Y a-t-il un pilote dans l’avion ?

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La pénurie d’enseignants s’est encore aggravée cette année : il suffit d’interroger n’importe quel responsable de terrain pour s’en convaincre. Elle touche toutes les écoles, sans exception. La pénurie est devenue la norme et de nombreux élèves sont privés de certains cours pendant plusieurs mois. Leur droit à la connaissance leur est ainsi nié et leur diplôme dévalué.

• De plus en plus de personnes qualifiées choisissent une autre carrière, non seulement du fait de l’évolution des rémunérations des professions directement concurrentes pour le même diplôme, mais aussi en raison d’un fait nouveau : le métier d’enseignant est devenu beaucoup plus complexe, donc plus exigeant. Or, on ne peut pas demander plus sans offrir plus : la profession d’enseignant n’échappe pas aux lois du marché, elle doit redevenir compétitive.

• Pour que les élèves puissent atteindre 100% des compétences prévues aux programmes, ceux-ci ont besoin en permanence de 100% d’enseignants ayant la qualification et la disponibilité requises, ce qui implique de reconstituer une réserve de recrutement suffisante pour remplacer immédiatement les enseignants absents.

• Après avoir constaté l’absence de candidats avec le titre requis, les Pouvoirs organisateurs sont autorisés à engager du personnel sans formation adéquate. Les parents ne peuvent pas accepter ce type de solution, qui conduit en réalité à une baisse progressive et générale de la qualité de l’enseignement de nos enfants. La pédagogie s’apprend et se pratique, elle ne s’improvise pas.

Quelle langue faut-il parler pour se faire entendre dans ce pays ?
Il y a deux ans, une table ronde constatait la gravité du problème en Communauté française, ainsi que l’absence de données prévisionnelles, et même, ce qui est un comble, l’absence de données chiffrées sur la situation actuelle dans l’ensemble des réseaux. Les ministres en charge de l’Education avaient pris alors l’engagement de rassembler les données chiffrées permettant de mesurer l’ampleur de la pénurie et de ses conséquences sur la qualité de l’enseignement. Deux ans plus tard, pas de nouvelles…, sauf que ce point apparaît au programme de certains partis !
Il y a un an, les fédérations d’associations de parents de Belgique, du Nord et du Sud du pays, tous réseaux confondus, s’exprimaient ensemble, d’une seule voix, dans leur Déclaration1) du 20 janvier 2003 intitulée : « LES BUDGETS PUBLICS DOIVENT ETRE ADAPTES D’URGENCE EN FAVEUR DE L’ECOLE ». En réponse à notre appel, les plus hauts responsables des 4 partis francophones nous avaient déclaré par lettre, avant les élections fédérales de 2003, que leurs formations respectives adhéraient à cette Déclaration.

Et depuis lors ?…RIEN ! Pas la moindre perspective d’une solution de refinancement à long terme, si ce n’est quelques promesses de revalorisation marginale, qui se négocient actuellement dans le cadre des accords de juin 2001, mais qui sont totalement insuffisantes pour renverser la tendance à l’aggravation de la pénurie constatée dans tous les réseaux.

Le seul élément neuf de ces derniers mois figure dans une communication intitulée « Education et formation 2010 » que la Commission européenne a préparé pour le Conseil de mars 2004, où on peut lire : « D’ici à 2015, du fait notamment des départs en retraite, plus d’un million d’enseignants devront être recrutés. Or l’Union se trouve confrontée à une véritable pénurie de candidatures qui soulève la question cruciale de l’attrait de la profession et de sa capacité à conserver les meilleurs talents. La persistance de ces faiblesses est d’autant plus inquiétante que les effets des investissements et des réformes sur les systèmes ne se font sentir qu’à moyen, voire à long terme. »
Et dans le même temps, certains parents commencent sérieusement à rechercher des solutions alternatives au service public d’enseignement, moyennant payement, bien entendu !
Soyons clairs : il serait totalement injuste pour notre jeunesse, qui est l’avenir de ce pays, de voir un enseignement privé venir progressivement offrir une qualité de service éducatif dont l’enseignement public ne serait plus capable, car cela transformerait notre système éducatif en un système dual au bénéfice des familles les plus riches. L’enseignement n’est pas une marchandise.
L’école publique, gratuite et élitaire pour tous est une des conditions de la démocratie, de l’égalité des chances et de la promotion sociale. Les Pouvoirs publics doivent se moderniser afin d’exercer plus efficacement leurs responsabilités de Pouvoirs organisateurs, et ils doivent s’en donner les moyens. Il n’y a aucune raison qu’une école publique ne soit pas au moins aussi performante qu’une école privée.

Devant l’ampleur de la pénurie, et l’absence actuelle de propositions crédibles pour y remédier, notre devoir de parents responsables est de dire haut et fort à l’ensemble des candidats aux élections communautaires et régionales :

• Que ceux qui minimisent la pénurie, parce qu’ils ne se sentent pas capables d’y remédier, s’occupent d’autre chose…, au nom de nos enfants, qu’ils s’en aillent !

• Et que ceux qui la prennent au sérieux, qui se sentent responsables d’y remédier, qui s’en sentent, et la compétence, et la volonté, nous disent ce qu’ils proposent, concrètement et en temps utile, afin que parents, grands-parents et familles, nous puissions faire notre choix d’électeur en pleine connaissance de cause.

CANDIDATES, CANDIDATS, QUE PROPOSEZ -VOUS ?

F.A.P.E.O.
Fédération des Associations de Parents de l’Enseignement Officiel
Rue de l’Autonomie, 22
1070 BRUXELLES

Tél. : 02/527.25.75
Fax : 02/527.25.70
e-mail : secretariat@fapeo.be
Internet : www.fapeo.be