquer aux jeunes les connaissances spécifiques, des compétences et des attitudes leur permettant de poursuivre des études supérieures avec succès et/ou d’accéder au marché de l’emploi avec des qualifications professionnelles utiles. ».
D’après Monard, la formation générale et personnelle doit encore être renforcée et celà dans toutes les orientations. Implicitement c’est reconnaitre que la formation générale de l’enseignement professionnel (BSO) laisse encore beaucoup à désirer. D’après le rapport, l’ensemble des compétences-clés définies par l’Union européenne constitue la référence pour la formation générale. Monard remarque que « l’Europe met toujours l’accent sur l’utilitaire et l’économie » mais que l’enseignement peut aussi être captivant et enrichissant pour la vie en général.
La commission est d’avis qu’il faut tenir compte des différences entre élèves. Pour chacun des élèves l’enseignement doit être un défi adapté à son niveau. Monard souligne bien que le niveau pour les plus doués ne peut pas rester sous cette exigence. Il illustre plus loin avec la parabole biblique du bon pasteur, comment aucun élève ne peut être laissé en difficulté.
Faire le bon choix
Le point de départ de la commission était en tout cas « Nous avons un bon enseignement secondaire.» L’accent est ainsi mis sur la solide transmission de connaissances, la large formation, l’obligation scolaire jusque 18 ans, les bons résultats dans les comparaisons internationales, la préparation aux études supérieures ou au marché de l’emploi, la motivation des enseignants… Mais les points faibles sont également reconnus, tels que l’écart des prestations entre niveaux, le ralentissement, la fatigue de l’école et, le plus important, la reproduction des inégalités sociales. Monard a admis que « C’est un fait que dans le passé l’enseignement a mieux fonctionné comme ascenseur social. »
La mission centrale de toute école secondaire flamande est, pour chaque jeune qui suit les cours, indépendamment de sa situation ou de ses antécédents, de développer ses talents au maximum pour réaliser ainsi les objectifs les plus élevés. Le concept central est ici « le développement des capacités de choix », « faire des choix responsables ». Il y a aujourd’hui trop d’échecs dus à de mauvais choix. Bien choisir n’est pas seulement un question d’âge, mais c’est aussi le fruit d’un processus conscient. La grande fracture entre les enseignements primaire et secondaire et les structures trop déterministe empêchent aujourd’hui un choix responsable. Monard plaide pour une transition plus progressive: dans l’enseignement primaire plus d’enseignants différents doivent donner cours, il faut travailler avec plus de « domaines d’enseignement » (plutôt qu’avec de petites branches indépendantes d’une heure) et le choix d’études doit être construit progressivement entre des orientations que l’on connait déjà. La différentiation, la médiation et la remédiation devront être inclues au système, incorporées structurellement dans les leçons.
Plus de formes d’enseignement, mais bien des domaines d’intérêt
La commission continue à opter pour deux fois six ans, avec une structure d’enseignement secondaire phasée en trois niveaux, sans « forme d’enseignement », mais bien avec de larges « domaines d’intérêt »
1) Santé, bien-être et société
2) Administration, commerce et économie
3) Nature, technique et science
4) Langues, art et culture
Dans le chapitre suivant, « la nouvelle architecture », nous présentons brièvement les changements concoctés, par degré, et nous les comparons aux horaires et programmes actuels.
Le diplôme d’enseignement secondaire
Aujourd’hui les élèves obtiennent un diplôme d’enseignement secondaire après une sixième année d’enseignement général (ASO), artistique (KSO) ou technique (TSO) et après une septième année d’enseignement professionnel (BSO).
Pour l’avenir la commission envisage deux possibilités:
Soit le maintien de la situation actuelle. Dans la filière D le diplôme est obtenu après accomplissement du 3ième degré. Celui qui termine son troisième degré avec une qualification de niveau 3 dans la filière A obtient un certificat. Il ou elle peut encore obtenir, via une année de spécialisation de niveau 4, un diplôme d’enseignement secondaire et ainsi accéder aux études de bachelier dans l’enseignement supérieur.
L’alternative est d’accorder le diplôme d’enseignement secondaire aux élèves des filières A et D qui terminent leur troisième degré avec succès. Les élèves qui obtiennent un diplôme par la filière A3 devraient ensuite suivre une formation de transition pour réaliser le rattrapage des matières de formation générale pour entreprendre l’école ou l’université.
J’ai mal choisi, puis-je encore changer ?
