Radicalisés dès la maternelle ?

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Une école de Renaix, en Flandre orientale, s’est inquiétée de signes de «radicalisation» islamiste observés par des enseignants chez des enfants de classes maternelles. C’est du moins ce qui ressort d’un rapport interne à l’école relayé par le journal Het Laatste Nieuws1http://www.lesoir.be/110100/article/2017-08-21/flandre-des-signes-de-radicalisation-detectes-chez-les-enfants-dune-ecole.

Cette information est largement relayée dans tous les médias en cette fin août 2017. De manière sensationnelle ou avec une certaine dose d’indignation, en montrant un directeur qui se veut prudent ou en s’offusquant de l’attitude de si jeunes enfants. Quel que soit le contexte, l’ information est passée des deux côtés de la frontière linguistique.

Qu’est ce que cela signifie ?

– Que les enseignants sont terriblement démunis et mal formés face aux comportements des enfants. Pourtant les gestes ou les paroles violentes font partie du quotidien des écoles maternelles depuis toujours. Je me souviens encore, plus d’un demi siècle après, avoir connu cela durant certaines récréations qui me semblaient alors terribles. Le rôle des enseignantes était de désamorcer les comportements de certaines petites brutes qui pouvaient, dans l’heure redevenir les meilleurs copains du monde. J’ignore si des rapports inquiétants étaient rédigés.

– Que les appréciations des écoles sur les enfants ne restent pas dans les établissements. Comment un rapport interne de maternelle se retrouve-t-il exposé dans les médias ? Des professeurs, un directeur avertissent-ils un/des journaliste(s) ? Ou alors, serait-ce un parent qui a dévoilé l’affaire ? Mais en ce cas, aurait-on parlé de rapport interne ? Bref, il s’agit d’ un gros problème dont on n’a pas trop parlé dans la presse.

– Que les parents des jeunes enfants ont intérêt à se méfier de l’école dès la maternelle. En effet, pourrais-je encore faire confiance à ceux qui accueillent mon enfant s’ils sont capables de dire, à propos de gosses de 5 ans qu’ils sont «en voie de radicalisation» ? Au lieu de créer une ambiance inclusive et une réelle coopération avec les parents, c’est davantage la suspicion qui est mise en avant. Ce qui renforcera certainement le mal être de certains parents.

– Que les jeunes en âge de comprendre apprendront vite à éviter les débats. L’école, en leur collant des étiquettes, est capable de ruiner leur avenir. On a vu, au lendemain des attentats de Charlie Hebdo, de Paris et de Bruxelles, des jeunes se faire interpeller pour les propos qu’ils ont tenus et des questionnements qui étaient mal vus au sein des établissements. Depuis, les attitudes ont changé : beaucoup de jeunes ont appris à se taire poliment. Que pensent-ils et pourront-ils apprendre à penser par eux-même de manière éclairée dans un tel contexte ?

– Que les journalistes n’ont finalement pas grand-chose à se mettre sous la dent. Au lendemain de l’attaque de Barcelone, voulaient-ils étoffer leurs articles ? Rajouter encore une couche d’émotionnel ? Faire vendre des journaux de plus en plus délaissés ? Une chose est certaine, cette information ne fera pas la gloire de la profession.

Enfin, une dernière question se pose : comment aurait-on interprété les propos d’un «radicalisé-nationaliste-flamand» ou d’un gosse qui aurait tenu des propos racistes contre les étrangers ou qui citerait un passage du nouveau testament ou qui se moquerait méchamment d’un camarade ? Y aurait-il eu aussi un rapport interne qui aurait fait les gros titres des journaux ?

 

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