Milquet raconte des bêtises sur l’emploi des profs

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Interrogée dans Le Soir du 1er septembre à propos des économies à venir dans l’enseignement, Milquet commence par confirmer ce que l’on craignait (mais que la Déclaration de Politique Communautaire passait prudemment sous silence) : nous subirons, à partir de 2016, 280 millions d’euros de réduction structurelle des moyens disponibles à la FWB (dont l’essentiel devra venir de l’enseignement). 280 millions, cela représente 3% du budget de la FWB. En supposant une répartition « équitable » entre les secteurs et, au sein de l’enseignement, entre les subventions de fonctionnement et les traitements, on peut donc tabler sur une perte d’au minimum 1450 emplois dans le seul enseignement obligatoire.
Mais quand le journaliste lui demande : « à quoi va-t-on toucher », la nouvelle Ministre de l’Education essaie de nous faire prendre des vessies pour des lanternes : « Si vous diminuez le redoublement ou évitez que des enfant fassent du surplace en maternelle, vous créez des économies sans faire de mal à personne. Avec un tronc commun, moins d’options et une gouvernance optimalisée, on gagnera aussi un peu (…) Aucune mesure ne viendra toucher l’emploi ».
Cette réponse ne tient pas la route. Certes, la diminution des redoublements et la prolongation du tronc commun permettent de réaliser des économies. Mais comment ? Précisément en diminuant le nombre des professeurs ! Par le système du NTTP alloué aux écoles sur base de leurs effectifs et parce que ce NTPP est supérieur dans le qualifiant, moins de redoublement et un enseignement qualifiant plus tardif produisent mécaniquement des pertes d’emploi.
Si ces économies devaient servir à améliorer l’encadrement hors-cours ou à réduire le nombre d’élèves par classe dans les premières années d’école, ce serait excellent et nous applaudirions des deux mains. Mais la Déclaration de Politique Communautaire promet de libérer seulement 750 postes pour la remédiation et la lutte contre l’échec.
Donc quand Milquet dit « qu’aucune mesure ne viendra toucher à l’emploi », la réalité c’est qu’elle espère liquider environ 2200 emplois d’enseignants en diminuant les redoublements et en prolongeant le tronc commun, dont 1450 pertes sèches et 750 postes « repêchés » pour la lutte contre l’échec scolaire.
Dans cette optique-là il n’y a aucun doute : la lutte contre le redoublement et la prolongation du tronc commun seront, au mieux, un n-ième échec en la matière, au pire, un nouveau nivellement par le bas.