L’école, telle qu’elle est

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En été 1998 nous avions lancé un appel aux professeurs et instituteurs, afin qu’ils nous envoient leurs témoignages sur le manque de moyens de l’enseignement. L’appel fut entendu et vous en trouverez le résultat ci-dessous.

Nous remercions tous ceux et celles qui ont pris la peine de mettre sur papier leur expérience vécue. Certains ont écrit de longues histoires, d’autres se sont contenté d’un fait divers relaté en quelques lignes. Inévitablement, nous avons eu des redites. Nous les avons pour la plupart supprimées. Les disgressions qui s’écartaient de l’objectif de ce  » livre noir  » ont également été rayées, de même que les références à des situations trop spécifiques. Nous voulions montrer l’état général de notre enseignement, et non les carences de tel ou tel pouvoir organisateur particulier. D’ailleurs, pour des raisons que l’on comprendra aisément, nous ne citerons ni les noms des écoles, ni ceux des témoins. Nous devons également remercier tout spécialement les étudiants de dernière année de l’ISTI, qui ont assuré la traduction des témoignages néerlandais vers le français.

Les témoignages ont été regroupés en quatre catégories :

• encadrement
• matériel didactique
• infrastructure et bâtiments
• coût de l’enseignement pour les parents et sponsorisation.

Cela nous a souvent conduit à scinder un témoignage en plusieurs morceaux. Les auteurs voudront bien nous en excuser.

I. Encadrement

Des enseignants sachant parler de leur métier sans se plaindre du stress et de la surcharge de travail ? Il en existe, mais ils sont rares ! Exagération ? A en croire une enquête de la  » Stichting Technologie Vlaanderen  » menée auprès de 12.429 enseignants néerlandophones dans 440 écoles fondamentales et secondaires, il n’y a pas de doute : le niveau moyen de stress des enseignants est plus élevé que dans n’importe quelle autre catégorie professionnelle.


Notre première série de témoignages parle d’encadrement : il y sera donc beaucoup question de stress et de surcharge de travail ? Mais il y sera surtout question des conséquences pour les élèves et la qualité de l’enseignement.


Le vendredi soir, je suis surmenée


 » Je donne cours dans l’enseignement secondaire depuis 75. J’ai travaillé aussi bien dans l’enseignement secondaire général, que technique et professionnel et j’ai connu la joie de devoir donner cours dans diverses écoles. Aussi ai-je été très soulagée, il y a trois ans, lorsque j’ai pu travailler à temps plein dans une seule école. Malheureusement, ma joie n’a été que de courte durée. Les économies prévues par le Plan de Val Duchesse ont été plus que perceptibles. Il fallait encore élaborer les nouveaux programmes d’étude. S’ajouta également à cela toute une série de travaux tels que les objectifs pédagogiques dépassant le cadre des cours et les nombreuses exigences que les parents osent poser à une école.


 » Je peux donc franchement dire que le vendredi soir, je suis surmenée. Et le week-end, il reste encore toutes les corvées ménagères, plus le travail pour l’école. Depuis que j’ai dû rester quelques temps à la maison en raison du stress, je m’oblige à terminer mes tâches ménagères et mon travail scolaire avant le dimanche midi. Une promenade, une visite à la famille ou à des amis sont alors un must. Si je restais à la maison, je me remettrais à l’ouvrage. Depuis des années déjà, mes enfants sont catégoriquement opposés à une carrière dans l’enseignement. Cependant je sais que dans d’autres secteurs, comme les soins de santé par exemple, la vie n’est pas toujours rose non plus. Mais dans l’enseignement, je n’ai pas, comme de nombreuses personnes extérieures le pensent, beaucoup de loisirs, même pendant les vacances… « 


Conseils de classe et administration


 » Au total, j’ai 254 élèves, répartis en 10 groupes, pendant deux heures chaque semaine. J’enseigne à temps plein et consacre quotidiennement 2 à 3 heures à la préparation de mes cours. Les évaluations me prennent 4 heures chaque semaine. Il n’est pas facile pour moi de suivre tous mes élèves, et ça l’est encore moins en vieillissant. Heureusement, nous avons toujours les conseils de classe qui nous permettent d’obtenir de plus amples informations sur nos élèves. D’autre part, ces conseils sont eux aussi fatigants et équivalent à 1 heure de travail supplémentaire par semaine. Les grosses classes sont plus fatigantes d’une part en raison du suivi de tous les élèves, et d’autre part pendant les leçons elles-mêmes : il faut toujours plus de temps pour faire régner la discipline et pour s’entendre, ce qui est moins le cas pour un groupe de 18 élèves par exemple.


 » L’inspection attend de nous de meilleurs comptes rendus et évaluations (de préférence sous forme de fiches individuelles)… Et vive la bureaucratie…


 » Aux leçons s’ajoute encore un paquet de travail. Chaque élève a le droit de choisir une personne de confiance parmi les enseignants, les éducateurs et le personnel administratif. Nous jouons donc le rôle de services d’aide en cas de problèmes scolaires, personnels ou familiaux. Force est de constater que nos élèves aiment utiliser ce droit. Nous remarquons, en tant que membres du personnel, qu’il faut consacrer une bonne partie de notre temps libre à cet effet, principalement pendant la pause de midi et un peu après les leçons. J’aime remplir ce rôle, je le considère comme un complément indispensable à mes cours… J’aimerais simplement, tout comme bon nombre de mes collègues, qu’une heure supplémentaire y soit consacrée, mais il n’y a plus d’heures car nous les utilisons toutes pour donner cours… « .


La lourde charge des activités extra-scolaires


 » Nous sommes souvent confrontés à des problèmes qui demandent une formation que nous n’avons pas reçue. Heureusement, nous disposons à proximité d’un PMS, centre psycho-médico-social, et d’un centre de planning familial et d’éducation sexuelle, qui fonctionnent bien et auxquels nous pouvons confier un certain nombre d’élèves. Mais j’ai déjà passé plusieurs heures à discuter avec des élèves confrontés à des problèmes tels que grossesse, inceste, viol, anorexie, violence familiale, pour n’en citer que quelques-uns… Ce qui a contribué à enrichir de ma bibliothèque personnelle dans ces domaines.


 » Dois-je pour autant supporter la charge de toute l’école dans ce domaine ? Pas du tout. La majorité des membres du personnel de mon école travaille à temps plein et prend à sa charge une partie du travail parascolaire. Car outre le soutien aux élèves à problèmes, nous comptons également un conseil sportif très actif, un conseil d’élèves, un groupe Ecole-Sans-Racisme, un groupe de travail « accompagnement des élèves « , une chorale, un groupe cinéma, etc.


