Je veux une bonne école pour mon enfant

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Le « décret mixité » est sans doute enterré, mais le problème du marché scolaire belge demeure entier. Nico Hirtt vient d’y consacrer un nouveau livre qui sort en librairie en ce mois de mai 2009.

Nico Hirtt, « Je veux une bonne école pour mon enfant – Pourquoi il est urgent d’en finir avec le marché scolaire », Editions Aden, 2009, 127 pages, 14 euros. ISBN 9-782805-900181

Préface de Marc Demeuse, directeur de l’Institut d’Administration scolaire de l’Université de Mons-Hainaut

Résumé :

L’absence de régulation des inscriptions engendre deux problèmes graves pour l’école. D’abord, pour les parents, l’obligation de démarcher auprès des écoles avec le risque de buter sur des portes closes. Ensuite, le libéralisme en la matière crée une tendance à voir les enfants se regrouper selon les affinités socio-culturelles de leurs parents. Ce qui ne
serait pas grave en soi si cela ne contribuait grandement à creuser le fossé de l’inégalité sociale dans l’enseignement.

Ce petit opuscule démontre qu’il existe des solutions qui vont dans le sens de ce que veut chaque parent: avoir la certitude que son enfant trouvera une place dans une école de qualité et facile d’accès.

Extrait :

Si quelqu’un devait un jour écrire l’histoire de l’enseignement francophone belge, il évoquerait vraisemblablement les années 2007, 2008 et 2009 comme étant celles du «grand débat» sur les inscriptions d’élèves dans l’enseignement secondaire.

Le grand débat ? Quelqu’un a-t-il eu vent d’un débat ?

Certes, nous avons observé (et applaudi) une ministre Arena tentant de briser quelques tabous. Nous avons vécu l’indignation médiatisée suscitée par les files d’inscription liées à son décret. Nous avons vu comment, sous la pression des opposants à ce décret, le président du PS obligea Marie Arena à rendre son tablier. Nous avons été les témoins de la bonne idée de son successeur, Christian Dupont, qui osa supprimer le principe du «premier arrivé, premier servi». Nous avons entendu le quolibet de «décret Lotto» par lequel fut accueillie l’idée de recourir au tirage au sort pour départager les ultimes candidats. Nous avons vécu le chaos orchestré par les inscriptions multiples. Nous avons lu et relu le récit des enfants sans école.

Tout cela, nous l’avons vécu à la télévision et à la radio, aux informations, dans les «cartes blanches» et les courriers des quotidiens, sur les «blogs» privés et les forums d’associations. Des parents s’y sont insurgés contre l’inqualifiable prétention ministérielle de leur refuser le droit de choisir librement l’école de leur enfant. Les ministres, eux, ont expliqué longuement en quoi leurs décrets ne touchaient justement en aucune façon à la liberté des parents et au libre marché des écoles.

Quant au vrai débat, nul ne l’a mené. La question fondamentale fut soigneusement esquivée : faut-il que les parents choisissent l’école de leur enfant ? Cette liberté individuelle est-elle conciliable avec le droit collectif à un enseignement de qualité ? Les dirigeants des associations opposées aux décrets ont toujours évité cette question trop directe. Ils savaient bien qu’une telle discussion aurait dévoilé la nature idéologique et égoïste de leur combat. Les ministres l’ont évitée tout aussi soigneusement. Ils craignaient comme la peste de passer pour des liberticides, dans ce royaume de Belgique où la liberté d’enseignement figure, au même titre que celle de frauder le fisc, au premier rang des tabous communs à tous les bourgeois, petits et grands. Alors, à moins d’avoir une conception suicidaire de sa carrière politique, on ne s’attaque pas de front aux faiseurs d’opinion.

Ce petit livre, veut ouvrir le débat qui fit défaut.

J’entends démontrer que le libéralisme actuel en matière d’inscriptions scolaires engendre beaucoup plus de problèmes qu’il n’apporte d’avantages. D’abord, pour les parents, il implique l’obligation de démarcher auprès des établissements scolaires avec le risque évident de buter sur des portes fermées pour cause de sureffectifs. Pour les élèves, il contribue à produire des trajectoires scolaires chaotiques, des déplacements quotidiens irrationnels et excessifs, des ruptures psychologiques inutiles. Mais surtout, il engendre une tendance à voir les enfants se regrouper selon les affinités socio-culturelles de leurs parents, ce qui ne serait pas grave en soi, si cela ne contribuait grandement à creuser le fossé de l’inégalité sociale dans l’enseignement. La totale liberté de choix est ainsi l’une des causes majeures du caractère particulièrement inéquitable de l’enseignement belge.

Je souhaite également montrer aux parents honnêtes, mais dont les peurs ont été si adroitement exploitées, qu’il existe à nos problèmes scolaires des solutions qui, loin de diminuer leurs droits, vont au contraire dans le sens de ce que veut chaque parent : avoir la certitude que son enfant trouvera une place dans une école de qualité et facile d’accès.

Les positions exprimées ici ne prétendent pas être neutres. Elles sont le reflet d’une conception engagée de ce qu’est une école juste, démocratique, productrice de citoyenneté critique. Mais ces opinions seront soutenues par de solides arguments scientifiques que le lecteur se doit de connaître.

Afin qu’il puisse, enfin, y avoir vraiment un débat.

Livre à commander aux éditions Aden