La commission part du principe que les élèves qui commencent le deuxième degré en choisissant leurs cours à option, entament un cursus de 4 ans. Elle veut limiter le « louvoiements » des élèves. Il faut pourtant prévoir un troisième degré pour les « réorientés », avec un programme passerelle ou de rattrapage, en partie avec les heures prévues pour les branches optionnelles des 2ième et 3ième degrés. Ce programme passerelle ou de rattrapage évite que des élèves qui ont fait le mauvais choix dans le 2ième degré n’aient d’autre choix que de poursuivre dans la même orientation inadaptée ou de perdre une année complète avant de pouvoir prendre une autre voie.
La fin des échecs en cascade ?
La commission est convaincue que « faire le bon choix » est le remède miracle pour endiguer les échecs en cascade. A notre avis, l’explication de la manière dont cet effet de cascade sera contré fait défaut. Au travers d’exemples la commission présente les diverses possibilités dans un centre d’intérêt particulier. Pourtant il manque encore l’exercice de réflexion, tel qu’il a été mené pour l’option latine par exemple, sur des pistes possibles, si l’élève a quand même fait le mauvais choix. En outre, dans les différents domaines d’intérêt, la ségrégation sociale des formes d’enseignement actuelles reste très visible: est-ce que, dans un même domaine d’intérêt, « mathématiques » et « architecture et bois » ou « latin » et « design » ou « économie » et « technologies alimentaires » jouiront d’une même appréciation ?
La commission prévoit également que dès le deuxième degré un niveau de maitrise complémentaire soit introduit dans la formation de base pour les mathématiques, les sciences, et les langues modernes, comme moyen de différentiation pour les élèves « capables de relever un tel défi ». Il conviendra de clarifier, via les plans d’apprentissage, quelle approche doit vraiment être utilisée.
Un tronc commun jusque 14 ou 16 ans ?
La commission a très bien pris connaissance des différents rapports PISA de l’OCDE (« qui n’est quand même pas considérée comme un club de gauche » dixit Monard) dans lesquels notre pays est montré du doigt pour sa politique déficiente en matière d’amélioration de l’égalité sociale à l’école.
La commission a aussi pris note des mesures efficaces pour luter contre cette inégalité sociale, qui ont largement prouvé leur efficacité dans d’autres pays: « Nous devons avoir l’ambition de réduire cette fracture et de maintenir ou d’améliorer le niveau des meilleurs élèves. Des pays comme la Finlande ou le Canada montrent que c’est possible, même avec des écoles et des classes plus hétérogènes » (note d’orientation page 17)
« Les comparaisons internationales démontrent qu’il y a moins d’inégalités sociales dans les résultats scolaires dans les pays où l’orientation scolaire est plus tardive, là où il n’existe qu’une école « intégrée » pour les enfant jusqu’environ 14-15 ans, tandis que les résultats moyens des élèves de ces pays ne sont pas, ou pas significativement inférieurs aux nôtres. Les exemples sont les pays tels que la Finlande ou le Canada. Évidemment, dans ces pays il y a aussi moins de doubleurs. » (Note d’orientation page 38) « En tirer des conclusions politiques pour nous-mêmes est cependant un exercice difficile… ».
On constate que les pays avec un système de tronc commun diffèrent encore de la Flandre par beaucoup d’autres points cruciaux. « Les écoles se ressemblent par exemple très fort » affirme la commission. « C’est moins le cas en Flandre. Chez nous les parents choisissent souvent d’abord une école en fonction de sa propre nature, tradition ou culture. En Flandre le premier degré est le plus souvent couplé à une école assurant la suite de la formation, de ce fait le premier degré d’une école industrielle diffère de celui d’un athénée ou d’un collège. » Ici on se réfère à mots couverts à deux spécificités de l’enseignement dans notre pays: les réseaux concurrents et la liberté absolue de choix d’école. En combinaison avec la spécialisation précoce en orientations d’études hiérarchisées elles mènent à la grande ségrégation sociale de notre enseignement.
B. La nouvelle architecture
Premier degré
Aujourd’hui nous connaissons dans le premier degré une « filière A » avec une 1ère et une 2ième année A et une « filière B » avec une 1ière année B et une deuxième année de préparation professionnelle. En principe les formes d’enseignement n’existent qu’à partir du deuxième degré; en pratique le premier degré dirige souvent déjà sur les orientations d’études du deuxième degré et souvent les élèves choisissent le premier degré parce qu’il se rattache aux orientations des 2ième et 3ième degrés de la même école.