Toutes ces tâches ne nous ont jamais été imposées, mais ont été créées au cours des années avec l’aide de professeurs, d’élèves et d’anciens élèves.


 » Mais à présent c’est beaucoup trop, certainement en raison de l’alourdissement des tâches scolaires comme je l’ai expliqué plus tôt « .


 » Je constate que chaque classe à laquelle je donne cours pourrait aisément être divisée en deux… Enseigner serait beaucoup plus agréable, pour moi-même mais aussi pour les élèves. Et nos jeunes collègues sans emploi pourraient se mettre au travail.


 » J’adore donner cours, je me sens bien parmi tous mes élèves et collègues, mais j’attends parfois avec impatience d’atteindre les 55 ans pour terminer ma carrière. Car voilà un fait frappant : chaque année, des collègues plus âgés quittent l’école à 55 ans. Je n’en connais qu’un qui ait tenu jusqu’à ses 61 ans « .


Chronique d’une vie entière consacrée à l’école


 » Cela fait longtemps que je ne suis plus une enseignante émoulue et je suis parvenue à faire évoluer ma manière d’enseigner. Lorsque j’étais en secondaire, certains cours étaient donnés par des professeurs diplômés pour une branche connexe. Il n’y avait pour ainsi dire aucun équipement didactique. C’était encore l’époque où les professeurs de sexe féminin devaient quitter l’école le jour qui suivait leur mariage.


 » Lorsque j’ai entamé ma carrière d’enseignante dans la section secondaire de la vieille école, j’ai été frappée par tous les changements qui avaient été opérés. Les dortoirs réservés aux internes avaient été rasés et remplacés par des laboratoires. tous les cours étaient dispensés par des professeurs qui possédaient le diplôme requis. Mon père affirmait parfois en plaisantant que Léo Collard avait sauvé l’enseignement catholique grâce à cette exigence. On avait le choix entre un nombre d’options plus élevé et toutes donnaient accès à l’université. C’était les « golden sixties ». Des villages où autrefois seule une poignée d’enfants se rendaient à l’école de la ville la plus proche, partaient maintenant, chaque matin deux bus bondés. Ces bus s’arrêtaient à la place du village tandis que nous, jadis, devions parcourir, cartable au dos le kilomètre qui nous séparait de la gare. Le soir, nous étions obligés de rester à l’étude jusqu’à 18h00 car les correspondances n’étaient pas optimales. Je me souviens encore du sentiment de joie extrême que j’éprouvais lorsque je pouvais quitter l’école à 16h00 et qu’il faisait encore jour. Certaines classes comptaient jusqu’à 32 élèves et dans ces conditions, vous ne pouviez qu’enseigner de manière ex cathedra.


 » Les circonstances ont fait que j’ai déménagé dans une ville plus grande. Il y régnait une meilleure mentalité entre les enseignants, les bâtiments n’étaient pas vraiment propres à accueillir une école. Cette situation persista jusqu’à ce que l’on construise une nouvelle école. Dans le même élan, l’enseignement secondaire rénové fit son entrée. Nous nous plongeâmes dans les nouvelles conceptions pédagogiques. La pratique et le travail autonome des élèves apportèrent un plus à l’enseignement. C’étaient les années 80. Le corps professoral se vit octroyer une heure de titulariat et une heure de conseil de classe. J’avais bien sûr beaucoup de travail mais le dimanche après-midi, je pouvais encore me permettre une promenade en famille ainsi qu’une séance de natation par semaine.


 » Vint alors le plan de Val Duchesse. Chaque enseignant devait travailler une heure supplémentaire par semaine et ce pour le même salaire, les professeurs de langue maternelle qui bénéficiaient jusqu’alors d’une heure de bonus, se voyaient contraints d’enseigner deux heures de plus. Je me souviens encore que mon collègue a dû dispenser, pour le même salaire, 4 heures supplémentaires. Cette fois à nouveau, le gouvernement avait agi avec subtilité. Lorsque les licenciés reçurent cette heure de travail supplémentaire, le gouvernement laissa les régents en paix. Ces derniers ne bougèrent pas. L’année suivante, ce fut au tour des régents d’écoper d’une heure supplémentaire et évidemment les licenciés ne voulaient plus entendre parler de solidarité « .


 » La pression du travail a augmenté de manière phénoménale. Depuis l’introduction du capital période, il ne restait plus d’heures à consacrer au titulariat ou aux conseils de classe. Au contraire, les directions de nombreuses écoles préférèrent engager des coordinateurs. Si cela constituait une situation confortable pour elles, ce n’était pas toujours le cas pour les enseignants. L’enseignement est devenu un métier destiné aux personnes qui trouvent leur dîner déjà prêt sur la table lorsqu’elles rentrent de l’école. Tous les jours, je travaille jusqu’à une heure et demie du matin. Le stress est insupportable : toutes les nouveautés sont sensées être acquises. J’ai suivi des cours d’informatique avec mes élèves après les heures de cours. Ensuite, pendant 3 autres années, mon collègue et moi avons appris à nous familiariser avec l’ordinateur pendant l’heure de fourche que nous avions en commun. Quoiqu’il en soit, intégrer l’ordinateur dans le cadre des cours reste un défi à part entière. J’ai demandé un ordinateur pour pouvoir mettre cela en pratique et l’école m’a répondu que je devais me débrouiller avec les ordinateurs datant de la dernière guerre. Mais ils n’avaient pas la capacité d’exploiter les logiciels modernes. En fait, l’école doit davantage s’investir dans la formation des professeurs en ce domaine. Pour bien faire, il faudrait libérer tous les enseignants d’une certaine branche une matinée ou une après-midi. Aujourd’hui, on nous impose un recyclage le mercredi après-midi ou le samedi. Avant, les mercredi après-midi servaient à corriger les interrogations ou les devoirs. Maintenant, je dois sacrifier mon week-end à cet effet. Pendant l’année scolaire, je ne peux plus me rendre à la piscine que trois fois tout au plus. Je n’ai même plus le temps de lire un livre ou encore de regarder la télévision. Avant nous ne devions surveiller qu’une heure à l’école, aujourd’hui deux. Pour des raisons d’économie, le secrétariat a été  » dégraissé « . Auparavant, nous pouvions consacrer ces heures de surveillance à la préparation des leçons ou aux travaux des élèves. Mais cela aussi c’est du passé. Les jeunes exigent une attention très soutenue. Dès que vous osez tourner le dos, il y a à nouveau un rouleau de papier hygiénique qui atterrit dans les cuvettes des WC. Maintenant, pendant les examens, ce sont les professeurs qui doivent remplacer leurs collègues, si ces derniers doivent quitter la classe pour un moment… Lorsque les élèves ont terminé leur examen, il faut encore surveiller ceux qui ne peuvent rentrer seuls à la maison. Et à nouveau, cela incombe aux professeurs. Auparavant, c’était le secrétariat qui tapait les textes et les photocopiait. Aujourd’hui, chaque professeur est sensé posséder un ordinateur à domicile. Il a fallu longuement insister avant de finalement disposer d’un ordinateur à la salle des professeurs « .


