Organisation et politique de l’enseignement finlandais

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Les élèves finlandais sont depuis les premières enquêtes PISA (qui évaluent le niveau des élèves, notamment en lecture, maths et sciences) en tête des pays de l’OCDE (pays industrialisés). Pourquoi ? Lise Bruneel nous propose un compte rendu d’une Conférence de Madame Anttila, le 15 janvier 2008 à la Commune d’Auderghem, ainsi que le compte-rendu de recherches complémentaires

Les élèves finlandais sont depuis les premières enquêtes PISA (qui évaluent le niveau des élèves, notamment en lecture, maths et sciences) en tête des pays de l’OCDE (pays industrialisés). La haute qualité pédagogique des écoles finlandaises résulte directement d’une politique volontariste d’égalité des chances élaborée dans les années 60 et mise en œuvre à l’échelle nationale dans les années 70. Cette politique d’égalité des chances a prouvé que la diversité socio-culturelle des élèves ne nuit pas à la qualité pédagogique de l’enseignement, et mieux, que la diversité des élèves au sein d’une même classe et au fil des années dynamise la pédagogie car elle force l’enseignant à remettre en question régulièrement ses méthodes d’apprentissage. De plus, une pédagogie prenant en compte les différents niveaux favorise l’apprentissage de tous, les plus faibles dans une branche suivant l’exemple des plus forts et les plus forts développant leurs capacités en abordant des contenus plus ardus et en soutenant les autres élèves dans leur apprentissage (système d’entraide à la fois efficace pour développer les capacités mentales de tous et pour renforcer le groupe). Il faut ajouter qu’une pédagogie ne tenant pas compte de la diversité ne prend pas plus en charge les forts que les faibles, les uns s’ennuyant et les autres se sentant exclus. De plus, si les meilleurs élèves finlandais sont un peu moins bien notés que les meilleurs élèves belges, c’est bien parce qu’on mesure leurs compétences à un moment relativement précoce de leur apprentissage ; en effet une pédagogie dynamique éduque les élèves à apprendre par eux-mêmes, c’est ainsi qu’ils ont plus de possibilités de se développer tout au long de leur vie. Ce petit décalage ne peut masquer les réussites essentielles de cet enseignement (et ce malgré l’isolement géographique et la relative pauvreté du pays) : les résultats de TOUS les élèves sont excellents, élevés ou bons, avec le même budget que celui de la CF (toutes proportions gardées).

Historique

Jusque dans les années 60 les jeunes finlandais n’avaient pas tous la possibilité de suivre un enseignement secondaire, l’enseignement n’étant pas encore organisé partout dans ce pays immense, à faible démographie et relativement pauvre. Mais l’égalité des chances étant alors une priorité politique, des réformes ont permis à l’enseignement de s’organiser et d’évoluer très rapidement. Le système s’est largement inspiré du voisin suédois en copiant les meilleurs côtés de celui-ci, et dès les années 70, les projets pilotes (d’abord lancés en Laponie où il n’y avait pas de contestation possible) ont été transférés dans tout le pays. L’enseignement actuel découle directement de cette politique volontariste des années 70.
Il existait alors des écoles semi-privées et des écoles publiques, elles furent fondues en un seul réseau public, les écoles semi-privées ayant 7 ans pour se conformer aux normes des écoles publiques au risque d’être tout simplement fermées. Les écoles dépendent donc maintenant des communes, excepté trois écoles de l’Etat (une pour élèves handicapés, une russo-finnoise, une russo-francophone) et cinq totalement privées (une germanophone, une anglophone, une judaïque et deux chrétiennes) qui représentent 0.4% des écoles. Seules les écoles assurant le cycle de 6 à 16 ans de moins de 50 élèves sont en danger. Il n’y a aucun internat, les transports sont organisés pour que les élèves puissent rentrer chaque après-midi chez eux tandis que les familles très éloignées déménagent le temps des études.
Le premier avis qui fut entendu sur la réforme, lorsqu’elle a été lancée dans les années 70, était que le niveau allait baisser, or les plus faibles ont été entraînés par les autres et les plus faibles de Finlande sont encore très forts par rapport à la moyenne européenne car tous les élèves à tous les niveaux ont au moins un niveau minimum acceptable.

Grands principes

Egalité d’accès – pas de sélection : toutes les écoles offrent la même qualité pédagogique et les mêmes équipements (les écoles de campagne sont éventuellement mieux équipées encore).
Pas de choix d’école jusqu’à 16 ans : c’est l’école du quartier d’office (mais toutes les écoles se valent). Choix possible après 16 ans.
Gratuité intégrale – école publique : scolarité, fournitures, matériel, instruments de musique, bibliothèques bien fournies, écran de taille moyenne, ordis, repas, transports, sorties de classes, voyages d’études, remédiation, logopédie, psychologue…
Tronc commun – pas de filière jusqu’à 16 ans (sauf un choix entre une troisième langue étrangère ou plus de maths).
Apprentissage précoce des langues.
Pas de notation avant 13 ans et pas de redoublement (car c’est pire et coûteux).
Toutes les matières doivent être réussies.
Remédiation précoce : tous les professeurs sont formés au repérage des difficultés (même avant l’âge de 6 ans), et à la remédiation ; si la tâche est trop importante, il peut faire appel au professeur ‘ultra-spécialisé’ dans la remédiation, celui-ci est disponible dans chaque école pour des cours particuliers.
Equipes pédagogiques soutenues (formation continue).
En classe on parle, on explique, on comprend ; c’est à la maison qu’on écrit.
Peu de travaux extra-scolaires et les instructions pour le travail à domicile et la motivation pour celui-ci sont travaillés en classe (pistes, exemples…).


