Le travail pédagogique désigne les méthodes et les pratiques destinées à transmettre un savoir ; le savoir étant à prendre au sens large (connaissances, savoir-faire, attitudes..). Dans le cas de l’information jeunesse, le savoir est identifié à l’information.
Ceci étant posé, le terme « transmettre », comme nous allons l’expliquer, est pour le coup particulièrement inapproprié.
En effet, le travail d’information jeunesse suppose que l’on prenne en compte le constat suivant : tous les jeunes ne sont pas égaux devant l’information. L’expérience de terrain en matière de productions d’informations, indique à suffisance qu’il est illusoire de penser que l’on va transmettre adéquatement un savoir constitué auprès de tous les publics. Car tous les jeunes ne disposent pas au départ de ressources sociales, économiques, culturelles et langagières également réparties. Il serait, par ailleurs, non seulement dommageable, mais aussi inacceptable que l’information jeunesse vienne renforcer ces inégalités flagrantes !
Transmettre de l’information à l’instar d’une transmission entre deux vases communicants (de celui qui détient le savoir vers celui qui est en capacité de le recueillir), c’est aller dans un sens qui contribue à aggraver la fracture sociale et non à la réduire.
Tout comme dans le système d’enseignement, si elle dénie la réalité des inégalités dans la conception de son dispositif socio-pédagogique, l’information jeunesse favorisera l’appropriation de l’information par ceux et celles qui possèdent déjà une longueur d’avance : c’est-à-dire ceux et celles qui sont issus d’un milieu socioéconomique favorisé.
En conséquence, Il y a lieu que les professionnels de l’information jeunesse s’interrogent sur les fondements de leurs pratiques.
Et pour ce faire, il s’agit de remettre au centre de la réflexion le questionnement suivant : quelle image des jeunes ont les professionnels de l’information jeunesse eux-mêmes, sachant que cette image (la plupart du temps implicite) influera sur le devenir de leur action ?
Si la démarche des professionnels cherche à s’inscrire, comme le veut leur mission, dans un effort de réduction des inégalités, il est clair que l’image du jeune qui doit les animer est moins celle d’un jeune-consommateur que celle d’un jeune-citoyen.
Dans une telle perspective, l’information est nécessairement indissociable d’un travail pédagogique participatif et interactif. Car, si l’on reconnaît le jeune comme un citoyen actif, critique et responsable, il faut impérativement sortir d’un schéma instrumental de type « producteur-consommateur », et favoriser une pédagogie incitative et appropriative de l’information des jeunes, faisant sens pour eux.
Dans un tel contexte, les productions sont les projets développés avec les jeunes eux-mêmes, et non des outils préformés qu’il ne resterait qu’à diffuser ensuite sur le mode de l’information-marchandise, qui va parfois jusqu’à s’apparenter à des clones de foires commerciales.
Cette conception participative va de pair avec une prise en compte de la dimension collective des jeunes et de leurs problèmes. Et pour prendre consistance, celle-ci doit s’exercer à travers une fonction d’interpellation politique.