Il faut aussi nettoyer les classes


 » Pour ce qui est de l’entretien de l’école, idem! Avant, l’école comptait un personnel d’entretien. Aujourd’hui, c’est une firme qui s’en occupe, après les heures d’école. Nous devons veiller à ce que les chaises soient rangées sur les bancs, mais cela prend du temps, temps qui est pris sur les heures de cours. Et si vous oubliez de le demander à vos élèves, vous êtes de corvée pour un quart d’heure. Et encore, si tout était bien nettoyé… mais les pupitres ne le sont jamais. Le jour des portes ouvertes, pris d’un sentiment de honte, nous nous mettons nous-mêmes à nettoyer. La promenade du dimanche se réduit souvent à une visite en coup de vent du parc le plus proche « .


Nouveaux cours ? Débrouillez-vous !


 » L’année dernière, un collègue s’est vu obligé pour la première fois d’enseigner une branche connexe et le directeur ne l’en avait pas averti. Il apprend donc en septembre qu’il doit dispenser un cours qu’il n’avait jamais donné auparavant. Pourtant, il y a un autre collègue qui a le diplôme requis et qui dispense cette matière depuis des années. Le premier cité demande d’effectuer un échange mais il se heurte à un refus : on trouve qu’il serait trop fastidieux de modifier les horaires. Conséquence : le programme n’a pas été vu entièrement et les inspecteurs ont élaboré un rapport. L’année suivante, un inspecteur est revenu. Ce collègue s’est retrouvé à l’hôpital pour une affection cardiaque. Je peux vous assurer que si cette évaluation passe et que les gens peuvent être mis à la porte pour deux mauvais rapports seulement, cela peut être fatal même pour des enseignants pourtant zélés. L’enseignement devient invivable pour le corps professoral et les syndicats qui laissent faire de telles choses sont loin d’être innocents. Ce métier devient de plus en plus lourd et on compte sur le fait que les plus anciens décrochent, à leurs frais bien entendu. Dans le bloc de l’Est, on avait droit à la retraite à 55 ans. Aujourd’hui, ils doivent ouvrir de grands yeux « .


Bidouilleurs


 » L’avenir n’est pas rose. Il règne une psychose, celle d’évoluer vers une grande communauté d’écoles. Une fois que cela se produira, on réduira les différentes options d’études et le professeur déjà surchargé pourra faire une croix sur sa promenade du dimanche. D’autant plus que le gouvernement veut encore réduire les effectifs des secrétariats. Or c’était précisément le secrétariat qui pouvait quelque peu assumer ce rôle de parents suppléants. Combien de temps encore laisserons-nous ces bidouilleurs bousiller notre travail? « 


Pour l’aider, on lui a conseillé de suivre une thérapie


 » Je n’ai pas à me plaindre directement des mesures d’économie : il y a du matériel, les bâtiments scolaires sont bien entretenus, les locaux sont spacieux. Mais je dois beaucoup payer de ma poche. Depuis dix ans, je demande un enregistreur et un casque. On en a reçus, mais pas pour toutes les classes. Nous devons payer nous-mêmes nos livres de formation continuée.


 » Mais ce qui m’ennuie le plus, ce sont toutes ces nouvelles tâches dont on nous accable mais pour lesquelles nous ne disposons pas de suffisamment de moyens financiers, ni de temps. Pour préparer une demi-heure de travail en coins-ateliers, on doit travailler quatre heures par semaine. S’occuper de façon individualisée des élèves, leur apprendre à travailler de manière autonome, ou leur apprendre à lire intelligiblement exige un investissement considérable de la part de l’enseignant. Pour assurer le bon fonctionnement de deux classes, trois professeurs sont en réalité nécessaires. L’école reçoit naturellement des heures pour élargir l’offre des services rendus, mais ce nombre d’heures est insuffisant. La répartition de ces heures entre les enseignants se fonde sur un système obscur de sorte que de nombreux enseignants perdent leur emploi et d’autres travaillent énormément à domicile. La semaine dernière, je me suis endormie en mangeant. Je n’en peux plus. La semaine est à ce point agitée que le week-end ne suffit plus pour me remettre. Quand on a la chance de ne pas devoir s’occuper tout le week-end d’activités parascolaires.


 » Aujourd’hui nous devons, plus que par le passé, enseigner aux enfants les actes les plus élémentaires, alors qu’auparavant les parents se chargeaient avec plaisir de cet aspect de leur éducation. Mais les parents ont moins de temps. Je pense entre autres à apprendre à se moucher, s’essuyer le  » postérieur  » après être allé à la toilette… A la suite des problèmes familiaux, les enfants peuvent être agaçants. Un de mes collègues n’a pas tenu le coup et au lieu de l’aider, on lui a conseillé de suivre une thérapie ou de changer d’école « .


L’innovation pédagogique, ça prend du temps


 » Je ne suis pas contre les nouveautés, bien au contraire. Mais il est impossible de suivre le rythme de ces nouveautés. Avant de pouvoir commencer une nouvelle activité, tout a à nouveau changé. Il faudrait pouvoir assimiler soi-même toute cette information et la mettre en pratique en classe. Cette formation continue est assurée par des pédagogues qui n’ont bien souvent plus de contact avec la réalité, qui ne pratiquent plus. Et pourquoi nos supérieurs ne nous libèrent-ils pas de temps en temps pendant nos heures pour nous permettre d’acquérir ces connaissances ? Pourquoi ne prévoient-ils pas une solution pour garder les élèves ? Si quelqu’un d’entre nous est libéré, les autres pourraient se partager ses élèves et les prendre dans leur classe. Il faudrait organiser plusieurs fois par an des journées d’études pendant lesquelles les enfants resteraient à la maison ou seraient pris en charge d’une manière ou d’une autre. Il est inhumain de nous demander de donner cours tous les jours et de mettre en pratique toutes les nouveautés. Les programmes scolaires changent, certaines parties des cours changent, les manuels scolaires sont inadaptés, ils n’appliquent pas encore la nouvelle orthographe en néerlandais. Nous devons donc les adapter.


 » Une de ces nouveautés est l’importance accordée au contact avec les parents. Inutile de me persuader de l’importance de ces contacts. Mais quand doit-on s’en occuper ? J’aime travailler avec les parents. Ils sont de plus en plus impliqués. Les parents n’ont aucune formation pédagogique, et on nous demande donc de les assister. Mais quand dois-je alors donner cours ?