Dans la réforme proposée le premier degré se voit attribué un caractère exclusivement d’orientation et est dénommé « programme d’orientation ». Les élèves doivent pouvoir faire connaissance avec les quatre domaines d’intérêt différents. Parallèlement à ce « programme d’orientation » la filière B actuelle continue d’exister, mais sous un autre nom: « programme de connexion »
Première année du programme d’orientation:
Aujourd’hui la formation de base comporte 27 heures: géographie, formation artistique, histoire, formation corporelle, français, anglais, sciences naturelles, néerlandais, formation technologique, mathématiques, cours philosophique. Dans la nouvelle proposition : la même formation de base de 26 heures avec néerlandais, français, anglais; mathématiques, sciences et technique; art et culture; histoire et géographie; formation corporelle; un cours philosophique.
Dans les 5 heures qui restent dans la structure actuelle des cours sont organisés (par exemple le latin) qui déterminent la spécificité et souvent la hiérarchie des 28 orientations d’études actuelles. Dans la nouvelle structure 4 heures seront aménagées dans les différents domaines d’intérêt. Pour cela il existe différents modèles: chaque domaine 2 heures par semaine durant toute l’année, ou 4 heures par semaine durant ¼ de l’année pour un domaine d’intérêt ou travailler par semaines thématiques qui interrompent la formation de base.
En outre les élèves pourront encore choisir librement 2 heures d’activités optionnelles à choisir dans la palette des choix offerts par l’école. Ces 2 heures pourraient également être consacrées à de la remédiation.
Deuxième année du programme d’orientation:
Une même formation de base de 26 heures (actuellement ce sont 24 heures, relativement variables selon les réseaux)
− 4 heures venant de deux des quatre domaines d’intérêt
− 2 heures d’activités choisies
En dépit de leur de leur spécialisation au deuxième degré, on attend des écoles qu’elles offrent les quatre domaines d’intérêt au premier degré, éventuellement en collaboration avec d’autre écoles. La commission recommande que chaque école offre elle-même au moins deux domaines d’intérêt (et de préférence trois) « sinon on reste dans un modèle de premier degré qui reste catégoriel et offre peu de choix, alors que nous voulons évoluer vers un modèle plus large.
Le programme de connexion
Le premier degré B subsiste pour les élèves qui n’ont pas obtenu leur diplôme d’études de base ou qui ont connu un retard scolaire trop important. Ce degré B doit être vu comme un « programme de connexion »: la connexion entre l’école de base et le début de l’enseignement orienté vers le marché du travail (ou le passage vers un cycle supérieur). L’objectif principal devient le renforcement de l’alphabétisation et des capacités de calcul afin d’offrir aux élèves concernés de meilleures chances d’achever leurs études secondaires.
Concrètement ça signifie:
– 18 heures de formation de base
• avec au moins 6 heures de langue et de calcul, dont 2 heures consacrées à de la remédiation individuelle (langue ou calcul sur mesure);
• étude du milieu et français, pour atteindre au moins le niveau correspondant à la fin de l’école de base;
• 3 heures de formation corporelle au lieu de 2, pour consacrer plus d’attention au mouvement et à une alimentation saine dans tous ses aspects.
− 18 heures de cours à option: une première reconnaissance des différents domaines d’intérêt et de leur orientation scolaire. Elles ne seront pas déterminantes pour le choix d’études dans le deuxième degré. En deuxième année ces heures seront utilisées pour permettre aux élèves de faire connaissance avec les différentes orientations de qualification qui sont disponibles dans le second degré de l’école et de la communauté éducative. La commission suggère de travailler par paires: agronomie et biologie, mécanique et électricité, alimentation et soins, bois et construction, bureau et vente, mode et textile, soins de beauté, … En première année l’élève choisit deux paires de domaines d’intérêt (chacun six heures de cours), en deuxième année plus qu’une seule paire.
Ces 12 heures de cours ne sont pas uniquement orientées vers la pratique et le développement des aptitudes. Via ces cours et activités dans ces domaines d’intérêt les élèves acquièrent aussi des compétences en matière de langue et de calcul.
− 2 heures d’activités choisies (partiellement les mêmes choix que dans le programme d’orientation).
Pour stimuler la cohérence sociale la commission recommande que les écoles avec premier degré aient à la fois un programme d’orientation et de connexion, afin que les élèves des deux programmes suivent ensemble les branches choisies, lorsque c’est possible. Les écoles qui proposent les deux programmes devraient bénéficier d’encouragements. De toute manière, dans chaque communauté éducative au moins un programme de connexion devrait être proposé et tout collège unique, qui se profile comme autonome, devrait disposer d’un programme de connexion.
Deuxième degré
Dans la situation actuelle le deuxième degré est éclaté en enseignement général, technique, professionnel et artistique. (ASO, TSO, BSO, KSO). Il existe une partie commune par type d’enseignement. La partie optionnelle est plus importante en technique, en artistique et en professionnel qu’en enseignement général. Les élèves peuvent, dès le deuxième degré, choisir entre un grand nombre d’orientations scolaires, réparties en 28 domaines d’études. Quatre domaines d’études attirent ensemble plus des trois quarts des élèves: secondaire général (38,6%), soins aux personnes (15,3%) commerce (12,7%) et mécanique-électricité (10,5).