LES CYCLES

L’enseignement est obligatoire de 6 à 16 ans mais la toute grande majorité des élèves poursuivent leurs études bien au-delà. L’enseignement ‘fondamental’ va de 7 à 16 ans en tronc commun.

Le nombre d’heures (de 45 minutes) de cours évolue avec les années :
19 heures en 1ère et 2ème (de 7 à 9 ans),
23 heures en 3ème et 4ème (de 9 à 11 ans),
24 heures en 5ème et 6ème (de 11 ans à 13 ans),
30 heures de la 7ème à la 9ème année (de 13 ans à 16 ans).

De 3 à 6 ans : le jardin d’enfants (école maternelle) est très fréquenté quoique pas obligatoire, il est gratuit, on n’y fait que jouer, seul le jeu permettant d’apprendre à cet âge.
De 6 à 7 ans : l’apprentissage pré-scolaire est une année entre école maternelle et enseignement primaire, l’enseignement fondamental ne commencera qu’à 7 ans car il vaut mieux que les élèves soient bien mûrs.
De 7 à 16 ans : l’enseignement fondamental en tronc commun : le ‘primaire’ de 7 à 13 ans, le ‘collège’ de 13 à 16 ans. Ce sont les années de 1 à 9 ; les élèves qui désirent améliorer leurs notes (éventuellement pour entrer dans le lycée de leur choix) ainsi que les élèves qui n’ont pas réussi l’examen suivent une dixième année pour améliorer leur niveau, repasser l’examen, obtenir de meilleures notes au certificat d’études fondamentales. 5% des élèves au total choisissent de poursuivre une dixième année.
De 16 à 19 ans : le lycée général ou professionnel avec options. Les trois années peuvent s’effectuer en 2, 3 ou 4 ans et on peut recommencer pour changer de filière (générale ou professionnelle). L’entrée au lycée général ou professionnel peut être conditionnée par les résultats dans le fondamental. L’enseignement professionnel étant très valorisé, il est parfois plus difficile d’entrer dans celui-ci que dans le général. L’enseignement au lycée est partagé en cours qui correspondent à environ trente-huit heures et l’année scolaire est divisée en 5 ou 6 périodes. Chaque période comporte un emploi du temps centré sur un certain nombre de matières. L’avancement des études et la formation des groupes d’élèves dépendent alors des choix que ceux-ci font parmi les différents cours proposés. C’est la raison pour laquelle la séparation en classes d’âge et même la répartition en ‘groupes classes’ a complètement disparu de tous les lycées. Les études comprennent des matières obligatoires, des cours de perfectionnement et des cours d’application. Les établissements offrent la possibilité de choisir différents cours de perfectionnement. Chaque élève est tenu de suivre un nombre suffisant de cours. Les cours d’application peuvent être soit des compléments aux matières déjà enseignées soit une initiation à d’autres matières. Les cours peuvent être organisés en collaboration avec d’autres établissements comme par exemple les écoles professionnelles et les conservatoires de musique. Le bac ou certificat de fin d’études générales ou professionnelles permettent d’entrer à l’université ou en école supérieure. Toutes les épreuves sont corrigées de manière centralisée et selon des critères communs. Les épreuves obligatoires sont : langue maternelle, deuxième langue nationale (finnois ou suédois), première langue étrangère et au choix mathématique ou une épreuve combinant l’ensemble des autres matières. Ensuite viennent les épreuves facultatives. Deux sessions sont organisées : au printemps et à l’automne. Il est possible de passer l’examen en une fois ou en partie avec un maximum de trois tentatives. L’enseignement professionnel peut être dispensé à des bacheliers (ayant fini le lycée général) qui bénéficient d’une réduction de 6 mois ou un an pour tenir compte des cours déjà suivis dans l’enseignement général. Il y a 75 diplômes professionnels de base, qui, s’ils sont accomplis en trois ans, donnent accès à l’enseignement supérieur. Le diplôme est constitué de 120 unités (une unité correspondant en moyenne à une quarantaine d’heures de travail pour l’élève) : dont 90 unités de formation professionnelle avec au moins 20 unités de stages en entreprise, 20 unités de formation générale (langue maternelle, seconde langue nationale, langue étrangère, math, physique, chimie, connaissance de la société, de l’entreprise et de la vie professionnelle, hygiène, sport, art et culture), 10 unités libres. La sélection à l’entrée du lycée professionnel se fait principalement selon le dossier scolaire établi par l’école fondamentale, mais les établissements sont aussi libres d’organiser un examen d’entrée ou un test d’aptitude et de prendre en compte l’expérience professionnelle.
Après le lycée général ou professionnel : les écoles supérieures professionnelles et les universités. Les 20 universités ont en propre une activité de recherche scientifique et fondent leur enseignement sur elle. Les 40 écoles supérieures professionnelles sont tournées vers le monde du travail et fondent leur activité sur les demandes qu’il peut faire en matière de haute qualification professionnelle, leur taille varie entre 1000 et 8000 étudiants, elles forment en trois ans et demi ou quatre ans (140 ou 160 unités = matières générales et spécialisées, matières facultatives, stages, mémoire) des experts dans les secteurs suivants : ressources naturelles, technique et transport, administration et commerce, tourisme, restauration et économie, santé et protection sociale, culture, enseignement et humanisme ; une année supplémentaire peut être accordée ; tous les enseignants doivent suivre une formation pédagogique et avoir une expérience professionnelle minimale de 3 ans ; les écoles collaborent étroitement pour la recherche et le développement avec les entreprises des domaines concernés. Pour l’entrée dans les universités, des numerus clausus sont fixés par le ministère de l’Education qui décide du nombre de diplômes et de doctorats à atteindre par université et par discipline ; ces nombres sont établis en fonction des besoins du pays et du marché du travail. Parce que les concours d’admission dans les universités se font sur base d’épreuves de différentes natures (qui concernent une matière différente chaque année pour chaque section) et que les élèves apprennent par eux-mêmes sans aucune aide extérieure possible, les élèves n’y voient pas une restriction de leur liberté d’apprentissage, même si d’une année à l’autre, pour les mêmes efforts, les chances d’entrée diffèrent. Il est possible de repasser plusieurs fois le concours annuel. Chaque année, une moyenne d’un tiers des candidats seulement est reçue. Le diplôme universitaire de premier cycle/candidature/bac+3 composé de 120 unités est généralement obtenu en trois années. Le diplôme universitaire de deuxième cycle/master/maîtrise/bac+5 composé de 160 à 180 unités demande normalement 5 ans mais il est en moyenne obtenu en 6 ans et demi. Il existe aussi des troisièmes cycles et des doctorats.
En cours de vie : la formation continue. L’apprentissage tout au long de la vie est devenu un principe essentiel de l’éducation nationale. Plus de 1000 établissements fournissent aussi une formation pour adultes car l’enseignement est destiné à la fois aux jeunes et aux adultes, et il est gratuit pour les adultes comme pour les jeunes. Près d’un million d’étudiants adultes fréquentent l’école chaque année, soit un adulte sur deux ! Ce qui équivaut à 14% du budget du ministère de l’Education.