 » On demande aussi de travailler en concertation avec les autres classes. Mettre sur pied des projets communs. Mais comment est-ce possible si on ne nous laisse pas l’occasion d’en parler avec les collègues ?


Bureaucratie


 » Chez nous, il y a 20 à 22 élèves par classe. Ce qui n’est pas trop. Une seule classe compte 28 élèves, ce qui est déjà nettement moins évident. Cela implique beaucoup de travail pour couvrir les cahiers, les plastifier, découper les couvertures et les coller. Il y a peu, l’école a acheté une machine à plastifier, mais on se plaint des coûts élevés que cette machine entraîne et on veut dès lors en limiter l’utilisation.


 » Le directeur se charge de toute l’administration de son personnel et doit connaître toutes les nouvelles directives. Et il doit s’occuper de tellement d’autres choses, qu’il ne faut pas s’étonner si les délais administratifs d’exécution et d’expédition ( des formalités du personnel ) lui posent un problème.


 » Je consacre énormément de temps à l’administration : il faut remplir les feuilles de suivi des élèves, faire les photocopies. L’école veut renflouer ses caisses et on le remarque au nombre d’activités qu’elle organise : vente de roses de Noël, de tartes, de truffes, loterie, kermesse flamande, marché pour le Carême, bal de l’école. Avant de commencer la leçon, je passe une demi-heure à récolter l’argent. Le premier paie par chèque, le deuxième par domiciliation, le troisième paie cash et je dois veiller à avoir le change. Tous les mois il faut faire les comptes pour les boissons, le réfectoire, la garderie avant ou après les cours. Tous les comptes doivent être transmis. Ce travail devrait plutôt être effectué par le secrétariat de l’école. Notre école n’a qu’une secrétaire à mi-temps. Nous devons donc aussi assumer des tâches du secrétariat « .


La société a une mauvaise image de nous.


 » D’après les gens, nos longues vacances compensent tous les inconvénients du métier. Ils ne savent cependant pas que nous n’avons aucune vie pendant l’année scolaire « .


Moins d’enfants dans l’enseignement spécial ?


 » On veut supprimer ou réduire l’enseignement spécial. L’enseignement normal n’a qu’à aider les enfants à problèmes, dit-on. D’accord, mais aujourd’hui ces écoles ont les moyens financiers pour payer des kinésithérapeutes et des logopèdes, pour acheter l’infrastructure indispensable aux enfants handicapés moteurs « .


Nous aussi, on a des enfants


 » S’il y avait davantage d’enseignants, il y aurait moins d’échecs scolaires. J’en suis persuadée. Si nous devons travailler efficacement dans tellement de domaines différents, il faut nous donner des heures supplémentaires. Ce dernier trimestre je n’ai pu faire que la moitié du travail que j’avais prévu, parce qu’il y avait trop d’autres activités à l’école :  » kermesse flamande « , journée portes ouvertes, classes vertes, une pièce de théâtre. On n’est pas à la maison de tout le week-end. On attend de nous un engagement illimité. On ne tient pas compte du fait qu’on a nous-mêmes des enfants « .


Train d’enfer dans le supérieur pédagogique


 » J’ai commencé en 1993 à donner cours dans l’enseignement pédagogique francophone. A l’époque un horaire à temps plein représentait 12 heures par semaine (heures de 50 min.) auxquelles s’ajoutaient quelques heures de suivi de stage. Depuis la réforme de l’Enseignement Supérieur il faut prester 16 heures (heures de 60 min.) plus le suivi des stages. Les collègues malades ne sont plus remplacés. Il faut soi-même rattraper les heures perdues « .


…et dans le secondaire


 » Depuis 81, ma charge de travail (heures de cours) a augmenté de 24 % (perte de Titulariat, Conseil de classe, Travail d’équipe, Cours à correction longue). Les heures  » perdues  » ont été remplacées par des heures de cours. Ces heures perdues constituaient un avantage pour les élèves : direct (Titulariat et Conseil de classe) ou indirect (Travail d’équipe, Cours à correction longue). Ce type d’heures est tellement indispensable que les profs continuent à les prester, bénévolement. A propos du nombre d’élèves par classe, depuis la quasi-autonomie des écoles secondaires, c’est l’arbitraire qui règne pour les dédoublements de classe « .


Vous avez dit  » suivi individuel  » ?


 » J’ai certains groupes de 30 élèves une heure par semaine. Avec de si grands groupes et un tel rythme, il est rigoureusement impossible de vraiment connaître les élèves et a fortiori de détecter les difficultés éventuelles. Je suis forcé de me limiter sèchement aux chiffres de mon cahier de cotes. C’est anti-pédagogique mais je ne vois pas d’alternative.


 » Il n’y a plus de rattrapage en 5ème et 6ème pour les cours de sciences. Il ne reste donc plus qu’à avaler très vite ses tartines à midi si on veut tout de même aider les élèves en difficulté « .


Suppression des rattrapages


 » Les mesures Onkelinx ont eu pour conséquence la suppression des rattrapages dans l’école. Un psychologue est présent deux jours et demi. C’est beaucoup trop peu étant donné le « public » de l’école « .


Un petit rabiot… pour deux ans seulement


 » Le ministre a accordé des heures supplémentaires qui doivent permettre une augmentation de l’encadrement dans certaines classes inférieures. Notre école, qui compte 12 classes, a eu la chance de pouvoir bénéficier de ces heures d’encadrement supplémentaires. Cela fait maintenant deux ans que le programme est en place et la différence est de taille. Auparavant, en classe de ratrappage, j’étais toujours confronté à un choix : soit j’aidais les plus faibles, soit ceux qui, avec un peu de soutien, avaient encore une chance d’atteindre le niveau des autres. Dans les deux cas tout le monde était lésé vu le manque de temps consacré à ces cours de rattrapage. Grâce à ces heures supplémentaires, le dernier groupe peut être encadré dans sa propre classe, et nous avons maintenant le temps de nous consacrer aux plus faibles. Malheureusement, cet encadrement supplémentaire n’a été accordé que pour deux ans. Que va-t-il se passer l’année prochaine ? Ceux qui entreront en première année ne vont-ils plus pouvoir bénéficier de ces avantages ? Et ceux à qui on est venu en aide cette année ne le seront-ils plus l’année prochaine ? Le pire c’est que seules quelques écoles ont pu jouir de cet encadrement. En fonction de critères arbitraires du ministère. Il est urgent que cette mesure bénéfique s’adresse à tous. Mais un deuxième problème se pose en matière d’aide parascolaire. Les enfants qui suivent les cours de rattrapage ont aussi souvent besoin de l’aide d’un logopède, d’un kinésithérapeute ou d’un ergothérapeute. Malheureusement, les centres qui proposent ces services sont surpeuplés. Les élèves qui prennent contact avec les centres, en janvier par exemple, se retrouvent sur une liste d’attente et ne peuvent commencer la thérapie que l’année scolaire suivante. Les logopèdes ou les kinésithérapeutes privés représentent alors la dernière solution. Mais tout le monde ne peut pas se le permettre. Par conséquent, de nombreux élèves ne bénéficient pas de cette aide « .


