Sondage CSA en France, les enseignants en pleine déprime

Facebooktwittermail

Une profession en pleine déprime qui aspire à un mieux-être mais qui se sent totalement incomprise : le tableau qui ressort de l’enquête CSA n’est guère encourageant. Face à un pouvoir qui veut remédier au malaise mais qui ne trouve pas les bonnes réponses, les enseignants sont partagés entre la tentation d’un repli sur soi et celle de laisser exploser leur mécontentement.

Autonomie. Le Snes-FSU, premier syndicat du secondaire, a publié, la semaine dernière, les résultats d’un sondage. L’objectif est double : mesurer l’ampleur du malaise et connaître les réactions au rapport de la commission Pochard, mandatée par le ministre pour ébaucher des pistes de réformes. «Rarement on a vu un tel hiatus entre le sentiment de dévalorisation d’une profession et les propositions avancées pour le surmonter», résume l’Institut CSA. Quelque 93 % des enseignants – davantage dans le secondaire que dans le primaire – jugent leur profession dévalorisée. Lorsqu’on leur demande s’ils souhaiteraient changer de métier au sein de la fonction publique, près de la moitié (44 %) répond oui, dès maintenant.

Les réactions aux propositions de la commission Pochard, une base de travail pour le ministre de l’Education Xavier Darcos, sont en revanche toutes négatives. La majorité des enseignants est ainsi hostile à une autonomie accrue des écoles, pour les horaires de cours, les contenus, etc. Près des trois quarts refusent un rôle plus grand du chef d’établissement dans les affectations, les évaluations et les primes, une autre piste de la commission. «Les enseignants sont favorables à une tutelle réglementaire au niveau national, ils veulent garder une cohésion et redoutent une atomisation», commente l’institut de sondage. Quant au métier lui-même et aux rémunérations – le problème central – les solutions avancées ne sont pas, et de loin, à la hauteur des attentes. Les enseignants sont réticents à assumer plus d’heures supplémentaires, à faire davantage de présence dans l’établissement, même contre moins d’heures de cours, à pratiquer la bivalence (l’enseignement de deux disciplines), à être payés davantage au mérite… Autant de réformes envisagées par le ministre.

Mobilisation. «Les enseignants veulent des réformes mais pas celles-là, commente Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes, ils veulent davantage de travail en équipe, plus de souplesse aussi dans les établissements mais qui soit organisée par les équipes pédagogiques.» Les discussions sur la revalorisation de la profession, promises par Xavier Darcos dans les prochaines semaines, s’annoncent donc délicates. Déjà les syndicats ont appelé à des journées de mobilisation les 15, 18 et 24 mai, après la rentrée des lycéens qui ont eux-mêmes promis de relancer leur action.