ATMOSPHERE

L’année scolaire comporte 190 jours de cours, il n’y a pas de vacances de Pâques, on commence le 15 août et on termine fin mai (étant donné la latitude).
L’école commence généralement à 8 heures et se termine à 13 heures. Un élève a toujours cours, il n’y a jamais de ‘trou’ dans son horaire.
Une heure de cours = 45 minutes en classe + de 15 minutes de récréation (et les élèves sont directement dans la nature dans la plupart des cas). Chez les grands, possibilité d’un cours de deux heures = 1h30 et 30 minutes de récréation.
On commence à l’heure et sans traîner.
Temps de midi : 30 minutes pour tous à la cantine. Le restaurant (gratuit) propose des plats bien équilibrés et respectueux des conceptions sociales, religieuses ou des problèmes de santé des élèves : repas standard, végétarien, kacher, ou à régime particulier (par exemple sans gluten).
Aucun élève n’est interne. Malgré une superficie égale à la France peuplée de seulement 5 millions d’habitants, tous les élèves rentrent chez eux en début d’après-midi car leur éducation se fait aussi par les parents au quotidien.
Sauf dans les petites écoles qui assurent plusieurs niveaux par classe, tous les élèves d’une même classe ont le même âge (puisqu’il n’y a pas de redoublement).
Nombre d’élèves par classe :
Maximum 20 enfants par classe en maternelle.
Maximum 24 élèves par classe en primaire (sauf exceptions).
Nombre d’élèves par classe considéré comme gérable au collège (13-16 ans) : 32 (mais en fait 24 maximum dans la plupart des cas).
Nombre standard d’élèves par classe au lycée général ou professionnel (16-19 et jusqu’à 20 ans, enseignement non obligatoire) : 35-40.
Un établissement scolaire compte en moyenne 300 à 400 élèves.
En cas de gros problèmes d’apprentissage ou de problèmes psycho-sociaux, l’élève reste dans sa classe et est suivi par un enseignant spécialisé. Un élève peut recevoir jusqu’à 6 heures de cours particuliers par semaine à l’école.
Un élève plus rapide, plus gourmand en apprentissage ou surdoué reste dans sa classe, il reçoit des activités supplémentaires pour ne pas s’ennuyer et progresser à son rythme parmi les enfants de son âge.
Les enfants rentrent seuls à la maison (qui est forcément proche), ou en transport en commun. L’après-midi ils ont accès à toutes les activités extra-scolaires entièrement gratuites (art, artisanat, sport…) où ils se rendent par eux-mêmes – la responsabilisation des enfants fait partie de l’éducation.
Chaque école organise son horaire et répartit son quota d’heures de cours sur les différents niveaux scolaires. La répartition du nombre d’heures par branche et par niveau est donc susceptible d’être modifiée par l’école chaque année.
Les professeurs sont soucieux de motiver les élèves et d’effectuer le plus de travaux de groupes possible.
Participation active des élèves aux cours.
On peut se balancer sur sa chaise, se promener dans la classe.
Les élèves participent à l’entretien des locaux de leur école.
Les élèves n’ont jamais peur de venir à l’école.
Toutes les classes primaires comportent des instruments de musique (batterie, piano…).
Tout établissement secondaire possède une salle de musique et une salle d’arts plastiques.
La salle de gym est transformable en salle de spectacle avec estrade, rideau, coulisses dans chaque école.
Chaque établissement possède un ou plusieurs petits locaux de remédiation.
Les élèves finlandais sont les élèves de l’OCDE qui travaillent le moins en nombre d’heures de travail intellectuel, ce qui leur permet d’être plus en forme à l’école et plus équilibrés de manière générale.
Les élèves tutoient le professeur et se confient à lui facilement en cas de problème.
Les professeurs préparent leurs cours et corrigent à l’école même.
Il n’y a qu’un seul syndicat et 98% des professeurs y sont affiliés malgré la cotisation élevée. Le syndicat est un partenaire incontournable de toute réforme touchant l’enseignement. Ses caisses permettraient à tous les professeurs de faire grève pendant quatre mois en touchant leur salaire intégral, mais comme le syndicat participe à toutes les réformes, les professeurs n’ont jamais de raison de faire grève.
L’objectif explicite de réussite pour tous dans un enseignement de qualité favorise la solidarité entre élèves forts et faibles, et entre professeurs et élèves.
Le système prévoit que les élèves les plus avancés dans une branche aident les plus faibles de sorte que chacun y trouve son compte, en effet, les plus avancés doivent comprendre et expliquer ce qu’ils ont compris, ils développent donc une plus grande connaissance de la matière et les plus faibles passent les étapes plus difficiles tout en restant intégrés dans leur classe. Le système se reproduit d’ailleurs à l’échelle des professeurs puisque tous les enseignants du maternel sont secondés par un assistant scolaire, souvent un jeune diplômé qui saisit alors l’occasion d’avoir un modèle supplémentaire, le cas est aussi fréquent dans le primaire.
Les Finlandais n’ont pas cru tout de suite à leurs bons résultats aux enquêtes PISA par modestie, c’est seulement à la deuxième enquête qu’ils se sont rendus compte de la qualité de leur enseignement et aussi en voyant débarquer un nombre incroyable de délégations pédagogiques (300 par année, notamment Allemagne, Danemark, Luxembourg ainsi que les médias belges et français) au point qu’on parle à présent de ‘tourisme pédagogique’.
La tuerie commise par un élève qui a beaucoup remué la Finlande s’est déroulée au lycée (et non pas dans l’enseignement fondamental), c’est-à-dire dans le cycle 16-18 ans où les élèves sont presque mis en situation universitaire, où les classes sont importantes et les groupes très différents en fonction des options, et où les professeurs ne connaissent plus les élèves ; ce cas tragique n’aurait pas pu se passer dans l’enseignement fondamental, les professeurs auraient repéré un déséquilibre chez l’adolescent, étant proches de lui.
Contrairement à l’idée reçue, les élèves finlandais ne sont pas toujours calmes. Etant donné l’importance des travaux de groupe, il y a souvent plus de bruit dans les classes.
On demande aux parents de créer un climat favorable à l’étude, au bien-être et à la sécurité de leur enfant mais l’école doit soutenir les parents dans cette responsabilité, on ne peut donc se contenter de déclarer un parent démissionnaire pour justifier l’échec d’un enfant.
L’école buissonnière se termine au plus tard à l’heure du repas parce que sa qualité est appréciée et qu’il est servi gratuitement.
L’association des parents finlandaise insiste pour une éducation égale pour tous les enfants finlandais durant toute leur scolarité obligatoire sans esprit de sélection. Les parents finlandais ont une grande confiance dans l’école et sont partenaires égaux avec elle, ils siègent au sein des pouvoirs organisateurs et exercent un pouvoir décisionnel.