On perd le réflexe du suivi individuel


 » Il est devenu quasiment impossible de suivre les élèves de manière individuelle ou de faire de la remédiation. J’ai l’impression que beaucoup de jeunes professeurs n’ont même plus ce réflexe « .


Cours particuliers


 » Notre école possède un service qui fournit aux élèves une liste de professeurs donnant des cours particuliers. Nous contactons des professeurs (qui enseignent ailleurs) de manière à toujours avoir une offre suffisante pour nos élèves. Mais ce service est onéreux et masque le manque de moyens et d’efforts fournis en matière de remédiation « .


Perte de qualité


 » A cause de la fusion de deux écoles techniques, toute une série de postes ont dû disparaître. J’ai moi-même été réaffecté. La qualité de l’enseignement s’en ressent fortement. Je suis spécialisé en plomberie, alors que mon remplaçant possède à peine quelques années d’ancienneté de plus, mais n’y connaît rien en plomberie. A cause de la réduction du nombre d’orientations, si quelqu’un décide d’apprendre la tôlerie dans le réseau communal il devra, pour ce faire, traverser toute la ville. Alors qu’avant, il aurait pu trouver une école à deux pas de chez lui. Ce changement représente donc des coûts supplémentaires pour l’étudiant « .


Le prix d’une initiative intéressante


(le témoignage suivant provient du récit d’un groupe d’enseignants qui ont imaginé et mené à bien un magnifique projet de visite à des camps de concentration nazis en Allemagne. Pour financer le voyage, il a fallu organiser toutes sortes d’activités…)


 » Ce qui nous semble le plus fondamentalement inacceptable, c’est le volume énorme des prestations supplémentaires qu’entraîne ce genre d’actions. Pas tellement pour le travail en lui-même – ce que nous avons trouvé plutôt passionnant et que nous avions librement décidé d’assumer – mais parce que ce temps et cette énergie n’ont pas pu être investis dans notre tâche pédagogique habituelle. En ce qui me concerne, je voudrais retravailler mes cours de français et de sciences humaines, par exemple, en créant un syllabus ou en aménageant un local permettant des travaux de recherche, seul ou en groupe. Mais il s’agit de vastes chantiers, qui seront reportés à plus tard, parce qu’il m’est impossible de tout mener de front. Je crois donc pouvoir dire qu’en quelque sorte l’action « camps de concentration  » s’est faite au détriment de certains de mes cours « .


Un parent inquiet


 » Mon petit garçon fréquente depuis l’année scolaire ’92-93 une école primaire assez avant-gardiste. Les enfants y sont répartis selon des groupes de trois années d’apprentissage: les trois années de maternelle dans un groupe, ensuite les trois premières années de primaire dans le deuxième groupe, et enfin, les trois dernières années de primaire dans le troisième groupe. Pour pouvoir avoir deux enseignants par groupe, il faut atteindre un certain nombre d’élèves et les groupes atteignent très fréquemment 30 à 40 élèves.


 » Un tel système, qui attache une importance capitale à l’individu (les élèves progressent à leur rythme par le biais de travaux personnalisés et de fiches) mais qui fait également régulièrement appel à des méthodes classiques d’enseignement, exige beaucoup de travail supplémentaire de la part des enseignants rien qu’en préparation mais également au sein de la classe. Un suivi quasi individuel requiert la formation de plus petits groupes. Nous trouvons injuste qu’il faille atteindre un certain nombre d’élèves avant de pouvoir engager un nouvel enseignant. Ce type d’enseignement constitue une bonne formation et nous sommes heureux de voir qu’il y a de plus en plus d’écoles de ce type au sein de l’enseignement communautaire mais à notre avis, le gouvernement ne prend pas assez ses responsabilités. Il ne libère pas les fonds nécessaires ! « 


Le temps de rédiger des notes…


 » La formation continue dans le département des soins était et est lourde. Pour certaines matières les manuels font défaut. Nous disposons parfois de notes mais celles-ci arrivent souvent un, voire deux ans trop tard. Ce qui signifie qu’il faut toujours rédiger soi-même les notes de cours. A cause du temps consacré à ces mises à jour, il ne nous reste pas beaucoup de temps pour le suivi des élèves « .


Interdiction de redoubler


 » ¨Pour faire des économies, on a interdit les redoublements. Mais un enfant dyslexique doit passer de 1ère en 2ème primaire sans avoir des notions de base en français. Son avenir est déjà hypothéqué « .


Deux programmes en un


 » On a réuni les sections soins de beauté et électromécanique pour le cours de français. Or, ces deux orientations ont un programme différent « .


Remplacements trop coûteux…


 » Dans une école communale où j’enseigne, la direction refuse les formations continuées parce que le remplacement de l’enseignant en formation n’est pas gérable faute de ressources humaines : pas possible de disperser les élèves dans les autres classes ni de faire venir un remplaçant « .


Jeune prof dans une école technique


 » Lorsque je suis entré dans l’enseignement, il y a 2 ans, j’ai cru devenir fou. J’ai été engagé dans une école fusionnée. J’avais les cours de mécanique, dessin, résistance des matériaux et physique à donner à plusieurs années. Les cours à l’école technique se faisaient sans matériel : il avait « disparu  » dans la fusion et la succession incessante de personnel temporaire.


 » De plus, je ne voyais pas très bien quel niveau donner aux élèves, où trouver de bons livres, quels bons profs contacter pour avoir des tuyaux. Tous mes collègues m’ont dit que j’étais fou de le faire mais j’ai téléphoné à mon inspecteur pour obtenir de l’aide : après tout, l’inspecteur contrôle les profs mais il doit aussi les aider. Au téléphone, il m’a répondu poliment mais fermement qu’il n’avait pas le temps de venir m’inspecter avant 4 mois. J’ai aussi dit plus haut que l’école résultait d’une fusion. Une école, beaucoup de sites parfois assez éloignés les unes des autres : cela posait beaucoup de problèmes, le directeur étant souvent absent puisqu’il était sur un autre site. Pourtant, lui seul est habilité à prendre certaines décisions qui perdent toutes valeurs, pédagogiques ou autres, si elles sont prises en retard.


