Manifeste de Bogota. Pour le droit à une éducation publique de qualité, gratuite, obligatoire et à charge de l’Etat

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Bogota, samedi 4 octobre 2003

La communauté éducative, les organisations sociales et syndicales, les Organisations Non Gouvernementales, les étudiants, mères et pères de famille, de larges secteurs des universités publiques, les instituteurs et institutrices organisés au sein de la Fédération Colombienne d’Educateurs FECODE, en présence de plus de 1200 personnes et du Docteur Katarina Tomasevsky, rapporteur des Nations Unies pour le Droit à L’Education, avec la participation de l’Internationale de l’Education (IE)et la présence de délégués internationaux du Brésil, des Etats Unis, du Costa Rica et du Chili, réunis lors du Deuxième Forum National de Défense de l’Education Publique, dans la ville de Bogota, les 2, 3 et 4 octobre 2003,

Déclare

L’humanité est confrontée à une des plus grandes menaces de l’histoire: la globalisation néolibérale. Le pouvoir des multinationales, la guerre, la misère de millions d’êtres humains, la colonisation culturelle et l’absence de droits économiques, sociaux et culturels ont conduit à la destruction systématique de la souveraineté des nations, du patrimoine public, du déjà précaire Etat de Droit Social, de l’appareil productif national, de l’identité culturelle des peuples et de l’éducation publique. En particulier, le modèle économique et politique a démantelé nos sociétés et soumis nos peuples à la pauvreté. En Colombie, 27 millions d’habitants sont au-dessous du seuil de pauvreté, 13 millions d’entre eux sont indigents. Quatre millions d’enfants n’ont pas accès à l’école, on compte 2 millions et demi de personnes déplacées et le conflit interne renforce la crise humanitaire et la violation flagrante des droits humains. Ce contexte de crise est aggravé par la politique de « Sécurité Démocratique » du gouvernement national et par l’imposition de la  » Zone de Libre Echange Commercial des Amériques (ALCA) », qui, avec le plan Colombie, contribuent à l’extension de la stratégie de recolonisation impérialiste.

Le pouvoir des multinationales et la consolidation de la logique impérialiste représentent deux aspects centraux de l’aggravation de l’ignorance, de la pauvreté et de la mort comme résultats du modèle néolibéral. Jamais comme aujourd’hui, l’existence même de tant d’êtres humains, celle de la planète, n’ont autant été en jeu au niveau mondial. Ainsi donc, la politique de globalisation néolibérale fait apparaître la guerre comme principe de base des relations internationales, instrumentalisant de façon perverse le discours de paix.. Dans ce contexte, il est nécessaire de travailler à la construction d’une pensée éducative, critique et constructive qui permettra à la société civile, au monde scolaire national et international d’inventer des formes de résistance efficaces, et de reconnaître qu’un monde alternatif est possible.. Réinstaller une réflexion, là où le modèle hégémonique a créé de grands vides de subjectivité. Il faut reconnaître que le modèle néo-libéral crée ses propres règles à partir de sources multiples, qui assurent son existence et sa permanence dans le temps. Rompre cette logique de coproduction implique de faire appel à l’intelligence éducative et démocratique pour imaginer d’une autre manière le monde que nous souhaitons..

Le néolibéralisme cherche à contrôler les systèmes éducatifs pour y implanter la logique du marché et universaliser la pensée unique. Le marché, en remplaçant les processus de formation et d’identité culturelle par des systèmes d’ajustement fiscal, par la privatisation, « l’optimisation » des dépenses, la soumission à la demande, la dérégulation du travail, la rationalisation des institutions, la compétitivité et la standardisation, conduit à de sérieuses limitations et à la négation du droit fondamental à l’éducation, gratuite, obligatoire et prise en charge par l’Etat. De cette façon, les progrès obtenus dans la Loi 115 se sont vus amputés voire déniés. L’Acte Législatif 01 et la Loi 715 ont porté atteinte à l’autonomie scolaire, au financement par l’Etat, à la démocratie scolaire, à la professionnalisation des enseignants et à la qualité de l’éducation.