La commission part du principe qu’à 14 ans un élève est capable de faire un choix réfléchi mais ne veut pas encore les obliger à choisir définitivement entre une orientation de transition (D) ou de qualification (A). Au deuxième degré on prévoira donc en plus des orientations « D » et « A » une orientation « DA ». Le total des orientations scolaires devrait toutefois être fortement réduit.
Filières D et DA
− 20 à 22 heures de formation de base (poursuite des branches du premier degré)
− 8 à 10 heures de branches optionnelles dans 1 ou 2 domaines d’intérêt
− 2 à 6 heures à choisir librement par les élèves dans la palette de choix, pour les trajets passerelle ou de rattrapage ou pour l’approfondissement de branches ou la remédiation.
La commission a fait une simulation pour un certain nombre d’options possibles dans différents domaines d’intérêt. Certaines de ces options peuvent prendre 4 à 5 heures (l’élève en choisit deux), d’autres 8 à 10 heures (l’élève en choisit une). Le nombre d’heures de cours minimum est de 32, le maximum de 36. Souvent ce sera plutôt 32 heures.
Santé, bienêtre et société
Sciences humaines (4 h)
Soin aux personnes (4 h)
Sport (4 h)
Bioesthétique (4 h)
Administration, commerce et économie
Économie/commerce (4 h)
Technologies de l’alimentation (4 h)
Hôtellerie (4 h)
Nature, technique et sciences
Mathématiques (4h)
Sciences naturelles (4 h)
Technologies industrielles (avec les composants électromécanique, électronique, électricité (4 ou 8 h)
Communication graphique (4 h)
Sciences biotechniques (4h)
Langues, arts et culture
Langues modernes (Français+anglais+allemand (4 h)
Latin (4 h)
Grec (4 h)
Art et culture (soit arts du spectacle 4 h, soit arts graphiques 4 h)
Filière A
La commission veut renforcer la formation de base du deuxième degré dans l’orientation de qualification professionnelle par rapport au secondaire professionnel (BSO) actuel. Pourtant elle sera moins étendue et moins approfondie que pour les élèves de la filière D. La formation de base devient fonctionnelle conçue et convenue avec les enseignants des branches professionnelles. En culture générale, le néerlandais doit contribuer en tant que « branche de service » aux objectifs des autre branches.
Les écoles peuvent organiser 32 à 36 heures de cours par semaine, réparties de la manière suivante:
− 14 heures de formation de base (compétences de calcul et de langue en culture générale une langue moderne étrangère, formation corporelle, étude du milieu, un cours philosophique.
− 16 à 18 heures de cours à option dans un domaine d’études.
− 2 à 4 heures à choisir librement par l’élève dans la palette des choix (ou en partie remédiation ou approfondissement).
Troisième degré
Dans la situation actuelle le troisième degré est la poursuite du deuxième degré. Des orientations supplémentaires sont encore ajoutées. Les élèves de professionnelle peuvent faire une 3ième année de spécialisation professionnelle et ainsi obtenir un diplôme d’enseignement secondaire.
Dans la proposition Monard l’élève choisit une orientation d’études de la filière D dans le troisième degré (qui prépare aux études supérieures) ou dans la filière A (qui prépare au marché du travail). Dans la filière A des orientations à deux niveaux sont prévues: A3 et A4. Elles mènent à une qualification dans la structure de qualification flamande (VKS) respectivement de niveau 3 et 4.
La filière D
La répartition des branches dans le troisième degré de la filière D est proposée comme suit:
− 18 à 20 heures de formation de base
− 10 heures de cours à option dans un ou deux domaines d’intérêt
− 2 à 4 heures à choisir librement par l’élève dans une palette de choix.
Comme lien supplémentaire avec la transition vers l’enseignement supérieur, une épreuve finale est prévue, qui doit comporter une synthèse de l’ensemble de la formation, et explicitement poser le rapport entre les différentes branches (autrement dit, les compétences de recherche deviennent obligatoires pour achever le cursus).
Le tableau ci-dessous illustre la manière dont pourraient se présenter les options dans le troisième degré.