 » Il n’y a plus aucun esprit d’équipe dans le corps professoral. Les profs sont débordés : de nombreuses heures de coordination pédagogique ont été remplacées par des heures de cours, d’où perte du travail d’équipe. Autre résultat : des jeunes qui auraient réussi avant avec un encadrement plus individualisé échouent maintenant. Et lorsque Renault Vilvoorde a fermé, ces élèves m’ont dit : « Vous avez vu, Monsieur, encore une porte qu’on nous ferme « . « 


Statuts précaires


 » Pour pallier le manque d’encadrement, on fait de plus en plus appel à du personnel sous-statutaire. Des ACS qui travaillent pendant 10 ans sans ancienneté et sans aucune garantie d’emploi. Des ALE sans qualification. Et même du travail au noir et du bénévolat de parents, d’amis, de pensionnés « .


Des mamans pour surveiller


 » Ce sont les mamans qui surveillent le repas le midi et la récréation qui suit, aidées d’une surveillante. Ces mamans préparent aussi certains repas chez elles. Tout cela est bénévole. Les instituteurs et institutrices maternels et primaires sont obligés de gérer la totalité de l’école tant au niveau infirmerie que réparations quand la commune ne répond pas à la demande, ce qui est souvent le cas « .


Tout le monde joue à l’instituteur


 » Je travaille dans l’enseignement communal comme instituteur. Mon école s’étant progressivement vidée de ses élèves, il ne subsiste à l’heure actuelle qu’une seule classe maternelle dans le bâtiment. Lorsque je dois m’absenter pour raison de maladie, la loi autorise le pouvoir organisateur à ma remplacer dès mon premier jour d’absence. Ceci est une exception car la règle veut que personne ne puisse être remplacé s’il ne remet pas un certificat médical couvrant au moins 10 jours. Si je m’absente un ou deux jours, l’administration communale n’engage jamais de temporaire car elle invoque le nombre important de papiers à remplir. Alors la direction transfère un collègue d’une école plus importante vers ma classe, ce qui est très perturbant pour ses propres élèves. Il arrive parfois que la direction me fasse remplacer par un(e) étudiant(e) en dernière année d’étude, par une puéricultrice voire même un ALE travaillant dans le cadre des écoles. Résultat : je prends mes médicaments à l’école « .


Histoire de poux


 » A cause de la réalité sociale et de la pauvreté croissante, l’école et les enseignants sont obligés d’assumer des tâches impensables auparavant et qui, en théorie, ne sont pas de leur ressort. Mais les faits nous poussent à agir. Dans notre école par exemple les enseignants pratiquent chaque semaine un contrôle anti-poux. Les enfants qui présentent des poux reçoivent une lettre, mais de nombreux parents ne savent pas comment réagir face au problème et préfèrent que l’école s’en charge. Les enfants qui le désirent sont alors traités le midi par les enseignants, les produits étant fournis par l’école. De plus en plus d’enfants rencontrent également des problèmes à la maison qui nécessitent un accompagnement familial intensif. Pour la première fois, une assistante sociale sera attachée, cette année, à l’école mais au détriment d’autres paramédicaux comme des logopèdes par exemple « .


Dans l’enseignement spécial


 » Je suis prof d’atelier mécanique dans un établissement d’enseignement spécial professionnel de la région liégeoise. Voici quelques situations vécues au quotidien et qui montrent combien la situation sur le terrain est difficile faute de moyens et compte tenu qu’on se trouve dans le ‘spécial’ où justement les moyens tant matériels qu’humains doivent être importants pour un enseignement de qualité si on veut vraiment essayer de récupérer un maximum d’élèves, parfois à la limite de la délinquance.


 » Premier exemple : manque d’éducateur, pas de salle d’étude. Quand un ou plusieurs profs sont absents, ce sont les collègues qui prennent les élèves en charge, en plus de leur classe, ce qui augmente les situations de conflit.


 » Deuxième exemple : les profs sont livrés à eux-mêmes dans les cas de conflits violents, malheureusement très fréquents. On devrait être au moins 2 profs (ou un prof et un éducateur) surtout à l’atelier (mécanique, garage, bâtiment).


 » Troisième exemple : Du fait du peu de moyens financiers dont dispose l’école, il faut un temps fou (plusieurs mois parfois) pour s’approvisionner en matières premières, machines ou fournitures classiques.


Le lourd poids de la concurrence


 » La pression du travail s’accroît fortement, on attend énormément de vous. Le nombre d’élèves prime de plus en plus, et devient à la longue plus important que l’élève lui-même. Le maintien d’emplois est lié au nombre d’élèves.  » L’élève est l’élément central  » est depuis longtemps un slogan désuet pour la politique. Pour un enseignant avec de bonnes intentions, la tâche devient sans cesse plus difficile.


 » Chaque année, on imagine de nouveaux slogans et spots publicitaires, on recrute en faisant du porte à porte, on organise des portes ouvertes, des activités du mercredi après-midi. (…) L’éducation est toujours primordiale, mais l’éducation pour qui et pour quoi ? Vu la voie que suit l’éducation à l’heure actuelle, nous allons droit vers un enseignement qui ne permettra plus l’éducation que pour les besoins de l’industrie. Si l’on n’est pas capable de répondre aux besoins directs de l’industrie, alors on est mis sur la touche. Si les parents n’ont bientôt plus d’argent pour envoyer leur enfant à l’école, eh bien celui-ci restera sur la touche. L’éducation n’est possible que s’il y a de l’argent. Mais nous devons avoir le cran d’aller chercher l’argent là où il est. Et ceci n’est possible que si nous nous rebellons fermement « .


Supprimer ou ne pas supprimer la 6ème, telle est la question


 » Dans notre école, le troisième degré de qualification mécanique est supprimé depuis cette année 98-99 à cause du manque de fréquentation. Néanmoins, à l’issue de la 5ème, il este deux élèves qui devraient passer en 6ème . Lors du conseil de classe de juin dernier, le problème a été discuté. Normalement, si les deux élèves ne demandent rien et vont faire leur 6ème ailleurs, la question est ‘réglée’ nous précise le directeur. Seulement voilà, un professeur rappelle à tous qu’un des deux élèves en question a de gros problèmes de santé, que nous, nous le connaissons bien, qu’il a trouvé dans l’école un entourage rassurant qui l’a aidé à arriver jusqu’en 5ème. S’il doit quitter l’école, outre les difficultés habituelles que tout élève rencontrerait, il aurait à retrouver péniblement un hypothétique équilibre indispensable à une éventuelle réussite. Après discussion, il a donc été décidé d’examiner les possibilités d’ouverture de la 6ème avec le plus de regroupements de cours possibles et autorisés administrativement pour qu’au bout du compte, il en compte le moins d’heures possible aux profs (bénévolat) ou à l’école.