Ces mesures, imposées par le FMI visent à augmenter les gains des multinationales et à assurer la réalisation des engagements signés avec les organismes multilatéraux, équivalents à 60% du revenu national, elles sapent la souveraineté nationale, les conditions de vie et le bien être de la population. Cette politique aggrave la dette extérieure, déjà irremboursable, ce qui, avec les dépenses de guerre, empêche la satisfaction des aspirations démocratiques de l’éducation, la science, la culture, la santé et le sport.

La violation flagrante des droits de l’homme en Colombie est un affront à la dignité humaine, elle empêche de garantir le droit à l’éducation. Les déplacements forcés et la crise humanitaire, la vague d’assassinats, les menaces contre les enseignants et les jeunes, la judiciarisation, les mises au pas, non seulement laissent des séquelles chez les nouvelles générations, mais plongent aussi les écoles colombiennes dans l’insécurité. Depuis janvier 2000, 192 enseignants ont été assassinés, dont 58 sous le gouvernement actuel; ils sont plus de 5000 menacés et obligés d’abandonner école et domicile. On cherche ainsi à éliminer toute conscience critique dans notre société, aussi bien que ses principaux lieder sociaux et politiques; la situation est aggravée par le désintérêt de l’Etat pour mettre en place une formation permanente et protéger le droit à la vie des éducateurs. Le secteur universitaire a également été touché de manière dramatique.

Dans ce cadre, la politique de « Révolution Educative » du gouvernement de Alvaro Uribe Velez, a accentué la privatisation et la marchandisation de l’éducation. En adoptant les orientations de l’OMC et de la banque multilatérale, elle a réduit le budget d’investissement social en éducation, imposé un statut de déprofessionalisation de l’enseignement, ignorant la pédagogie, imposant un système de plans et de programmes élaborés par les organismes internationaux de crédit. Elle a démoli l’éducation publique par un système de concession des collèges, le recours à l’autofinancement, l’achat et la vente de services et de franchises, la standardisation par des indicateurs de gestion, l’adoption de critères nuisibles à la souveraineté nationale et à l’autonomie scolaire, par la transformation de l’éducation en entreprise de production assujettie au libre marché de l’offre et de la demande, en prescrivant des standards financiers de compétitivité, de rentabilité commerciale et de « gestion rationnelle des moyens ».

Avec le leurre d’une « décentralisation », on gèle et on diminue les apports nationaux pour se décharger sur la région du financement de l’éducation. On supprime les droits acquis du corps enseignant, on réduit le nombre d’enseignants en fusionnant les institutions éducatives, éliminant en passant le fonctionnement démocratique de l’école, et on supprime l’autonomie. On augmente l’entassement d’élèves dans les classes, les taux de redoublement et d’abandon croissent. ; on supprime les écoles maternelles, les formations techniques en cours du soir et on prétend soumettre les enseignants à des évaluations punitives, dénaturant la pensée formative, générant des divisions entre maîtres et chefs d’établissement. On élimine de la fonction d’Inspection ses aspects de conseil, de soutien et d’accompagnement.

En général, la pauvreté, la misère et le déplacement des populations portent atteinte aux conditions d’accès des enfants à l’école ; les efforts de protection connaissent une crise majeure, telle la désertion de l’école par des enfants et des jeunes plongés dans le désarroi et la violence.

La situation est également grave en ce qui concerne l’université publique, victime de l’asphyxie économique et de la contre-réforme universitaire qui cherche démanteler administration et enseignement, soumettant l’université au contrôle politique, affaiblissant et ignorant les droits des professeurs et du personnel administratif, foulant aux pieds l’autonomie et portant atteinte aux libertés d’enseignement, de pensée et de recherche.

