Le programme de l’APED et la violence

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En 2006, l’APED a publié un programme en 10 points, « Vers l’école commune ». Ce projet contient des réformes de nature à réduire spectaculairement la violence scolaire. Petit aperçu.

L’indispensable mixité sociale

Nous l’avons assez répété : le système scolaire belge est un des plus inégalitaires au monde. Son libéralisme induit une sélection qui s’opère par échecs et relégations. Il s’y forme des ghettos d’élèves exclus et sans perspective. C’est certainement une des principales causes de violence. A contrario, notre programme prône la mixité sociale. Il prévoit une école commune de 6 à 15 ans, avec affectation des élèves aux écoles selon leur lieu de résidence et les revenus de leurs parents. La fusion des réseaux est indispensable pour contrecarrer tout évitement via un réseau privé parallèle.

Une formation générale et polytechnique pour tous

On sait combien la maîtrise ou non du langage peut générer de malentendus, de rancoeurs et de conflits. Il est dès lors absolument nécessaire que chaque jeune acquière une authentique maîtrise du langage et de hautes capacités de pensée complexe. Mais l’enjeu du contenu des cours est également politique. Tous les jeunes sont en droit de développer les savoirs et les compétences nécessaires à l’exercice d’une citoyenneté digne de ce nom. Pour les jeunes issus de milieux populaires, l’école doit être un lieu d’émancipation, un lieu qui donne des armes pour mener les combats nécessaires pour un monde plus juste. Les enfants plus privilégiés doivent être confrontés aux réalités sociales et environnementales du système dont ils bénéficient.

Un encadrement suffisant et une pédagogie de la réussite pour zéro décrochage

Nous recommandons le nombre de 15 enfants par classe pour les trois premières années (de 6 à 9 ans) et de 20 au-delà de ces années primordiales. Il est aussi question d’un accueil privilégié des « primo-arrivants ».
Sauf situation extrême, il n’y a pas de redoublement. C’est donc un groupe d’enfants qui va réussir son parcours scolaire ensemble sur une dizaine d’années. Nous tablons sur un système de remédiation efficace, et sur un renversement du rapport des jeunes à l’école. Fini d’y venir – forcé et contraint – pour satisfaire à des exigences de performance. On y (re)trouve l’intérêt d’apprendre, de comprendre le monde pour avoir prise sur lui. On y éveille le goût de découvrir, d’expérimenter, de s’approprier ce qui donne force pour s’épanouir et s’émanciper.

Une école ouverte

Si nous voulons réconcilier les enfants avec l’école, celle-ci doit devenir un lieu de vie plus humain et plus démocratique. On y prépare et partage des repas, des jeux, des soirées cinéma ou d’autres activités culturelles, sportives ou techniques. C’est là aussi que s’exerce la citoyenneté : l’instruction et l’éducation sont intimement liées à la vie sociale et à la pratique productive. On y développe les valeurs de coopération, de solidarité, de créativité, l’amour des sciences, des techniques, des arts, de l’activité physique, de la nature, etc. L’école commune s’ouvre aux associations, aux mouvements de jeunesse, aux clubs de sport, aux festivités locales, etc.

Une relation pédagogique pacifiée

En retrouvant un équilibre dans les pratiques (une large autonomie pédagogique offerte aux enseignants à condition qu’ils atteignent des objectifs d’apprentissage strictement définis et contrôlés, de la variété dans les méthodes) et en offrant aux enseignants des programmes (et des manuels) rigoureux, lisibles et cohérents, nous sommes convaincus de pacifier notablement la relation qu’ils entretiennent avec leurs élèves. Parce qu’ils retrouveront la maîtrise de leur métier. L’évaluation centralisée doit également assainir cette relation (l’enseignant n’étant plus juge et partie, son rôle est plus clair aux yeux des élèves). La formation initiale et continuée des enseignants doit prendre plus en compte les questions que nous soulevons : mixité sociale, formation générale et polytechnique, etc. Elle doit aussi permettre des échanges d’expériences et d’outils.

Un incontournable refinancement

Pour financer notre projet, à commencer par un investissement massif dans le fondamental et une véritable gratuité de l’école -les problèmes financiers sont aussi sources de tensions entre familles et école-, un retour à 7% du PIB nous semble nécessaire, du moins dans un premier