 » A première vue il semble possible de regrouper certains cours avec les autres sixièmes et d’autres cours avec d’autres cinquièmes. Résultat : il ne resterait plus que quatre heures à prester bénévolement. Le directeur conclut ironiquement qu’il ne faut pas perdre de vue que ces 2 élèves rapportent 4 heures à l’école. Mais il n’a pas précisé si ces quatre heures iraient dans le pot commun toujours cruellement en déficit ou si elles serviraient à supprimer ces quatre heures de bénévolat « .


Comment nous faire travailler plus


 » La pression des tâches augmente énormément. De plus en plus de tâches doivent être assumées par un personnel restreint. A chaque fois, de nouvelles idées apparaissent pour justifier cette pression : répartition justifiée des tâches entre tous les membres du personnel, véritable évaluation de la pression réelle des tâches pour chaque charge.


 » A l’école supérieure, on part du principe qu’une heure de  » contact  » correspond à 1/16e de charge. Mais on vient de découvrir que certaines formations comportaient des périodes de stages au cours desquelles il n’y a pas cours. Ainsi, dans la formation d’enseignant par exemple, une heure de  » contact  » ne correspondrait plus à 1/16e de charge. Si l’on part du principe qu’une année scolaire compte 28 semaines de cours, qu’une première année en compte 24 et une deuxième année 22, une heure de  » contact  » ne vaudrait que 24/28 en 1e et 22/28 en 2e « 


Apprendre le néerlandais en groupes de 25


 » J’ai 12 heures de cours de Néerlandais par semaine, pour 8 classe de 24 à 27 élèves sauf une classe de 16 élèves faibles. Un premier constat : si un plus petit nombre d’élèves permet de faire du meilleur travail, est-ce en groupant 16 élèves en difficulté d’apprentissage qu’on les fera progresser ? J’y vois une nouvelle sélection négative qui permettra aux élèves des autres classes de mieux décoller. Pour preuve, la classe de 16 élèves a obtenu de bien moins bons résultats que les trois autres classes du même âge. Beaucoup d’élèves ont bien travaillé mais on ne forme pas 25 élèves bilingues en 50 ou 100 minutes par semaine, si favorisé soit le milieu. Les élèves plus timides peuvent se rassurer. Ils ne seront pas souvent solliciter pour sortir de leur réserve « .


Ne dite plus personnel d’entretien.
Dites  » collaborateur polyvalent « 


 » Je fais partie du personnel d’entretien. Dans le passé nous étions liés à une seule école. Nous étions 4 à 5 personnes pour un grand campus. Nous connaissions les bâtiments, les professeurs, les étudiants. Maintenant nous sommes 10 personnes pour 8 campus. Il y a trop peu d’argent pour engager plus de personnel pour des tâches spécialisées comme l’électricité ou la menuiserie. Mais qu’importe. On nous a rebaptisé « travailleur polyvalent ». Et le problème est résolu… Entretemps, les machines rouillent ne sont plus sûres parce qu’il n’y a pas de personnel fixe pour leur entretien. Nous sommes une sorte de firme privée qui fait toutes sortes de petits travaux. Conséquence : beaucoup de temps passé aux aller-retour. Nous sommes plus une firme de déménagement qu’autre chose « .


 » Les conditions de travail sont devenues beaucoup plus mauvaises. Il y a des endroits où on ne peut même pas se laver convenablement. Dans le passé l’endroit où l’on mangeait était rangé et nettoyé toutes les semaines. Maintenant, il n’y a plus de temps pour cela. Nous mangeons dans le bric-à-brac « .


 » On a supprimé l’emploi de veilleur de nuit. On a ainsi épargné à peu près un million. Mais nous devons maintenant régulièrement réparer les portes qui ont été démolies « .


Seule l’enveloppe ne grandit pas


 » Dans le budget limité dont dispose chaque école supérieure, on a gardé toutes les tâches existantes et on en a même ajouté de nouvelles. Toutes ces tâches doivent donc être menées à bien avec un personnel réduit.


 » Nous faisons un métier de maître de conférences pour inscrire, donner des journées d’information, et même assister à la vente des cours. En moyenne on peut dire que chaque professeur preste 10% de plus que par le passé. J’ai ainsi ajouté à ma mission 50% de tâches de coordination sans modification de cette mission.


 » Le nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur augmente. Nous avons de plus grandes classes, plus d’heures de contact. Nous devons travailler au programme de l’enseignement post-supérieur et de la formation continuée. Nous devons participer au service social. Mais l’enveloppe budgétaire reste la même « .


Baisse de qualité


 » La qualité de l’enseignement dans les écoles supérieures a également beaucoup souffert des réformes récentes. Comment pourrait-il en être autrement ? On acquiert la qualité par un travail en profondeur. Depuis le décret sur les écoles supérieures, on a pris une série de mesures qui, de plus en plus, rendent la qualité impossible à atteindre. On ne fait plus que dans le superficiel et l’apparence.


 » Si le ministre voulait veiller à la qualité il aurait dû se donner des moyens substantiels pour y parvenir. Maintenant, une série d’écoles supérieures vont encore essayer d’organiser quelque chose concernant la surveillance de la qualité pour être en ordre avec le décret. Nous nous posons quelques questions sur la manière dont tout cela va être fait et avons des doutes quant au résultat.


 » Ceux qui restent après les suppressions d’emplois, voient leur charge d’enseignement prendre des proportions déraisonnables. De plus, ils se heurtent aux tâches non-didactiques qui surgissent de partout. Des réunions interminables, des espaces gigantesques de mémoires d’ordinateurs et des montagnes de papiers ont déjà été gaspillés pour la préparation d’une cause perdue. La qualité de l’enseignement supérieur ne peut qu’être en régression si les fusions ne sont dictées que par l’idée de faire des économies, si la pression sur le personnel augmente sans pitié « .