Devant cette crise aiguë de l’éducation, le Deuxième Forum de Défense de l’Education Publique déclare :
1 – Continuer le processus de Mobilisation Sociale de Défense de l’Education Publique, comme droit fondamental que réclament l’opinion publique, la société civile, le parlement et le pays tout entier. Inscrire la lutte pour le droit fondamental de l’éducation dans un ample mouvement d’idées, expériences, espaces et initiatives qui mettent en avant la récupération de la dimension formative, sociale, scientifique, pédagogique et démocratique de l’éducation dans des conditions sociales favorables, comme la nutrition, la santé, le divertissement et le loisir.

2 – Proposer un Accord National pour le droit à l’éducation susceptible de fédérer les bonnes volontés des secteurs sociaux et politiques de la nation porteurs des principes d’égalité et de justice sociale, pour obtenir une éducation publique de qualité, gratuite, obligatoire et à charge de l’état.

3 – Reconnaître, et c’est fondamental, les propositions et les projets du Mouvement Pédagogique dans ses différentes expressions : le Ceid national, Les Ceid régionaux, la revue Education et Culture, la Commission Pédagogique Nationale (EPN), les projets innovants des universités, les équipes de travail, les réseaux, le travail des corporations universitaires, les ONG éducatives; agir pour la récupération du savoir pédagogique, la reconnaissance de la profession d’enseignant et le développement de la recherche et des expériences pédagogiques. Malgré la franche opposition du gouvernement national et malgré sa politique, ce deuxième Forum a fait la preuve de son engagement politique et intellectuel en développant des projets innovants, en s’organisant selon diverses modalités de travail pédagogique et en générant des méthodes de recherche. En conséquence, nous affirmons notre volonté de convoquer l’an prochain un Congrès Pédagogique National pour promouvoir la richesse des pratiques d’enseignement.

4 – Engager nos efforts, projets et organisations dans un grand mouvement pour la défense de l’éducation publique dans la lutte volontariste pour sa reconnaissance et son respect par la société et l’Etat ; pour la gratuité et l’obligation scolaire ; pour obliger l’Etat à respecter les Pactes et Accords Internationaux en matière de droits économiques, sociaux et culturels ; pour promouvoir la construction collective d’une notion de qualité de l’éducation fondée sur l’autonomie scolaire, les pratiques pédagogiques, la liberté d’enseignement, la sauvegarde et le développement des différentes ethnies, cultures et pratiques pédagogiques, le savoir pédagogique, la défense des droits politiques, sociaux des enseignants et des universitaires.

5 – Renforcer politiquement le monde de l’éducation ( maîtres, travailleurs, citoyens) et les politiques publiques afin de recouvrer les multiples dimensions de la participation et la vraie démocratie; entreprendre un processus de valorisation de la profession d’enseignant et du savoir qui lui est propre : la pédagogie, aujourd’hui otage du délire autoritaire.

6 – Promouvoir et consolider la proposition de la Table Ronde pour le Droit à l’Education, par le biais de multiples initiatives comme la Campagne Nationale pour le Droit à l’Education, qui contribuent à construire une conscience nationale de ce droit comme axe d’articulation des autres droits.

7 – Impulser une assemblée constituante éducative au niveau municipal, local, départemental et national par le développement d’un réseau national incorporant les délégués mandatés, les conseils estudiantins, les associations d’étudiants, d’universitaires, de parents, d’enseignants, les communautés éducatives et académiques, dont l’objectif sera de chapeauter le Mandat Educatif National pour penser et déterminer l’avenir de l’éducation publique, la culture, la science et le sport et de lutter pour élaborer une perspective nationale fondée sur la diversité et la pluralité.

8 – Mettre en œuvre un processus de réflexions et d’actions conduisant à développer une réforme constitutionnelle qui modifie les termes de l’Acte Législatif 01 et de la Loi 715 et, de cette façon, s’engager dans une dynamique nationale de lutte en faveur de la Loi Statutaire de l’Education qui régira le Droit à l’Education.