Santé, bien-être et société
Sciences humaines (5 h)
Sport (5 h)
Bioesthétique (5 h)
Média et communication (5 h)
Création et mode (5 h)
Sport de haut niveau (10 h)
Soins de santé et sociaux (10 h)
Administration, commerce, économie
Économie (5 h)
Technologies de l’alimentation (5 h)
Comptabilité (5 h)
Informatique et multimédia (5 h)
Commerce (5 h)
Hôtellerie (10 h)
Nature, technique et sciences
Mathématiques (5 h)
Sciences naturelles (5 h)
Sciences biotechniques (5 h)
Sciences industrielles (5 h)
Architecture et bois ( 10 h)
Électricité et électronique (10 h)
Communication graphique (10 h)
Arts langues et culture
Langues modernes (Français + anglais + Allemand) (5 h)
Latin (5 h)
Grec (5 h)
Formation architecturale (5 h)
Formation audiovisuelle (5 h)
Design (5 h)
Ballet/ ballet moderne/ musique/ danse (10 h par option)
Dans le cas où des élèves choisissent deux options dans le 3ième degré diverses formules peuvent être prévues: 2 options équivalentes de 5 heures, ou une logique majeure-mineure (6+4 ou 7+3)
Filière A
Pour la filière A3 les écoles devraient organiser 32 ou 36 heures de cours par semaine, réparties comme suit:
− 14 heures de formation de base
− 16 à 18 heures de cours à option dans le domaine d’études
− 2 à 4 heures à choisir par les élèves dans la palette de choix (ou en partie remédiation ou approfondissement).
Pour la filière A4 il est prévu:
− 14 à 16 heures de formation de base
− 14 à 16 heures de cours dans un domaine d’intérêt
− 2 à 4 heures de cours à choisir librement par l’élève dans la palette de choix
Le poids relatif de la formation générale et des compétences professionnelles acquises dépendra du type de qualification(s) à développer.
Dans le 3ième degré, la partie optionnelle est consacrée à la formation professionnelle de l’élève et comprend au moins un profil de compétences de métier, mais éventuellement plusieurs. Idéalement la formation de qualification est une pratique intégrée (avec une partie de formation sur le terrain ou de stage), en théorie culminant avec une épreuve intégrée.
C. Les positions de VLOR, StAM et du professeur Nicaise
Lors de l’après-midi d’étude de « School + » le 14 mai à Louvain différents acteurs de l’enseignement ont communiqué leurs réflexions sur la proposition de la commission Monard.
Le modèle 3 x 4
Parallèlement au groupe de travail Monard, une réflexion est en cours au sein du conseil flamand de l’enseignement (VLOR), pour le développement d’un large premier degré flexible. Lors de la journée d’étude du 14 mai 2009 le président Patrick Weyn a présenté les résultats de cette commission du VLOR.
Au sein du VLOR on opte pour un large premier degré avec plus ou moins les mêmes objectifs que ceux du plan Monard: les intérêts, talents et capacités des jeunes, leur formation générale et personnelle avec une attention particulière pour les compétences de base. Les objectifs minimums doivent être atteints par le plus d’élèves possibles. Pour cette commission, le processus de choix a aussi une position charnière: dans une ambiance d’étude positive les capacités de choix doivent être développées avec le support nécessaire et les talents découverts. Lorsque la commission Monard parle de « belangstellingsgebieden », la VLOR utilise le vocable « interesse-gebieden » qui tous deux peuvent se traduire en « domaines d’intérêt ». 9 de ces domaines d’intérêt sont ici proposés allant de « artistique-créatif » à « mathématique-scientifique » qui ne doivent pas être proposés en parallèle. La séparation entre filières A et B reste maintenue.
Patrick Weyn regrette que la proposition d’une nouvelle structure de 4 ans d’école primaire, 4 ans d’école moyenne et 4 ans d’école secondaire n’ait pas été retenue par la commission Monard (NDLR : pas plus qu’elle ne fut finalement retenue par la VLOR qui en avait pourtant longtemps fait une hypothèse de travail), parce que c’est un moyen de réduire les problèmes de passerelle du primaire au secondaire. Une partie des projets expérimentaux qui concernent la suppression des murs entre secondaire général (ASO) technique (TSO) et professionnel (BSO) testent cette approche avec succès.
Une vraie école moyenne
Dans l’enseignement libre des écoles moyennes se sont associées depuis 1984 dans le le « groupe d’étude pour une école moyenne authentique » (St.A.M.). Elles sont déjà plus de 70. Le président Ludo de Caluwé et le vice-président Walter Van Dam ont débattu à Louvain avec Georges Monard et expliqué comment ils essaient de réaliser une formation de base commune dans le cadre du St.A.M.
La charte des écoles moyennes (www.stam-vlaanderen.be) définit quatre objectifs en matière de structure, de plan de travail scolaire et de pratique scolaire quotidienne:
1. offrir un accueil dans la même école à « tous » ceux qui quittent l’enseignement fondamental
2. garantir une large formation générale pour tous les élèves
3. offrir des possibilités de délai pour le choix des études et rendre possible une orientation progressive et positive
4. accompagner tous les élèves dans l’apprendre à apprendre, l’apprendre à vivre et l’apprendre à choisir.