EVALUATION

On évalue mais sans notes, il s’agit donc d’appréciations écrites ou orales non chiffrées, l’essentiel étant d’apprendre à l’enfant à s’auto-évaluer et de l’aider à mieux s’orienter dans le supérieur. Le passage d’une année à l’autre est donc automatique. Le certificat de fin d’enseignement obligatoire indique les compétences de l’élève dans chaque matière et c’est sur base de ces constats que l’élève choisit une option au lycée et que ce lycée l’accueille.

Cependant, les parents font pression et on attribue donc quelques notes à partir de l’âge de 13 ans. On applique alors le système commun de notation pour faciliter celle-ci et sa lecture. Selon cette notation commune, le profil détaillé du travail réussi est de 8/10 et celui de travail raté de 4/10. Donc, 8 ou 7 ne posent pas question, 6 = attention particulière et plus de suivi par le professeur en classe et si nécessaire en cours particulier (par le professeur à l’école même), 5 = remédiation par professeur spécialisé en dehors de la classe mais toujours à l’école et pendant le temps scolaire + contact avec les parents, 4 = un accident car les remédiations préalables empêchent l’échec. Aucun élève ne peut avoir aucun 4/10 en fin de scolarité. Il n’est pas pensable en Finlande d’attribuer à des élèves des notes de 8/10 puis 4/10 ou l’inverse parce que l’élève a réussi ou non une épreuve ou un exercice : l’évaluation de l’élève est toujours globale. Cette conception de l’évaluation est aussi d’application à l’épreuve commune du bac qui se déroule à 18, 19 ou 20 ans, mais elle place alors les élèves sur 7 niveaux : un niveau correspondant à une insuffisance et 6 niveaux correspondant à un niveau de compétence.

On évalue plus le positif que le négatif et il n’y a jamais de punition. Le bic vert souligne ce qui est réussi, connu, le rouge ce qui va moins bien, afin de ne pas générer d’angoisse. On pratique l’autoévaluation : l’élève dit ce qu’il pense de son travail effectué, le prof indique en regard son avis et ses recommandations, quitte à insister davantage sur le futur que sur les manques du passé. Si le résultat est mauvais, on indique ce qu’il reste à faire. Les 0.3% d’échec en fin d’études fondamentales sont considérés comme des cas pathologiques. Le gros avantage du système de notation est que les élèves ne se sentent pas dans un perpétuel concours tout au long de la scolarité. Pour certains cours, il existe un manuel pour les élèves les plus faibles. Il est admis qu’un professeur donne des devoirs différents en fonction du niveau de chaque élève.

Ce type d’évaluation est pratiqué tout au long de l’année scolaire pendant l’enseignement fondamental, ensuite, parce que le lycée s’organise en modules, des examens ont lieu tous les deux mois (et le bac peut être présenté deux fois). Le système permet beaucoup d’équité au bac grâce aux référentiels d’évaluation : les professeurs d’un même cours ont une notation similaire (alors que chez nous un grande liberté est accordée dans l’évaluation).