9 – Défendre et développer la Loi Générale d’Education, en particulier l’autonomie scolaire, la direction collégiale des institutions éducatives et les missions de l’éducation. Engager les Conseils de Direction à ne pas percevoir les frais de scolarité dans les écoles, pour garantir réellement le droit des enfants à l’éducation. Récupérer le rôle des Forums Educatifs et des Conseils nationaux, municipaux et départementaux, inscrits dans la Loi 115. Exiger l’application des droits syndicaux qui s’expriment, entre autres, dans les Commissions syndicales, convertis aujourd’hui en Permis syndicaux, portant atteinte au droit à s’organiser en syndicat.

10 – Appuyer et amplifier le mouvement de défense de l’université publique, pour protéger et développer les acquis constitutionnels et légaux de l’autonomie académique, administrative, financière et politique; exiger un budget plus important et adéquat et le développement d’une politique de science et de technologie.

11 – Intégrer l’ensemble de propositions et initiatives dans un Cahier de l’Education Nationale cherchant à établir les objectifs et les actions communs à la société civile, aux organisations syndicales et populaires.

12 – Nous engager dans la Campagne Nationale d’Abstention Active contre le référendum pour empêcher que l’autoritarisme soit institutionnalisé comme modèle de domination et aggrave la crise de l’éducation publique.

13 – Appuyer les efforts de recherche d’une solution politique négociée du conflit armé interne et de la crise sociale.

En conclusion, l’élaboration d’un projet alter mondialiste, en opposition avec le modèle de globalisation néolibéral, exige l’incorporation de nouvelles forces sociales et une pensée critique qui coordonne la lutte pour la souveraineté nationale, la paix, la justice sociale et la démocratie, dans un torrent d’idées, de propositions et d’initiatives pour un monde meilleur. Le deuxième Forum national de Défense de l’Education Publique réaffirme sa proposition de diffuser et de développer dans tout le pays la conviction profonde qu’une autre éducation est possible, sur la base de la reconnaissance et de la protection du Droit à une éducation
de qualité, gratuite, obligatoire et prise en charge par l’Etat.

(Traduction : Monique Lister)

Une autre traduction

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Le texte original en espagnol]

Manifiesto por el derecho a la educación publica de calidad, gratuita, obligatoria y a cargo del estado

La comunidad educativa, las organizaciones sociales y sindicales, las Organizaciones No Gubernamentales, estudiantes, madres y padres de familia, amplios sectores de las universidades públicas, las maestras y maestros organizados en la Federación Colombiana de Educadores FECODE, con la asistencia de más de 1.200 personas, el acompañamiento de la Dra. Katarina Tomasevsky, Relatora de las Naciones Unidas para el Derecho a la Educación, la participación de la Internacional de la Educación -IE-, y la presencia de delegados Internacionales de Brasil, Estados Unidos, Costa Rica y Chile, reunidos en el II Foro Nacional en Defensa de la Educación Pública, en la ciudad de Bogotá los días 2, 3 y 4 de octubre de 2003,

DECLARA

La humanidad enfrenta una de las mayores amenazas de la historia: la globalización neoliberal. El poder de las transnacionales, la guerra, la miseria de millones de seres humanos, la colonización cultural y la falta de derechos económicos, sociales y culturales han ido destruyendo sistemáticamente la soberanía de las naciones, el patrimonio público, el precario Estado Social de Derecho, el aparato productivo nacional, la identidad cultural de los pueblos y la educación pública. En particular, el modelo económico y político ha desmembrado nuestras sociedades y ha sumido a nuestros pueblos en la pobreza. En Colombia los pobres superan los 27 millones, de los cuales, 13 millones son indigentes, 4 millones de niñas y niños no tienen acceso a la escuela, la población desplazada alcanza los 2 millones y medio y el conflicto interno acentúa la crisis humanitaria y la violación flagrante de los derechos humanos. Refuerza este contexto de crisis, la política de « Seguridad Democrática » del gobierno nacional y la imposición del Área de Libre Comercio de las Américas -ALCA -, que con el Plan Colombia, insisten en extender la estrategia de recolonización imperial.

