Supprimons les cours d’art, ouvrons des prisons !

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Serait-ce la devise de la Communauté Française de Belgique? Après la massive suppression d’emploi parmi les enseignants en 1996, la suppression du redoublement, la diminution globale de la dotation aux établissements scolaires, la Faucheuse continue son travail. Un « petit coup » par-ci, un « petit coup » par-là, personne ne bronche car il vaut mieux ne pas s’occuper des affaires des autres. Ça concerne l’enseignement ? Ce n’est rien, je ne suis plus à l’école. C’est contre les arts ? Je ne suis quand même pas artiste… Ça concerne l’enseignement officiel ? Peu importe, je suis dans le réseau libre… Aujourd’hui, le grain d’Arena (« sable » en espagnol) s’est à nouveau glissé dans la machine pédagogique. Pour l’égalité des chances, pour la sécurité, pour la performance de l’éducation c’est la douche froide.

Cette fois, c’est au tour de l’enseignement des disciplines artistiques dans les établissements de la communauté française de payer son tribut à l’économie. Demain quelle autre matière ? Qui d’autre ? Oui, la culture coûte cher, mais qu’en est-il de l’ignorance ? S’est-on posé la question de savoir combien elle rapporte ? Si c’est chiffrable…

Les arts : un moyen de communication pacifique et d’intégration.

De nombreux jeunes restent attachés à l’école par les cours d’éducation plastique et/ou musicale. Comment apprendre à s’exprimer autrement que par la violence ou la froide rationalité? L’art est un exutoire à toute la violence qu’ils accumulent et à laquelle ils ne savent comment répondre. Certains découvrent qu’ils sont capables de réaliser quelque chose de positif, d’autres renforcent leur sentiment d’amour-propre et de maîtrise de soi. Il y avait récemment 80.000 personnes dans les rues pour réclamer plus de sécurité. Par le truchement d’un état policier ou par la revalorisation de l’acte éducatif ?

Le pouvoir organisateur de l’enseignement de la communauté française est représenté par la Ministre Présidente Maria Arena. Le projet de décret relatif à l’organisation pédagogique du 1er degré de l’enseignement secondaire qu’elle a présenté va n’attribuer qu’une seule période par semaine à l’éducation artistique, sans en définir les composantes. Cette proposition va générer de réelles pertes d’emplois, de près de 33%, soit de 100 à 120 équivalents temps plein. Et, pire, risque de priver de nombreux élèves d’un contact avec l’un ou l’autre des domaines artistiques. L’accès aux diverses matières ainsi lésées se ferait par le biais d’activités complémentaires à caractère artistique. Pour autant que celles-ci soient proposées au choix des élèves, ce qui est loin d’être garanti.

Ce projet voit le jour, ce malgré les recommandations de l’UNESCO qui insiste sur l’importance de l’enseignement artistique – pour son aspect créatif, son rôle fondamental dans l’enseignement, la promotion des arts, le dialogue entre les cultures et la diversité culturelle. De son côté, le Conseil de l’Europe insiste sur la sauvegarde de la culture européenne et son développement en tant que composante essentielle contribuant à l’épanouissement de la personnalité de l’individu, insistant sur le rôle capital de l’école dans cette initiation, de la crèche jusqu’en fin du secondaire. Le Conseil De l’Europe préconise que les moyens attribués aux disciplines artistiques soient développés, malgré les difficultés budgétaires. Selon l’enquête PISA 2003, la Finlande est championne toutes catégories pour l’Europe, en langue maternelle comme en math et en science. Il est bon de souligner qu’en plus du développement d’une école équitable, ce pays attribue sa réussite, entre autres, au grand nombre d’heures d’éducation artistique qui y sont dispensées. En effet, de la 1ère à la 6ème année primaire, les élèves ont 38 périodes de cours dont 3 périodes d’éducation artistique. De la 1ère à la 3ème année secondaire, ce nombre de périodes passe à un minimum de 6 par semaine.

Que cherche la ministre en réduisant le nombre d’heures maximal de 34 à 32 périodes par semaine et en ne consacrant qu’une seule période d’éducation artistique par semaine de la 1ère et la 2ème année secondaire? La Communauté Flamande de Belgique, qui flirte avec les premiers de classe de l’enquête PISA 2003 (toujours en langue maternelle, math et science), propose, elle, deux périodes par semaine de la 1ère à la 4ème année secondaire. Certaines écoles secondaires privées proposent des cours artistiques (en section gréco-latine) à concurrence de 2 et 3 périodes par semaine pendant 5 ans (Scholanova). À l’école européenne, il est possible de suivre 4 périodes d’éducation artistique de la 1ère à la 5ème secondaire.

Quand un inspecteur, qui ne sait ni nager ni chanter, affirme que les cours de natation et de musique sont inutiles car ça ne l’a pas empêché d’être un haut fonctionnaire, ça laisse songeur. Devons-nous supprimer l’enseignement dès l’âge de 14 ans au prétexte qu’un de nos ministres a dû abandonner ses études à cet âge pour aller travailler à la ferme familiale ?

Olivier Poumay

1 COMMENT

  1. …avec la non pensée recherchée !!!…
    Mon information est peut-être erronée, mais il me semble que le but de retirer des heures d’activités artistiques ne serait due que pour ajouter une heure de français en première secondaire et une heure de mathématique en deuxième secondaire.
    Cette mesure serait prise pour palier à l’échec du primaire. Je demande une confirmation de cette information, mais si elle est vraie, cela n’empêcherait évidemment pas l’échec du primaire de se poursuivre.

    Une réflexion à ce sujet pourrait être exploitée. Les tables de multiplications ne sont pas enseignées correctement : les élèves apprennent les tables non pas
    2×6=12 mais la table par deux comme suit 2,4,6,8,10,12,… ce qui élimine là la pensée : « sujet – verbe – complément », structure de base du langage et si je poursuis mon investigation, l’apprentissage de la lecture se fait encore par la méthode globale, voire semi-globale et non plus exclusivement syllabique qui était de cours précédemment. Et lorsque je réfléchis, pour la lecture et donc l’écriture mais aussi pour la parole ce n’est jamais du global dont il est question. Essayer de dire la phrase précédente en global… essayer, essayer… Impossible.

    Confronté à 2×6, l’enfant n’a pas le réflexe du lien évident avec 12. Il va faire une énumération 2,4,6,8,10,12, en comptant sur ses doigts pour s’arrêter à 6 qui lui donne la réponse 12. De même, dans la pensée, la réflexion se construit non d’une manière globale mais par étapes successives avec un début et une fin.

    L’enfant a apris tout seul à marcher, en découvrant le point de rupture de l’équilibre: « en tombant », et surtout pour arriver au bout de la pièce, il fallait faire des pas successifs indispensables. La vie n’est jamais de « global », « le blé », mais toute une vie de « graine de blé » à « plante mûre ». Et 3×4 me donne aussi 12 et 4×3 également et puis 6×2 encore.

    Le cerveau n’est pas construit correctement, l’analphabétisme augmente, la vie même est niée, ce qui implique que l’art lui-même n’a pas de sens pour ces gens là. Et rien qu’avec ses deux erreurs « tables de multiplications et méthode globale » on détruit l’humain !

    un prof de math , science , électronique

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