Sauvé du développement durable

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Sauvé ! On est sauvé ! « Rio + 20 » est évidemment l’occasion de faire le bilan du « développement durable ». Moins ceux qui, comme Serge Latouche, ont brillamment dénoncé la supercherie intellectuelle depuis le départ, que tous ceux qui avaient placé leurs espoirs dans ce nouveau « concept » en 1992. Ainsi Lucie Sauvé, spécialiste de l’éducation relative à l’environnement à l’Université du Québec à Montréal, déclare dans Symbioses n° 94 : « L’imposition du développement durable en éducation, c’est l’invasion d’une vision du monde réductrice qui entrave le développement d’une pensée critique et la possibilité d’entrevoir d’autres formes de rapport au monde. » (p. 10) Jean-Michel Lex, fer de lance de l’éducation vers un développement durable en Belgique, dresse aussi un constat mitigé : « On a tenté de faire de la verdure plutôt que de changer les systèmes économiques. On a très peu pensé à la manière dont on allait aider les populations à participer à des réorientations de l’économie et de la consommation, à des modèles de rapport à la nature et à la planète. » (p. 11) Ceci montre que rien n’est jamais perdu, même s’il aura fallu vingt ans à certains pour abandonner leurs illusions (et je ne fais pas spécialement allusion ici à L. Sauvé et J.-M. Lex). Maintenant, passons donc à autre chose : par exemple, une éducation qui donnerait enfin à la décroissance la place qui lui reviendrait : celle du mouvement d’écologie politique le plus pertinent depuis le début de ce siècle.