El poderío de las multinacionales y la consolidación de la lógica del imperio constituyen dos aspectos centrales en el agravamiento de la situación de ignorancia, pobreza y muerte como condiciones del modelo neoliberal. Nunca como ahora lo que se ha puesto en juego en el ámbito mundial es la vida misma tanto de los seres humanos y del planeta; así pues, la política de globalización neoliberal hace aparecer la guerra como principio fundante de las relaciones internacionales, instrumentalizando perversamente el discurso de la paz. En este contexto se hace necesario trabajar por la construcción de un pensamiento educativo crítico y propositivo que le permita a la sociedad civil, a la academia nacional e internacional, inventar formas de resistencia efectivas, y reconocer un mundo alternativo posible. Volver a instalar el pensamiento, ahí, donde el modelo hegemónico ha creado graves vacíos de subjetividad. Hay que reconocer que el modelo neoliberal crea sus propios sujetos desde ámbitos distintos, los cuales hacen posible su existencia y permanencia en el tiempo. Romper esta lógica de coproducción implica convocar la inteligencia educativa y democrática para preservar de otra manera el mundo que hemos de darnos.

El neoliberalismo busca controlar los sistemas educativos para implantar la lógica del mercado y universalizar el pensamiento único. El mercado al sustituir los procesos de formación e identidad cultural mediante los sistemas de ajustes fiscales, privatización, focalización, subsidio a la demanda, la desregulación laboral, la racionalización institucional, la competitividad y la estandarización, conduce a un proceso de serias limitaciones y negaciones para garantizar el derecho fundamental a la educación, gratuita, obligatoria y a cargo del Estado. De este modo, los logros progresivos obtenidos en la Ley 115 se ha visto lesionados y desconocidos. El Acto Legislativo 01 y la Ley 715 han golpeado la autonomía escolar, la financiación estatal, la democracia escolar, la profesionalización docente y la calidad de la educación.

Estas medidas impuestas por el Fondo Monetario Internacional tienen el propósito de aumentar las ganancias de las multinacionales y asegurar el cumplimiento de los compromisos adquiridos con los organismos multilaterales, los cuales equivalen al 60% del presupuesto nacional, minando la soberanía nacional y las condiciones de vida y bienestar de la población. Esta política acrecienta la ya impagable deuda externa, que junto con los presupuestos de guerra, impiden el logro de las aspiraciones democráticas de la educación, la ciencia, la cultura, la salud y el deporte.

La flagrante violación de los derechos humanos en Colombia es una afrenta a la dignidad humana que impide garantizar el derecho a la educación. El desplazamiento forzoso y la crisis humanitaria, junto con la ola de asesinatos, amenazas a maestras, maestros y jóvenes, judicializaciones, allanamientos; además de dejar secuelas en las nuevas generaciones, tiene en vilo a las escuelas colombianas. Del año 2000 a la fecha han sido asesinados 192 docentes de los cuales 58 se han presentado en el actual gobierno, y son mas de 5.000 los amenazados y obligados a abandonar sus escuelas y lugar de residencia; con ello se busca eliminar la conciencia crítica de la sociedad y a unos de sus principales líderes sociales y políticos; situación que se agrava con la desatención del Estado para generar procesos de formación permanente y desprotección del derecho a la vida de los educadores y educadoras. El sector universitario ha sido afectado igualmente de manera dramática.

En este marco, la política de « Revolución Educativa » del gobierno de Álvaro Uribe Vélez, ha arreciado la privatización y mercantilización de la educación. Adoptando las orientaciones de la OMC y la banca multilateral, ha profundizado el recorte a la inversión social en educación, impuesto un estatuto de desprofesionalización docente, desconociendo la pedagogía, imponiendo un sistema de planes y programas trazados por los organismos internacionales de crédito. La educación pública viene siendo desmontada mediante el sistema de colegios en concesión, la autofinanciación, la compra-venta de servicios y franquicias, la estandarización con indicadores de gestión, la adopción de criterios lesivos a la soberanía nacional y la autonomía escolar, la conversión de la educación en una empresa de producción sujeta al libre mercado de la oferta y la demanda, bajo los estándares financieros de competitividad, rentabilidad comercial y gestión institucional de la « administración racional de los recursos ».