Selon la commission du VLOR la combinaison d’écoles du premier degré opérant de manière autonome d’une part, et d’autre part d’écoles qui offrent des orientations scolaires aux 2ième et 3ième degrés, dans différents domaines d’intérêt avec des finalités tant de transition que de qualification constituent une plus-value. Cette combinaison offre en principe toujours les meilleures de garanties d’un choix d’études objectif et d’une mixité socioculturelle des élèves. Toutefois la commission estime qu’il ne serait pas sensé d’imposer ce modèle pour l’organisation de toutes les écoles secondaires de Flandre: les situations sur le terrain sont très variables; les implications d’infrastructure et d’organisation seraient considérables et quasiment impraticables. Ça durerait plusieurs dizaines d’années pour que le paysage de l’enseignement soit ainsi modifié. On réfléchit plutôt à des incitants financiers qui aideraient des (groupes d’)écoles à évoluer vers de larges écoles ou départements de premier degré et de grandes écoles multi-sectorielles pour les 2ième et 3ième degrés.
Ides Nicaise: « Une chance pour un enseignement intégré »
Le professeur Ides Nicaise affirme que nous nous trouvons à un moment charnière dans le paysage de l’enseignement. Il existe une grande chance de pouvoir réformer l’enseignement secondaire vers une plus grande égalité. Il pense que la commission fait un pas dans la bonne direction.
Un enseignement intégré ne peut se résumer à un enseignement secondaire général (ASO). Il a par contre pour but d’offrir une large formation avec des compétences plus solides et plus vastes à tous les jeunes, par un équilibre entre aptitudes théoriques générales et abstraction, entre des compétences techniques, musicales et pratiques. Il est flexible par l’offre d’une palette de choix mais néanmoins ouvert: la véritable orientation est déplacée au delà de la formation générale de base. Une condition importante pour un enseignement intégré est qu’il soit entamé et préparé dès l’école fondamentale.
Les réformes proposées sont, dans chaque cas, un pas vers un premier degré intégré, bien que le raccordement avec l’école fondamentale ne soit pas prévu et qu’on continue à opter pour le maintien de la filière B. Tant que l’enseignement fondamental n’aura pas été réformé on ne pourra d’ailleurs pas se passer de la filière B, d’après Ides Nicaise.
Un système intégré, pour plus d’égalité de chances ne se développera-t-il pas au prix des performances du groupe de tête ? Alors que dans les années 1970 , au début de l’enseignement rénové, cette question nourrissait encore un débat idéologique, il existe aujourd’hui beaucoup de recherches dont on peut tirer les leçons nécessaires.
De nombreuses études scientifiques (Voir www.school-école-plus.be, I. Nicaise « Enseignement intégré et égalité de chances: les leçons de la recherche »), sur base de différentes données et d’outils statistiques convergents, prouvent le lien direct entre l’inégalité sociale et la durée limitée du tronc commun. Plus l’enseignement est intégré, moins il y a d’inégalité à tous les niveaux: pour la qualification finale, pour le niveau d’enseignement atteint, pour la transition vers l’enseignement supérieur et pour les revenus après l’entrée sur le marché de l’emploi. Un enseignement intégré signifie encore moins un nivèlement par le bas, bien au contraire. Les avantages contrebalancent les louvoiements et l’effet d’échecs en cascade. Les 5% des plus doués ne sont en aucun cas retardés.
Dans la littérature internationale il existe un large consensus sur l’influence positive d’un enseignement intégré sur la lute contre l’inégalité sociale.
D. L’APED en débat avec Georges Monard
Près de 40 ans après le début de l’enseignement secondaire rénové nous sommes incontestablement face à un changement important du paysage de l’enseignement flamand si les recommandations de la commission Monard continuent à être entendues par le nouveau gouvernement flamand. La note d’orientation est dans tous les cas une base exceptionnelle pour nourrir les discussions concernant une réforme indispensable. La lecture de ce rapport a déjà récolté chez nous un certain nombre de remarques et de questions. Lors des prochaines « Six heures pour une école démocratique » (17 octobre), Georges Monard viendra aussi commenter sa note d’orientation et débattra avec Jan Van Damme (professeur de pédagogie à la KUL), Ludo De Caluwé (Président de StAM), Chico Detrez (ACOD-Onderwijs), Romy Aerts (Aped) et la salle.