La suppression du stress lié au passage dans la classe suivante modifie suffisamment les relations entre élève et prof pour que la fonction de contrôle et de discipline accordée à la cotation-sanction des systèmes éducatifs traditionnels ne soit plus nécessaire. Comme dans toutes les écoles il y a des problèmes de discipline, mais l’évaluation et les passages de classe ne font pas partie du contrat social scolaire, ce n’est pas pour autant que le systèmes soit ‘coulant’ : il gomme la culpabilisation au profit de la responsabilisation et du projet personnel.

Les élèves dyslexiques (la dyslexie est un trouble d’apprentissage de la lecture survenant en dépit d’une intelligence normale et qui touche 10% des élèves de manière variable) sont éduqués de manière particulière. Ils reçoivent des cours spéciaux à l’école ou dans la commune, ils sont ensuite notés différemment pendant toute leur scolarité jusqu’au bac où ils ont plus de temps, un ordinateur à leur disposition, parfois des épreuves différentes, des pauses plus longues.

On évalue aussi parfois les élèves de tous les niveaux avec un système de points mais sur base d’échantillonnages : quelques élèves de quelques écoles choisis au hasard sont testés pour un examen de toutes les branches. La moyenne de l’école est faite et chaque école compare sa moyenne à la moyenne de l’état. Si sa moyenne est inférieure, la formation continue des professeurs est accentuée – étant donné l’adage ‘Il n’y a pas de mauvais élève, il n’y a qu’un mauvais enseignement’. Il y a interdiction de publier les résultats des écoles, seule la moyenne de l’état est publiée, de manière à ce que chaque école puisse se situer.

Il n’y a que 3% d’échecs au CEB, c’est-à-dire à la fin de la scolarité obligatoire à 16 ans = après 9 années d’études fondamentales communes ; après la dixième année complémentaire proposée aux élèves qui désirent repasser le CEB, le taux d’échec tombe à 0.3%.

A la fin de cette scolarité obligatoire, qui correspond à la fin de l’enseignement fondamental pour tous, c’est-à-dire à 16 ans pour la plupart des élèves :
55% vont dans l’enseignement général ( = les lycées)
35% vont dans l’enseignement professionnel ( = les lycées professionnels)
3% suivent la dixième année complémentaire
7% quittent l’école mais y reviennent vite ou entrent en formation qualifiante, seul moyen d’accéder au marché de l’emploi.
L’accès à certains lycées et à certaines écoles supérieures est filtré selon les notes obtenues. Il y a proportionnellement plus d’échecs et d’abandons en lycées professionnels car les élèves se rendent compte qu’ils ne sont pas faits pour cette filière, ils retournent donc dans le général.

Les nouveaux objectifs du système scolaire finlandais sont :
renforcer le soutien scolaire dans le fondamental ;
renforcer le soutien scolaire au lycée (16-19 jusqu’à 20 ans) ;
mieux orienter les élèves vers le supérieur, notamment par de nouveaux contacts avec le milieu professionnel et les secteurs en pénurie ;
accentuer la formation continue obligatoire des professeurs, jusqu’à présent ils avaient au minimum 3 jours par an en dehors des cours, à partir de 2009, ils auront une ou deux semaines minimum par année, il faut encore décider s’ils les feront pendant le temps scolaire ou pendant les vacances scolaires.

Les professeurs sont nommés par la commune, s’auto-évaluent en fonction des résultats de l’école et choisissent leur formation continue.

FORMATION et METIER de PROFESSEUR

Parmi les candidats à l’enseignement, 10 % seulement sont sélectionnés. La sélection s’opère sur base d’entretiens et de tests visant à évaluer leur motivation. Tous les professeurs étudient au moins 6 années à l’université, qu’ils enseignent en maternelle ou au lycée, et toute la formation universitaire est prise en charge financièrement par l’état sous forme d’une bourse couvrant tous les besoins de l’étudiant.

Le métier est très valorisé quoique mal payé : 1700 net en commençant, 2100 net en fin de carrière, ce qui est en-dessous de la moyenne de l’OCDE. Tous les professeurs bénéficient de la même rémunération, mais ceux qui acceptent de travailler dans une zone reculée reçoivent une compensation. On considère qu’un professeur de sports a moins de travail à domicile qu’un professeur de langue maternelle, il doit donc prester 26 heures au lieu de 18 heures de cours. Les heures supplémentaires sont payées, elles sont organisées uniquement pour boucler les horaires au lieu d’engager un prof pour quelques heures.

Les futurs enseignants sont formés pour enseigner à tous les niveaux. Tous les enseignants de la maternelle à la fin du lycée ont suivi au minimum 6 années de cours universitaires = une maîtrise + un an de pédagogie. L’année de pédagogie comprend de nombreux stages (230 heures d’observation et de stage actif car ce sont les modèles qui sont essentiels) et la rédaction d’un mémoire consacré à la didactique. Les professeurs de toutes les branches (artistiques comprises) sont spécialisés (ex : études artistiques + pédagogie, remédiation comprise). A la fin de leur formation, les futurs professeurs doivent être capable de suivre toutes les classes de la maternelle au lycée, dans presque toutes les branches grâce à la polyvalence de la formation et à la pédagogie utilisée : le professeur est un guide pour l’élève plutôt qu’un pourvoyeur de savoirs. Ils enseigneront toutefois principalement les deux branches dans lesquelles ils sont spécialisés. La solide formation en pédagogie et la possibilité de formation continue permettent sur le terrain une totale autonomie et une totale liberté pédagogique (en plus de facilité l’organisation des écoles). Par ailleurs, les professeurs ne sont jamais évalués, le système a confiance en leur motivation.

