Mémorandum

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A l’initiative de la Ligue des Droits de l’Enfant, 7 associations et deux personnalités académiques ont décidé de créer une plateforme de lutte contre l’échec scolaire. En travaillant sur base du consensus, la plateforme est arrivée à un Mémorandum reprenant les revendications communes en matière d’enseignement. Ce mémorandum a été présenté à la presse ce mercredi 5 mai 2004. Les membres de la plateforme considèrent ce mémorandum comme une étape et comptent bien collaborer dans la suite, éventuellement avec d’autres associations, afin de forcer les changements nécessaires pour lutter contre le fléau de l’échec scolaire
Les autres associations signataires sont:
la Fédération Francophone des Ecoles de Devoirs
la Code (Coordination des ONG pour les Droits de l’Enfant)
la CGé (Changements pour l’égalité)
La Ligue des Familles
ATD-Quart Monde
et bien sûr la Ligue des Droits de l’Enfant

Mémorandum

Le rôle de l’école devrait être de rendre accessible à chacun le bagage de connaissances et de compétences nécessaires pour appréhender le monde et pour participer activement à sa transformation vers plus de justice. « Chacun » signifie tous les élèves indépendamment de leur sexe ou de leur origine sociale, religieuse, ethnique ou nationale .

Manifestement, l’école actuelle ne remplit pas ce rôle car elle sélectionne et exclut essentiellement sur base de l’origine sociale. Le stress, l’échec, les conditions matérielles déplorables engendrent dans le chef de certains élèves, et par corollaire de certains enseignants, une souffrance, elle-même à l’origine de brimades et de violences, sources de nouvelles souffrances.

Relever ce défi implique la mise en place de réformes du système éducatif qui devraient s’articuler comme suit :

I. Volet qualitatif

1. Faire en sorte que les difficultés d’apprentissage soient anticipées et, le cas échéant, décelées et traitées rapidement, prioritairement au fondamental.

Objectifs opérationnels :

1.1 Réduire le nombre d’élèves par classe à 15 élèves dans le primaire (en priorité dans les premières années).

1.2 Mettre en place des dispositifs de remédiations multiples (enseignants sans classe davantage spécialisés dans les troubles d’apprentissage, professionnels présents dans l’école : logopèdes, spécialistes de la dyslexie, dyscalculie, valoriser les innovations pédagogiques des enseignants de terrain et en particulier les travaux d’équipes, …) en évitant toute forme de stigmatisation.

1.3 Augmenter l’encadrement logistique (secrétariat, équipements, …) afin de faire en sorte que les directeurs d’école jouent un rôle d’animateur pédagogique.

2. Prolonger le tronc commun jusqu’à 16 ans afin de retarder le plus tard possible la sélection et d’éviter les relégations.

Objectifs opérationnels :

2.1 Le tronc commun doit comprendre une formation générale, technique, artistique et sportive identique pour tous. Ceci impliquera, entre autre, de repenser le temps scolaire

2.2 Promouvoir la transition entre les cycles (fondamental/secondaire, secondaire/supérieur).

2.3 Supprimer le redoublement dans le tronc commun. Le redoublement n’apporte pas les effets correcteurs attendus et sera de toute façon devenu obsolète grâce aux différentes mesures proposées.

3. Assurer l’accès plein et entier de tous à l’enseignement au travers d’une vraie gratuité. En effet, la réclamation de frais entraîne une discrimination entre élèves et familles et compromet la bonne intégration scolaire et la scolarité même.

Objectifs opérationnels :

3.1 La gratuité totale de l’enseignement fondamental et secondaire est un objectif à viser : aucun frais ne devrait être réclamé aux familles pour tout ce qui concerne la fréquentation scolaire (livres, fournitures scolaires de base, transport si nécessaire, garderie de midi) et les activités pédagogiques organisées par l’école (piscine, visites, spectacles, séjour à l’extérieur).

3.2 Développer la vigilance de tous afin de réduire ce coût en menant diverses actions (au niveau du Conseil de participation, revoir à la baisse la liste des frais admis par l’article 100 du décret missions, encourager les pratiques d’économies, veiller à ce que les écoles pratiquent effectivement le coût réel, réclamer la transparence des comptes financiers des écoles de tous les réseaux, exiger l’application de la loi qui interdit le marketing et la publicité dans les écoles)

3.3 Développer des pratiques de solidarité ;

4 Accentuer la différenciation positive pour un financement des écoles sur base de l’origine socio-économique des élèves et pour une vraie hétérogénéité sociale.

5 Améliorer la communication entre les écoles et les familles. En effet, les bonnes relations entre familles et école sont essentielles pour la réussite scolaire et particulièrement lorsque les familles sont culturellement éloignées de la culture scolaire.

5.1 Prévoir, dans l’école, des temps, des lieux, des personnes, des moyens pour s’informer, se rencontrer et se parler, dans une vraie relation familles/école.

6 Renforcer les évaluations du système éducatif afin de mieux le piloter.

Objectifs opérationnels:

6.1 Disposer de données statistiques fiables qui permettent de mieux réguler le système éducatif.

6.2 Mettre à la disposition des enseignants les outils/manuels/matrices d’évaluation leur permettant de rencontrer les prescrits pédagogiques des décrets.

7 Oser un débat sociétal sur la concurrence entre écoles. La Belgique, et particulièrement la Communauté Française, a la variance entre écoles la plus considérable des pays de l’OCDE. Cette variance, conséquence de la concurrence anarchique entre établissements, est la cause principale des écarts entre élèves.

II. Volet quantitatif

L’ensemble de nos propositions nécessite un investissement financier important. Même s’il faut tenir compte du fait que la suppression du redoublement entraînera une économie non négligeable, il ne fait pas de doute qu’au total un réinvestissement s’impose, d’autant plus que le salaire des enseignants n’a plus été augmenté depuis plus de dix ans et qu’il faudra bien en tenir compte si on veut lutter contre la pénurie.
Au début des années 80, notre pays consacrait encore 7 % de son PIB à l’enseignement. Aujourd’hui, nous ne dépassons pas 5 %. Pourtant, la situation de crise sociale s’est aggravée, rendant la tâche de l’école à la fois plus importante et plus difficile. Un retour à cette situation (7 % du PIB) nous semble donc indispensable.

2 COMMENTS

  1. > Mémorandum
    Comment faut-il interpréter « Accentuer la différenciation positive » ? Serait-ce le développement des discriminations positives telles qu’on les connaît actuellement ? Pourquoi ce système ne serait-il pas lui aussi obsolète  »
    grâce aux différentes mesures proposées »?

    • > Mémorandum
      D’accord avec l’idée que les discriminations positives doivent devenir obsolètes. Pour arriver à un système éducatif plus égalitaire, nous pensons néanmoins qu’il faut les renforcer dans un premier temps, c à d financer beaucoup mieux les écoles qui ont un « public » socialement défavorisé afin de permettre un meilleur encadrement et la mise en place de remédiations.
      Désolé de répondre si tard, mais je n’avais pas vu ce message.

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