Con el señuelo de una « descentralización », se congelan y disminuyen los aportes nacionales para hacer descargar en la comunidad el financiamiento de la educación. Se eliminan los derechos y conquistas adquiridas por el magisterio, se disminuye la planta de personal docente con las fusiones de las instituciones educativas eliminando de paso la participación democrática de la escuela y se suprime la autonomía. Aumenta el hacinamiento de estudiantes en las aulas, crecen las tasas de repetición y deserción; se eliminan los preescolares de tres grados y los colegios nocturnos y técnicos; se pretende someter a los docentes a evaluaciones punitivas, desvirtuando el sentido formativo, generando divisiones entre maestros y directivos; y se elimina la función de Inspección y Vigilancia en su carácter de asesoría, apoyo y acompañamiento.

En general, la pobreza, la miseria y el desplazamiento atentan contra las condiciones de permanencia de los niños y niñas en la escuela; los esfuerzos de cobertura se ven afectados por una de las mayores crisis, como es la deserción escolar, con lo cual queda la infancia y la juventud sumergidas en el desamparo y la violencia.

La situación es igualmente grave en lo que respecta a la universidad pública, víctima de la asfixia económica y de la contrarreforma universitaria que busca el desbarajuste administrativo y académico, sometiéndola al control político, que desmejora y desconoce los derechos a los profesores y personal administrativo, conculcando la autonomía y vulnerando las libertades de cátedra, pensamiento e investigación. Ante la aguda crisis de la educación, el II Foro en Defensa de la Educación Pública manifiesta:

1. Continuar con el proceso de Movilización Social en Defensa de la Educación Pública como derecho fundamental que concitan la opinión pública, la sociedad civil, el parlamento y el país entero. Inscribir la lucha por el derecho fundamental a la educación, en un amplio movimiento de ideas, experiencias, espacios e iniciativas que promueven la recuperación de la dimensión formativa, social, científica, pedagógica y democrática de la educación en condiciones sociales favorables como la nutrición, la salud, la recreación y el tiempo libre.

2. Adelantar un Acuerdo Nacional por el derecho a la educación que convoque las voluntades de los sectores sociales y políticos de la nación identificados con los principios de igualdad y justicia social, hacia el logro de la educación pública de calidad, gratuita, obligatoria y a cargo del Estado.

3. Es fundamental, reconocer los avances y proyecciones del Movimiento Pedagógico, en sus distintas expresiones el Ceid nacional, los Ceid regionales, la revista Educación y Cultura, la Expedición Pedagógica Nacional, los proyectos de innovación de las universidades, los equipos de trabajo, las redes, el trabajo de las agremiaciones universitarias, Organizaciones No Gubernamentales y educativas, de diverso orden; propender por la recuperación del saber pedagógico, el reconocimiento de la profesión docente y el desarrollo de investigación y experiencias pedagógicas. Este II Foro ha demostrado fehacientemente, pese a las adversidades y la política agresiva del gobierno nacional, el compromiso pedagógico e intelectual, desarrollando proyectos novedosos, organizándose en diversas modalidades de trabajo pedagógico y generando procesos de investigación. En consecuencia, ratificamos nuestra voluntad de convocar par el próximo año el Congreso Pedagógico Nacional que promueva la riqueza de las prácticas docentes.