Les professeurs spécialisés en remédiation étudient deux années de plus après l’année de pédagogie (donc : 5+1+2 = 8 ans minimum d’études). Ils sont formés pour tous les niveaux de la scolarité obligatoire et non obligatoire, donc, des 3 ans de l’enfant à la fin du lycée (entre 18 et 20 ans selon que l’élève le fait en deux, trois ou quatre ans).

Beaucoup d’enseignants sont en charge de plusieurs niveaux. Ex : une école primaire (7-13 ans) de 28 élèves répartis en deux classes = trois niveaux à la fois par enseignant.

La charge de travail est importante et multiple : il faut assurer en plus de la pédagogie (préparations, cours, corrections), l’encadrement en dehors des cours et les contacts avec les parents (gestion des absences…). Il n’y a pas d’éducateurs (ni de surveillants ni de barrières ni de personnel administratif), les professeurs et les élèves se connaissent bien puisque les professeurs enseignent à différents niveaux (afin de suivre le plus longtemps possible leurs élèves). Il y a aussi beaucoup de réunions de concertation.

Dans l’enseignement primaire, les professeurs peuvent compter sur l’aide d’un assistant scolaire qui est souvent un jeune professeur débutant. L’horaire de chaque professeur, à tous les niveaux, inclut une à deux heures de cours particuliers pour le suivi des élèves en difficulté. Cette remédiation immédiate faite par le professeur oblige celui-ci à adapter son cours de telle sorte qu’il ne se retrouve pas avec un nombre excessif d’élèves qui n’ont pas compris son cours. Elle lui donne une expérience pédagogique sur les aspects les plus difficiles de son cours ce qui lui permet par la suite d’adapter son cours pour le rendre plus efficace. Lorsque le professeur n’est pas parvenu à résoudre les difficultés de l’enfant ou du jeune (d’abord au sien de la classe, ensuite en cours particuler), il peut faire appel à un professeur spécialisé (le ‘psychologue scolaire’) qui prend en charge l’élève individuellement ou par petits groupes de maximum quatre élèves. En moyenne un élève finlandais sur 6 reçoit une aide individualisée et spécialisée dans son école, et ce dès la détection de la difficulté. Donc, professeurs et élèves ne sont jamais livrés à eux-mêmes en cas de problème. Par exemple, la dyslexie, la dyscalculie, la dysorthographie, dépistées et suivies par les professeurs ordinaires de l’école (puisqu’ils sont aussi formés), sont, lorsque ceux-ci ne peuvent assurer un suivi suffisant, prises en charge par le ‘psychologue scolaire’ de l’école (un par école ou itinérant entre les petites écoles), on évite ainsi d’aggraver la situation d’apprentissage des élèves en difficulté et d’accumuler les retards et le décrochage scolaires. L’élève ne redoute pas ce dépistage puisque l’aide qu’il reçoit ne l’écarte pas du groupe-classe qu’il connaît, et le professeur peut mener à bien sa mission d’enseignant : des socles de compétences élevés chez tous ses élèves.

Le rôle principal du professeur est de guider l’élève dans la construction de ses connaissances qu’il bâtit grâce à l’école, son milieu, ses parents, internet, la bibliothèque…

Les référentiels fournis par l’état fixent les objectifs à atteindre (les différentes compétences), chaque école choisit ses pédagogies en concertation : professeurs, parents, élèves et commune se réunissent tous les dix ans pour écrire en détail leur plan d’enseignement (selon les objectifs à atteindre fixés par l’état).

Des manuels conçus par des professeurs en fonction sont mis à la disposition des professeurs mais leur usage n’est pas obligatoire. Les associations de professeurs par matière proposent annuellement des examens qu’elles vendent à vil prix (ça rassure les professeurs d’avoir un examen commun avec d’autres écoles en plus d’alléger la charge de la préparation).

Il a été question de rendre obligatoire la présence des professeurs de 9h à 16h à l’école mais l’idée a été rejetée vu que les professeurs, qui préparent et corrigent à l’école, sont déjà présents au-delà de cet horaire.

Il n’y a pas de critère spécifique d’évaluation des professeurs, le seul critère dépend de l’évaluation des élèves : si les élèves sont bons, les professeurs le sont. Il n’y a donc pas d’inspecteurs. Le seul responsable pédagogique est le directeur de l’école (nommé par la commune), lui-même toujours professeur dans l’école, et il ne s’inquiète que si des parents ou des élèves manifestent une incompréhension par rapport à un choix pédagogique. Le directeur est déchargé de maximum un demi-horaire d’enseignant pour assurer sa tâche de direction.

Les professeurs sont nommés à titre définitif par la commune sur base d’une proposition faite par l’école et le comité de gestion (composé de la commune, des parents et du syndicat).

Tout comme dans d’autres pays européens, les familles se montrent moins unies, les familles monoparentales sont en hausse et les élèves deviennent ‘plus difficiles’ mais il y a toujours une forte demande pour la carrière d’enseignant.

LANGUES

Le bilinguisme est instauré dès le début de la scolarité car le pays s’administre en deux langues officielles : sur 5.250.000 habitants, 90% de la population parle le finnois (langue non indo-européenne) et 5% (= 300.000 personnes) parlent le suédois (langue indo-européenne germanique scandinave).

Les professeurs de langues étrangères sont natifs à tous les niveaux et les cours de langues suivent la méthode par immersion. L’école finlandaise qui utilise beaucoup les technologies modernes investit notamment dans les labos de langue.

