Une réponse trop courte à une question urgente

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La Ministre Présidente de l’enseignement en Communauté française a décidé d’interdire les aliments sucrés à l’école. Il s’agit, à notre sens, d’un trop petit pas dans une problématique beaucoup plus vaste. La lutte contre la mauvaise alimentation chez les jeunes est, effectivement, un problème de santé publique mais doit être abordée dans sa globalité.

Objectif insuffisant

Supprimer les distributeurs de soda et d’aliments sucrés dans les écoles est un premier pas. Il est cependant loin d’être suffisant. Sans l’éducation, cette mesure risque d’être contre-productive. La diabolisation du tabac, par exemple, n’a fait que renforcer son pouvoir d’attrait chez les jeunes. Il y a donc lieu de mettre, au sein de l’école, une véritable éducation aux bonnes habitudes alimentaires.

L’obésité : la pointe de l’iceberg

En ne visant que les distributeurs de sodas et aliments sucrés ainsi que les cantines scolaires, la ministre de l’enseignement voit le problème par le mauvais côté de la lorgnette. En effet, l’obésité n’est qu’un symptôme de la mauvaise alimentation, en quelque sorte la pointe émergée de l’iceberg. Le problème est plus profond. Il faut y ajouter les manques d’activités physique (l’école n’est pas un exemple en la matière), les problèmes de marginalisation sociale et de pauvreté. En somme la question est mal posée. Il ne s’agit pas de savoir comment mangent les jeunes mais comment vivent-ils ? La problématique est sociétale et doit donc recevoir une réponse globale. La lutte contre l’obésité passe par l’égalité sociale.

Le problème de la publicité à l’école

Transformer les distributeurs de sodas en distributeurs d’aliments sains ne modifiera pas le problème. Encore faut-il donner aux jeunes l’envie de les acheter. Remplacer Coca-Cola par Danone ne changera rien à la mauvaise alimentation des jeunes (qui est une question d’éducation). Par contre, cela continuera à marchandiser l’école. Nous ne pouvons admettre que les enfants, au sein des établissements scolaires, soient vendus aux marques. Depuis 1959, la publicité – et donc les marques – est interdite au sein des établissements scolaires. La loi doit, tout simplement, être respectée.

Le rôle des enseignants

Interdire les aliments sucrés à l’école primaire est impossible sans transformer les instituteurs en surveillant. Que feront-ils en cas d’introduction illicite d’aliments sucrés ? Des sanctions seront-elles appliquées ? Sur base de quel droit ? « Nul ne peut être sanctionné pour un acte qui ne porte atteinte qu’à lui-même. » Selon ce principe élémentaire du Droit et indiscutable dans une démocratie, un enfant qui mangerait un aliment sucré, alors même que cela serait interdit dans un cadre de santé publique, ne peut en aucun cas être sanctionné. L’éducation à la santé passe par des enseignants correctement formés et à qui on a fourni les outils nécessaires à leur mission. La mission des instituteurs est pédagogique et doit le rester.

Jean-Pierre Coenen, Président

[->http://www.liguedesdroitsdelenfant.be]