Le bâtiment scolaire : un investissement bien lucratif

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La privatisation marchande de l’enseignement prend décidément des formes parfois bien étranges ! Depuis la communautarisation, il y a dix-huit ans, l’enseignement francophone manque cruellement de moyens financiers. En particulier, l’état des bâtiments est de plus en plus délabré : châssis de fenêtre qui ne ferment plus, simple vitrage, murs décrépits, toitures mal isolées, cages d’escalier hors normes de sécurité, écoles surpeuplées. Il y a urgence, mais le gouvernement de la Communauté française de Belgique n’a pas d’argent.

Il vient donc de faire appel au secteur privé pour financer la rénovation de ces bâtiments scolaires. Ce « décret PPP » (pour « Partenariat Public-Privé ») prévoit un investissement total d’un milliard d’euros par des consortiums formés de banques, d’entreprises de constructions, de promoteurs immobiliers et de sociétés privées, plus éventuellement des partenaires publics s’ils restent minoritaires. L’investissement sera remboursé en 27 ans, à un taux légèrement supérieur au taux des emprunts d’Etat.

On remarquera que le système s’appliquera également aux écoles libres, où le remboursement sera assuré à 53,5% par le PPP. Ainsi, les pouvoirs publics assureront plus de la moitié du coût d’investissements dans des bâtiments qui resteront à 100% la propriété de congrégations ou d’associations religieuses. Et les consortiums se sucreront au passage.

Oserions nous faire deux suggestions naïves au ministre socialiste de l’Education :

  1. Remplacer les consortiums bénévoles de financiers et d’entrepreneurs grassement rémunérés, par un prêt sans intérêt à caractère obligatoire et à 0% d’intérêt.
  2. Imposer que l’Etat devienne copropriétaire des bâtiments de l’enseignement « libre » au prorata du financement consenti. Ça serait un tout petit premier pas vers la fusion des réseaux que nous attendons avec impatience…