L’enseignement suédois, qui fonctionne de la même manière que le finlandais, récolte les mêmes bons résultats scolaires et le pourcentage de la population étrangère parmi les élèves est similaire à celui de la Belgique : 12% en Belgique, 13% en Suède.

A Helsinki, une personne sur 10 est étrangère. Toute personne enfant ou adulte arrivant en Finlande doit apprendre la langue finnoise avant d’aller à l’école, au travail ou en formation. Ce bain linguistique obligatoire donné par des professeurs spécialisés en ‘finnois langue étrangère’ dure un an et prévoit une maîtrise de la langue suffisante pour entrer sur le marché du travail et/ou en formation. Un défi quand on sait que le finnois se décline en 14 cas, que les vocables sont kilométriques, qu’il y a 5 infinitifs et qu’il ne s’agit pas d’une langue indo-européenne. Ces cours intensifs donnés par des professeurs spécialisés uniquement sont donnés gratuitement à tous. Les enfants et les adolescents y passent maximum un an (souvent selon leur âge d’arrivée, la langue d’origine, le parcours d’exil…), ils intègrent ensuite l’école dans la classe correspondant à leur âge, mais d’autres mesures sont prises :
durant l’année d’apprentissage de la langue finnoise, l’élève recevra aussi (dans la mesure du possible, c’est-à-dire si on trouve des professeurs) des cours dans sa langue maternelle, la langue maternelle étant la base pour l’apprentissage des autres langues et étant particulièrement importante pour le développement harmonieux de l’enfant, et aussi parce que certains apprentissages nécessaires à la formation intellectuelle ne peuvent attendre ; dans ce cas, les élèves ayant pour langue maternelle une langue rare sont regroupés par commune ;
dès qu’il y a au moins trois enfants dans le maternel et le primaire qui ne parlent pas le finnois ou le suédois, des cours en langue maternelle leur sont encore donnés à l’intérieur de leur école fondamentale (dans la mesure du possible, c’est-à-dire si on trouve des professeurs) ;
jusqu’à la fin de la scolarité les professeurs considéreront plus les contenus apportés par l’élève que la forme (parce que la langue maternelle n’est pas le finnois ou le suédois).
Avec ce système, même des élèves arrivés tardivement maîtrise la langue finnoise et peuvent choisir au lycée les options les plus exigeantes en langue et réussir leur bac.

Il n’y a qu’un ghetto socialement défavorisé à Helsinki, il date du début des années 70 lorsqu’on a construit tout un quartier de logements sociaux. Ayant observé le phénomène de ghettoïsation culturelle (ce quartier défavorisé étant à forte majorité nouvellement immigrée), les autorités ont ensuite dispersé les logements sociaux. Ce quartier reste à ce jour moins mixte avec une proportion importante de personnes étrangères ou d’origine étrangère. Par chance, il se trouve le long de la mer où ensuite les habitants les plus fortunés sont venus construire leurs villas. Avec l’obligation d’inscrire son enfant à l’école du quartier, l’unique ghetto citadin n’a pas causé de ghetto scolaire. Aussi, comme toutes les écoles se valent, les parents aisés n’avaient pas craint de s’installer dans ce quartier. (C’est cette école qui a été choisie par Madame Anttila pour le documentaire de la RTBF).

PANEL de COURS du TRONC COMMUN

Langue maternelle : finnois ou suédois (à l’ouest)
Deuxième langue nationale : finnois ou suédois
Littérature
Première langue étrangère obligatoire au choix (choix large), l’anglais est souvent choisi.
Deuxième langue étrangère facultative au choix (choix large), l’allemand est souvent choisi (45% des élèves choisissent de suivre une deuxième langue étrangère = quatrième langue en fait).
Mathématique ; les élèves qui n’ont pas choisi de deuxième langue étrangère (donc de quatrième langue) ont plus de mathématique.
Sciences naturelles
Biologie
Physique
Chimie
Education à la santé
Géographie
Histoire
Education civique
Philosophie
Ethique, religion luthérienne, religion orthodoxe (comme à l’Est) ou toute autre religion à partir du moment où des parents en font la demande, demande considérée dès que minimum 3 élèves de l’école sont concernés.
Musique
Théâtre
Danse traditionnelle
Arts plastiques
Enseignement ménager (couture, cuisine…) actuellement obligatoire pour les garçons et facultatif pour les filles
Travaux manuels de construction/mécanique (menuiserie, électricité…) actuellement obligatoire pour les filles et facultatif pour les garçons
Orientation des études : cours donné pendant toute la durée des études (de 7 à 19 ans), adapté à chaque niveau, il aborde les questions de méthodologies et de motivation, il permet aux élèves de s’intégrer dans le projet scolaire, de mieux comprendre pourquoi ils sont à l’école, et surtout les aide à trouver leur voie pour l’avenir (un élève à l’occasion de découvrir concrètement différents métiers au fil des années).

Outre les raisons pédagogiques du tronc commun, celui-ci permet d’ouvrir une école partout où c’est nécessaire de manière à ce que les élèves aient tous une école près de chez eux, malgré l’immensité du pays et sa faible population. C’est seulement à l’âge de 14 ans (à partir de la 8è année commune) que 6 heures d’option sont proposées en plus : 3è langue étrangère (donc 5è langue), informatique, cours liés à l’économie locale, cours pratiques.

A partir du lycée, il y a plus d’heures de langues au choix : latin, suédois, français, espagnol, italien, russe, japonais… l’élève pourra cumuler jusqu’à 8 langues !