Changer l’école pour changer le monde
Nous rappelons par ailleurs dans le présent numéro le contenu que l’APED donne à la mission de l’enseignement: parallèlement à la mise à disposition des instruments qui mettent le futur citoyen en état de comprendre le monde et de trouver sa place dans la société, aussi transmettre les connaissances qui le mettent en état de réfléchir à cette société, d’en porter un jugement, de la critiquer et, si nécessaire, de la changer. Les connaissances nécessaires pour comprendre le monde globalisé d’aujourd’hui, avec ses divers rapports de force complexes, sont devenues énormes. Ni le futur haut fonctionnaire ou la secrétaire, ni le futur travailleur du rail ou la femme d’ouvrage ne peut quitter l’enseignement obligatoire sans disposer d’une solide connaissance en économie, technologie, géographie, histoire et sciences ou sans avoir étudié les diversités culturelles et les diverses formes d’expression artistique. En bref: une formation générale et polytechnique pour tous, qui va plus loin qu’un fonctionnement purement utilitaire dans la société d’aujourd’hui.
Une émancipation collective et individuelle
Le contenu de la « formation de base » est en discussion permanente dans les milieux éducatifs. Ce qui est en outre positif, c’est la plus grande attention accordée à la place de la technique et de la technologie, une discipline qui « n’est jamais devenue adulte » dans la structure actuelle. L’éducation culturelle et artistique semble aussi être restée fortement déficitaire et est poussée en avant dans la proposition. Avec la crise financière des voix s’élèvent aussi pour donner aux jeunes une meilleure conscience de l’économie. Il reste à savoir si ces propositions sont inspirées par des préoccupations d’émancipation ou plutôt par la mise à disposition économico-utilitaire complète du futur citoyen dans une société qui connait un développement technologique sans précédent. Par exemple, est-ce que les leçons d’économie servent à être au courant des « opportunités » dans le monde des placements financiers ou à apprendre à démêler les causes profondes des crises économiques répétitives ? Le ministre Vandenbroucke se fait une gloire de ce que l’enseignement flamand accomplit un rôle de pionnier en Europe avec l’intégration de compétences transversales. Les compétences-clé recommandées par l’Union européenne pour le développement personnel, la citoyenneté active, la cohésion sociale et l’employabilité s’y retrouvent fondamentalement. Comprendre le monde pour tourner avec… ou aussi pour le changer ?
Une formation générale et polytechnique dans une école large
La commission affirme que notre enseignement est trop peu orienté vers la créativité et l’application de la connaissance. L’école n’est en effet pas à côté de la société mais en est une partie intégrante. Le processus d’apprentissage doit être en relation directe avec la réalité sociale. Des visites et des stages en entreprises, services et organisations servent en réalité uniquement à apprendre à connaitre et à expérimenter les relations entre les personnes et les professions dans la collectivité industrielle, pas à l’une ou l’autre formation préparatoire à la profession. Les spécialisations sur le plan des langues, des sciences, des sciences humaines, de la technologie et des techniques ne sont à notre sens possibles qu’après une formation générale de base. Ceci n’est certainement pas le point de vue des organisations patronales, qui veulent plus faire concorder l’enseignement (professionnel) avec leurs exigences.
Pour aiguillonner l’esprit d’entreprise des jeunes de 5 à 25 ans, une organisation telle que les Jeunes Entreprises Flamandes (VLAJO) a été active durant l’année scolaire passée dans un nombre record de 2017 mini-entreprises dans l’enseignement flamand, auxquelles quelque 25.000 étudiants ont effectivement collaboré. Le VLAJO a développé un plan d’action pour porter le nombre d’étudiants participant effectivement à une mini-entreprise de 25.000 à 100.000 d’ici 2013. “Si nous voulons continuer à avoir des effets sociaux réels, le nombre d’étudiants touchés doit encore être fortement augmenté.” dixit Peter Coenen, directeur du VLAJO.
Chances égales, résultats égaux
Monard a dit durant la conférence que “Le berceau où vous êtes né a une influence beaucoup trop grande sur votre parcours scolaire”. La commission et le ministre Vandenbroucke accordent beaucoup d’importance à la capacité de choix des élèves.
Selon nous le point délicat est la question de qui déterminera ce que l’enfant choisira. Dans le cas où l’enfant ne choisit pas sous l’influence de sa provenance sociale, qui dans la plupart des cas est à la base du choix d’école et du choix de l’orientation d’études, sous quelle influence l’enfant choisira-t-il bien ? Et que veut-on dire par “des talents qui doivent être découverts dès l’école fondamentale” ?
La commission affirme d’abord que les écoles doivent tendre vers un premier degré commun, pour promouvoir la cohésion sociale: donc ce n’est pas en collaboration avec d’autres écoles qu’elles doivent offrir les quatre domaines d’intérêt, en dépit des spécialisation au deuxième degré; il est aussi conseillé d’offrir tant un degré d’orientation qu’un degré de connexion, avec des cours à option communs.
