Fédération Wallonie Bruxelles : 25% des nouveaux enseignants sans compétence disciplinaire ou pédagogique précise

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La pénurie d’enseignants n’a pas pour seule conséquence le nombre considérable d’heures de cours non données aux élèves. Faute de candidats possédant les titres requis, les écoles en sont également réduites à engager toujours plus de candidats « non listés », sans diplôme en lien avec la matière enseignée ou la pédagogie. Une évolution qui nous éloigne chaque année un peu plus de notre revendication d’« ambition et équité pour l’éducation »[1].

Un article initialement publié dans L’École démocratique, n°102, juin 2025 (p. 26).

En 2024, parmi les enseignants engagés pour la première fois dans le métier, un sur quatre était « non listé ». Au risque de nous répéter : ça signifie sans aucune formation en lien avec la matière enseignée !

En FWB, depuis 2016, les emplois dans l’enseignement sont octroyés suivant le décret Titres et Fonctions, qui définit les règles de priorité pour l’attribution des emplois vacants :

  1. Priorité est toujours donnée à un-e candidat-e disposant du titre « requis ». Par exemple, pour des heures de mathématiques dans le secondaire, quelqu’un disposant d’un master en mathématiques et de l’agrégation.
  2. Si aucun candidat avec ce profil n’est disponible, la fonction ira alors à un-e candidat-e disposant d’un titre dit « suffisant », par exemple un master en physique pour le cours de maths.
  3. Si on ne trouve aucun candidat avec un titre requis ou suffisant, on peut alors attribuer les heures à un candidat disposant d’un titre dit « de pénurie », c’est-à-dire ne comptant qu’une composante disciplinaire « minimale » avec la matière à enseigner.
  4. Et si, en fin de compte, vraiment aucun candidat n’a pu être trouvé, l’emploi peut être attribué à un-e candidat-e dit-e « non listé-e », carrément sans diplôme en lien avec la matière à enseigner ou la pédagogie.

On en est là : en l’espace de huit ans, le nombre des enseignants primo recrutés dits « non listés » a plus que doublé, passant de 10% en 2016 à 25% en 2024 !

Selon les chiffres de l’administration, en 2024, seuls 53% des nouveaux profs dans l’enseignement (tous types et niveaux confondus) disposaient du titre requis. En 2016, on en était encore à 71%. Si le nombre de « titres suffisants » est, lui, plus ou moins stable, oscillant entre 10 et 12%, les « titres de pénurie » sont, eux, passés de 8% à 11% entre 2016 et 2024. Qu’on le prenne par n’importe quel bout, le déclin du niveau de formation des enseignants est une réalité.

Ce qui inspire à nos amis de CGé la réflexion suivante[2] : « Imaginez que seule la moitié des médecins qui vous soignent ait en fait la formation dans leur spécialité, et qu’un quart des médecins n’ait jamais touché à la médecine ! Imaginez qu’un quart des pilotes d’avion n’ait jamais mis les pieds dans un cockpit ni même un simulateur de vol ! Et ici, il s’agit de l’avenir de nos enfants. »

A juste titre, les syndicats enseignants restent sourds au bla-bla de la majorité gouvernementale et de la ministre Glatigny (baromètre du respect, etc.), et attribuent cette désaffection du métier à la dégradation générale des conditions de travail, à la surcharge administrative qui pèse sur les profs, ou encore aux classes surpeuplées.

Nous vous renverrons pour notre part au dossier que nous avions consacré au « plus beau métier du monde »[3].

Notes

  1. Pour reprendre l’intitulé de notre campagne lancée en 2020
  2. Réseaux sociaux, 17/04/25
  3. L’Ecole démocratique n° 98, juin 2024