Au lycée, l’élève compose lui-même son horaire et l’adapte tous les deux mois. En permanence, il peut peaufiner son orientation, sans devoir s’enferrer dans un mauvais choix (parce que le système ne fonctionne pas par année ou double année comme c’est le cas notamment en 5è et 6è année en CF). Cela donne à l’élève une excellente préparation au cursus universitaire, mais comme il n’y a pas de groupe-classe traditionnel, il n’y a pas d’esprit de classe (grâce à des repas et voyages communs), un élève isolé peut donc le rester pendant ses 2, 3 ou 4 années de lycée.

Gages de qualité de l’enseignement

Importance de la relation profs – parents – élèves : tous les parents rencontrent obligatoirement et au minimum deux fois par an tous les professeurs un par un, puis en plénière.
La confiance et l’autonomie accordée au corps enseignant augmente la créativité, responsabilise et permet d’éprouver du plaisir à enseigner, contrairement aux systèmes directifs.

Avantages préalables de la Finlande

Une ferme et globale politique de l’égalité des chances.
Tradition de lecture bien ancrée (de longue date une condition sine qua non pour le mariage était d’être capable de lire !).
Education élevée des mères depuis longtemps.
Programmes de télévision non doublés depuis la réforme de l’enseignement : tout est sous-titré en finnois, ainsi les enfants baignent dans les langues étrangères (et apprennent à lire).
Modèle social performant, insufflant de l’assurance : taux de chômage plutôt faible lié à un niveau de qualification élevé (au point que des entreprises se délocalisent en Finlande pour cette raison). Le chômage rémunéré est impossible pour les jeunes : ils doivent suivre une formation qualifiante.


Economies

Le budget de l’enseignement finlandais correspond, par élève et en euros, au budget de l’enseignement de la Communauté française, mais l’organisation diffère complètement :

Un seul réseau.
Pas d’options : tronc commun.
Moindre coût de la remédiation par rapport au coût de la relégation (auquel il faut ajouter le coût social).
Classes de 35 à 40 élèves au lycée (de 16-19 ans jusqu’à 20 ans).
Pas de personnel éducatif ni de permanence pour la surveillance, les élèves ne sont encadrés que de leurs professeurs.
Pas de personnel administratif dans l’école : le directeur est déchargé de maximum la moitié de sa fonction pour exercer celle de directeur.
Pas de personnel administratif externe à l’école : le peu d’administration nécessaire est assumé par la commune.
Peu de personnel d’entretien : les enfants y participent.
Pas d’inspecteurs pédagogiques (L’Etat finlandais ne donne que les normes minimales que les écoles doivent atteindre. L’évaluation de l’enseignant se fait via les résultats des élèves au concours commun).
Pas de personnel pédagogique en dehors des écoles (la formation continue sur base volontaire se fait entre enseignants en fonction).

Actuellement, en Communauté française, un enfant sur deux arrive avec au moins une année doublée en fin de cycle secondaire, ce qui coûte 300 millions d’euros, soit près de 6% du budget de l’école. Quoique le coût d’un élève de la Communauté française soit équivalent à celui d’un élève finlandais, il faut y ajouter le coût social de la discrimination et de la relégation, incommensurable chez nous (pays aux écarts les plus élevés entre les élèves – écarts étroitement liés au niveau socio-économique des élèves). Un changement de système pédagogique nécessiterait de plus gros fonds dans un premier temps mais ceux-ci pourraient être imputés aux secteurs sociaux qui bénéficieraient de ces mesures par la suite. Rappelons que si le % du PIB accordé par la Finlande à son enseignement est bien supérieur à celui accordé par la CF (la Finlande étant globalement plus pauvre), le coût d’un élève en CF est actuellement similaire à celui d’un élève finlandais.

Globalité des intérêts

Au vu des résultats d’excellence récoltés par l’expérience finlandaise dont peu de pays ont à ce jour profité, il faut se poser la question de savoir pourquoi cette haute qualité pédagogique n’a pu être valorisée plus tôt au même titre que n’importe quel projet de développement. Quoiqu’on prenne en compte la modestie, l’isolement et le manque de moyens de la Finlande pour en faire la publicité, il faut déplorer le manque d’institutions internationales dans le domaine de l’éducation et la résistance au changement des enseignements traditionnels. Retenons donc de suite la ligne de force de cet enseignement qui a gagné le pari de former tous les enfants à devenir de complets citoyens et professionnels, c’est que la politique finlandaise place réellement l’enseignement dans un tout économique et démocratique. Car former une petite élite et beaucoup de travailleurs peu qualifiés est un leurre dans une société industrialisée : nous avons besoin principalement de travailleurs hautement qualifiés ; car former seulement une petite élite citoyenne est un leurre dans une société démocratique : nous avons besoin de citoyens responsables pour sa sauvegarde et pour le développement.

1 COMMENT

  1. Organisation et politique de l’enseignement finlandais
    Beaucoup d’informations dans cet article, intéressantes malgré une certaine confusion (infos éparses manquant parfois de contextualisation ou de précision pour leur donner du sens), mais il y a malgré tout quelques inexactitudes, du moins selon les enseignantes finlandaises que je connais. Celle qui me frappe le plus (étant moi-même prof de langues) c’est l’affirmation selon laquelle tous les profs de langues étrangères seraient « natifs »: mes amies finlandaises enseignent le français, le suédois ou l’anglais, et ce n’est pour aucune d’entre elles leur langue maternelle.
    Certes, c’est un détail, mais qui laisse craindre d’autres erreurs de ce type, ou généralisations abusives. Or transformer le « modèle finlandais » (auquel je crois en grande partie) en « mythe » avec des informations peu rigoureuses, pourrait au contraire jouer contre les idées de fond que l’on veut transmettre (tel l’intérêt prouvé du tronc commun), discréditer l’ensemble par manque de rigueur….Ce serait dommage !

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