4. Comprometer nuestros esfuerzos, proyectos y organizaciones en un gran movimiento por la defensa de la educación pública que luche decididamente por su reconocimiento y respeto ante la sociedad y el Estado; conquiste la gratuidad y obligatoriedad; obligue al Estado a cumplir los Pactos y Convenios Internacionales en materia de Derechos Económicos, Sociales y Culturales; promueva la construcción colectiva de un concepto de calidad de la educación basado en la autonomía escolar, las prácticas pedagógicas, la libertad de cátedra, el rescate y desarrollo de la diversidad de etnias, culturas y práctica pedagógicas, el saber pedagógico, la defensa de los derechos políticos, sociales y laborales del magisterio y los profesores universitarios.

5. Fortalecer el sujeto político (maestros, trabajadores, ciudadanos) de la educación y de las políticas públicas, para recuperar las múltiples dimensiones de la participación y la democracia radical; y emprender un proceso de valoración del magisterio y el saber de lo que le es propio: la pedagogía, hoy atrapada en el sueñuelo autoritario.

6. Promover y consolidar la propuesta de la Mesa de Trabajo por el Derecho a la Educación, a través de múltiples iniciativas como la Campaña Nacional por el Derecho a la Educación, que contribuyan a construir una conciencia nacional sobre este derecho como eje articulador de los demás derechos.

7. Impulsar la Constituyente Educativa, a nivel municipal, local, departamental y nacional a través del desarrollo de una red nacional que incorpore los personeros, consejos estudiantiles, asociaciones de estudiantes, profesores, padres y madres de familia, el magisterio, las comunidades educativas y académicas con miras a propiciar el Mandato Educativo Nacional que piense e reinterprete el porvenir de la educación pública, la cultura, la ciencia y el deporte y luche por construir una opción de nación desde la diversidad y la pluralidad.

8. Adelantar un proceso de reflexiones y acciones conducentes a desarrollar una reforma constitucional que modifique los términos del Acto Legislativo 01 y la Ley 715 y, de este modo emprender una dinámica de lucha nacional a favor de la Ley Estatutaria de la Educación que regule el Derecho a la Educación.

9. Defender y desarrollar la Ley General de Educación, en particular, la autonomía escolar, la dirección colegiada de las instituciones educativas y los fines de la educación. Comprometer a los Consejos Directivos a no cobrar los costos educativos en los planteles, para garantizar, realmente el derecho de los niños y niñas a la educación. Recuperar el papel de los Foros Educativos y la Juntas Nacional, Municipales y Departamentales, consagrados en la Ley 115. Exigir la vigencia de los derecho sindicales que se expresan entre otros en las Comisiones sindicales, hoy convertidos en Permisos sindicales, atentando al derecho a la organización sindical.

10. Apoyar y fortalecer el movimiento en defensa de la universidad pública que busca proteger y desarrollar los avances constitucionales y legales en autonomía académica, administrativa, financiera y política; un mayor y adecuado presupuesto, y el desarrollo de una política de ciencia y tecnología.

11. Incorporar el conjunto de propuestas e iniciativas en un Pliego Educativo Nacional que busque establecer objetivos, acciones y metas comunes de la sociedad civil, las organizaciones sindicales y populares.

12. Comprometernos en la Campaña Nacional de Abstención Activa contra el Referendo para impedir que el autoritarismo se consagre como modelo de dominación y profundice la crisis de la educación pública.

13. Apoyar los esfuerzos por la búsqueda de la solución política negociada al conflicto interno armado y la crisis social.

Finalmente, la constitución de un proyecto de Alterglobalización en oposición al modelo de globalización neoliberal, exige la incorporación de nuevas fuerzas sociales y un pensamiento crítico que articule la lucha por la soberanía nacional, la paz, la justicia social y la democracia, en un torrente de ideas, propuestas e iniciativas hacia otro mundo mejor. El II Foro Nacional en Defensa de la Educación Pública reafirma su propósito de extender y profundizar en todo el país la convicción profunda de que Otra Educación es Posible sobre la base del reconocimiento y protección del Derecho a la Educación con Calidad, Gratuita, Obligatoria y a Cargo del Estado.

Dado en la ciudad de Bogotá D. C. Colombia, el día 4 de octubre de 2003