Bien que la commission soit d’avis que les quatre domaines d’intérêt doivent être offerts dans le premier degré, et qu’un enfant doit pouvoir choisir indépendamment dans ce qui sera proposé au deuxième degré de l’école concernée, Monard indique que c’est une illusion de croire que d’autres structures peuvent être imposées. Nous nous trouvons face à une organisation et une infrastructure existante. Les départements secondaires généraux des collèges et athénées s’appèleront-ils écoles “D” à l’avenir, les écoles techniques et professionnelles deviendront-elles les écoles “A” de demain ?
L’offre au deuxième degré ne sera-t-il pas déterminant pour le choix du domaine d’intérêt ? Et, s’il faut choisir après la première année deux des quatre domaines d’intérêt, le choix n’est -il pas encore plus précoce que dans la situation actuelle ?
Les recherches scientifiques ont montré qu’il existe un ordre hiérarchique (d’ordinaire déterminé socialement), entre les formes d’enseignement (général (ASO) par rapport au technique (TSO) et au professionnel (BSO) et dans chaque forme d’enseignement (par exemple si pas latin, sciences fortes, …). Officiellement il n’y a pas de différence entre les quatre domaines d’intérêt décrits plus haut. Pourtant une scission du domaine d’intérêt sera prévue dès le deuxième degré entre une orientation « D » ou « A », avec en plus une possibilité d’orientation « DA ». Les trajets passerelle permettront-ils effectivement aux élèves de passer d’une orientation « D » vers une orientation « A » ? Ou la tentation ne sera-t-elle pas forte de faire basculer l’élève de la filière « D » vers la filière « DA » et de le laisser ensuite terminer en filière « A » ?
Les possibilités de choix au sein d’un domaine d’intérêt continuent à refléter la stratification actuelle. La manière dont la commission espère se débarrasser de la perception sociale liée aux différentes orientations possibles n’est pas claire. Un simple changement de nom nous parait peu efficace.
L’APED est d’avis que ce n’est qu’en assurant à tous une même formation de base jusque 16 ans, qu’il sera possible de créer une vraie base pour l’égalité de chances et de résultats de chaque jeune.
Commencer par le commencement: l’école fondamentale
Dans les circonstances actuelles la plupart des enseignants considèrent comme peu opportun de développer un premier degré de secondaire général avec une filière « B » intégrée. Le professeur Nicaise met le doigt sur la plaie: tant qu’il n’y aura pas une autre approche de l’enseignement fondamental on ne pourra pas se passer de la filière « B ».
Dans la vision de la commission, la filière « B » devient un programme passerelle, principalement vers une formation orientée vers le marché du travail, avec une formation générale renforcée et accent mis sur les compétences fonctionnelles, linguistiques et de calcul.
Dès les premières années de l’école fondamentale, des mesures telles que de petites classes et une remédiation rapide sont nécessaires pour éviter les décrochages.
En attendant nous avons gagné un « programme passerelle » renforcé.
Le libre choix sacré
Selon la commission, les pays qui ont un système scolaire intégré diffèrent trop de la situation en Flandre. Et, d’après Monard, il ne faut pas changer des choses qui sont intégrées, si vous n’êtes pas convaincu que ce sera un pas en avant. En outre, si vous ne trouvez pas de base de pour soutenir la réforme, ça devient une horreur. « La situation en Flandre », « les choses qui sont intégrées », « pas de large base de soutien »… L’APED est d’avis qu’un changement de structure seul ne peut apporter une solution au problème de l’inégalité sociale. Si nous voulons réaliser une vraie mixité sociale et nous débarrasser des « écoles ghettos », alors nous devons avoir le courage politique de nous défaire de ce droit sacré constitutionnellement au libre choix scolaire absolu, et d’affecter une école à chaque élève dès sa première année scolaire.
Face à un système d’enseignement comme le nôtre, fondé sur la liberté absolue de l’offre et de la demande et le dogme de la concurrence, L’APED a proposé fin 2006 son programme en 10 points. Si nous voulons vraiment réduire la fracture dans l’enseignement, si nous voulons vraiment donner à chaque jeune la possibilité de tisser les connaissances et les aptitudes nécessaires pour comprendre le monde et le rendre plus juste, nous devons bien bousculer quelques résidus historiques de l’enseignement belge. Les lignes de force de nos propositions nous paraissent indispensables et sont indissociablement interconnectées.
Romy Aerts
Traduction vers le français, nouvelle orthographe: Jean-Pierre Wauters