Bologne (processus de…)

Facebooktwittermail

Dans le discours dominant, Bologne apparaît d’abord comme une garantie de qualité et d’efficacité offerte aux étudiants : au sein d’un espace européen d’enseignement supérieur, ceux-ci trouveront plus facilement l’Université ou la « Haute École » offrant une formation qui correspond exactement à leurs attentes ou à leurs besoins.

Cette thèse repose sur le dogme bien fragile qui voudrait que, par le miracle du marché, la qualité des services ne pourra que s’améliorer.

L’objectif essentiel du processus de Bologne est de renforcer la concurrence entre les établissements européens et leur compétitivité sur le marché mondial des services éducatifs.
On entre ainsi dans une logique où les universités ne sont plus pensées comme des services publics, financés et parfois organisés par l’État, mais comme des services marchands.
Quant aux étudiants, ils sont rabaissés au rang de clients, constamment à la recherche du « fournisseur de service » offrant le rapport qualité/prix qui correspond le mieux à leurs attentes et/ou à leur portefeuille.

Les ministres européens réaffirment régulièrement que l’enseignement supérieur restera « un bien public » et « une responsabilité publique ». Cependant, même des universités publiques ou subventionnées par les pouvoirs publics, peuvent parfaitement entrer, petit à petit, dans une logique marchande. Dès lors que leur financement est proportionnel au nombre d’étudiants qu’elles attirent, elles sont déjà, de fait, dans un fonctionnement de « quasi-marché ».

Le manque de moyens financiers ne peut qu’accentuer cette dérive. Les établissements sont amenés à réclamer des frais d’inscription toujours plus élevés, rendant ainsi encore moins attrayantes les formations n’offrant pas de débouchés glorieux sur le marché du travail. Les universités sont de plus en plus à la merci de sponsors privés, qui contrôlent encore davantage la recherche et les priorités d’enseignement. Ainsi, le processus de Bologne s’inscrit dans un mouvement initié dès la fin des années 80 et qui concerne l’ensemble des systèmes éducatifs européens : l’instrumentalisation croissante de l’enseignement au service de la compétition économique.

Nico Hirtt est physicien de formation et a fait carrière comme professeur de mathématique et de physique. En 1995, il fut l'un des fondateurs de l'Aped, il a aussi été rédacteur en chef de la revue trimestrielle L'école démocratique. Il est actuellement chargé d'étude pour l'Aped. Il est l'auteur de nombreux articles et ouvrages sur l'école.