Décentralisation de l’enseignement de la communauté en Flandre


Depuis la création de l’Argo en décembre 1988, on est passé du financement selon les besoins à un mode de financement semblable à celui de l’enseignement subsidié. Après la ronde des économies successives, c’est surtout l’enseignement de la communauté qui a payé les pots cassés. Tous les avantages de l’enseignement de la communauté ont été démolis : transport gratuit des élèves, repas bon marché; le personnel d’entretien fixe à temps plein est remplacé par des contractuels à temps partiel, etc… L’autonomie dont bénéficie l’Argo fait penser à la gestion de la pauvreté. Elle ne peut pas faire appel à l’argent des provinces et des communes ou des institutions privées. Au moment du passage de l’enseignement secondaire rénové au type unitaire, l’enseignement de la communauté a perdu 3.000 emplois. Le fonds de restructuration reçu à l’époque comme prix de consolation arrive maintenant à sa fin : nouvelle disparition de 200 emplois. La réforme actuelle devrait ôter à toutes les écoles secondaires 2,5 % de capital-périodes. Les moyens d’action n’ont pas été indexés pendant trois ans. Cela devait servir à « remettre à niveau ». Les écoles subsidiées reçoivent des moyens d’action, avec raison. Mais aux dépens du personnel général et des moyens alloués à l’enseignement de la communauté. Pour cela, l’enseignement de la communauté doit épargner sur une période de 7 ans 430 millions sur le personnel de cuisine et d’entretien ( 540 emplois temps plein en moins), 100 millions sur l’énergie, 20 millions sur les frais de secrétariat, 100 millions sur le transport scolaire. Au total, une diminution de 650 millions.


 » Mais les autorités tirent encore plus leur épingle du jeu avec le nouveau décret Argo du 14 juillet 1998. Le message est maintenant décentralisation et responsabilisation. Une décentralisation extrême est-elle dans l’intérêt de l’enseignement de la communauté? Ne va-t-elle pas augmenter les problèmes?


 » Il y a pour toute la partie flamande du pays 29 groupes scolaires mastodontes comprenant en moyenne une trentaine d’écoles. Ils doivent appliquer rigoureusement les économies, repartager les moyens disponibles ; cela s’appelle la ré-allocation des moyens. Dans ces nouveaux groupes scolaires, les écoles fondamentales sont mélangées aux écoles secondaires et de promotion sociale. Les plus petites écoles sont écrasées par les plus grosses. Ici va jouer la loi du plus fort. On va se battre pour chaque franc. Il n’y a plus d’organe central qui peut gérer les conflits puisque les groupes scolaires sont « responsabilisés ». Est-ce là la nouvelle structure dans laquelle l’enseignement de la communauté doit grandir et s’épanouir? « 


J’aime mon métier, mais…


 » J’ai choisi d’enseigner dans une école professionnelle où je suis depuis 1973. A plusieurs reprises, j’aurai pu changer de métier, mais j’ai toujours voulu faire de l’enseignement ma priorité professionnelle. Pendant 25 ans, je ne l’ai jamais regretté. Mes contacts avec les élèves sont plutôt bons : j’en vois en dehors des cours, nous montons ensemble des projets de classe (animations, voyages, etc).


 » Suite au décret Onkelinx, nous avons dû fusionner avec un grand collège proche. L’année dernière, notre directrice ayant pris sa pension, nous avons dû, pour maintenir un poste de direction chez nous, nous donner des heures NTPP au collège. En même temps, notre population augmentait de plus de 10 %, on avait des heures supplémentaires. Depuis Onkelinx, on doit attendre l’année scolaire suivante.


 » Conséquences :


 » 1) Pratiquement plus aucune heure de coordination. Je suis notamment responsable de la vidéo et de l’animation pastorale.


 » 2) Organisation de groupes-classes de plus en plus importants. Par exemple, nous avons trois options en 5ème professionnelle (de 10 à 15 élèves par groupe) mais nous n’avons l’occasion que d’organiser deux classes pour les cours généraux. Quand deux groupes sont ensemble, ce n’est pas toujours évident ! Pour avoir au moins une heure de cours avec chaque groupe et maintenir l’organisation de projets de classe, j’ai dû accepter de donner une heure de cours aux trois options groupées (plus de trente élèves ensembles).


 » J’aime toujours bien mon métier, mais c’est de plus en plus dur. Je fais des semaines de 60 heures et je viens de profiter de mon congé de Noël pour me remettre à niveau et préparer mes prochains cours. Je ne sais pas si je tiendrai encore longtemps « 

Le texte transformÈ a ÈtÈ copiÈ dans le presse-papier : il ne vous reste plus qu’‡ le coller (Ctrl-V) dans SPIP. Bonne chance !

II. Equipement, matériel didactique

En Flandre comme en Communauté française, on vient de dégager quelques milliards pour équiper les écoles d’ordinateurs et de connexions Internet. Est-ce le début de la fin de l’austérité en matériel didactique ? Ou bien est-ce le début d’une nouvelle inégalité entre établissements ? Et ne doit on pas craindre que l’investissement en informatique ne se fasse au détriment d’autres dépenses ? Combien d’écoles disposent par exemple de laboratoires convenablement équipés ? Ou d’une bibliothèque digne de ce nom ? Combien attendent les recettes du prochain bal pour acheter enfin la nouvelle vidéo ?


Pas d’argent pour la vidéo


 » Excédé par le discours ‘moderniste’ et la situation lamentable que j’ai vécue sur le terrain (6 ans pour avoir un magnétoscope qui m’a d’ailleurs été volé) trois dictionnaires, une craie et un tableau noir, absence totale d’infrastructure de documentation, j’ai demandé ma mise en disponibilité précédent la retraite « .


Des appareils de laboratoire défectueux


 » Pendant ma formation d’enseignant, j’ai fait un stage dans un grand athénée en Flandre. Le professeur de physique, qui avait des années d’ancienneté, racontait :  » Nous étions autrefois un athénée prestigieux. La bourgeoisie francophone nous envoyait ses enfants. Je disposais ici d’un laboratoire de physique très bien équipé. Les écoles de l’État bénéficiaient d’un service central qui réparait les appareils ou le matériel de laboratoire. Si un objet était défectueux, nous l’envoyions et il était réparé gratuitement. Mais ce service a été supprimé en raison des économies. Maintenant, nous avons toutes sortes d’appareils qui ne peuvent plus être réparés et il n’y a pas non plus d’argent pour en acheter de nouveaux « . « 


Le CD-rom et la fancy-fair


 » Nous avons reçu un CD-rom sur l’électricité. Problème : Il n’y a pas de lecteur de CD-rom à l’école. Je suis allé voir ma directrice qui m’a répondu textuellement :  » Peut-être après la fancy-fair  » !


 » L’école organise tous les deux ans une fancy-fair destinée à pallier les manques de moyens. Certains profs et élèves dynamiques y consacrent une énergie folle. Tout ce dynamisme ne pourrait-il pas être mieux utilisé qu’à organiser des stands et des courses de vélos folkloriques ? « 


C’est la fête !


 » Mon école est peu équipée mais ce que nous possédons a été acquis grâce à l’organisation de fêtes par l’association de parents. Les parents actifs dans ce type d’organisation font majoritairement partie d’une classe sociale aisée ; on constate par exemple l’absence quasi systématique de parents d’origine immigrée ou ouvrière « .


Produits dangereux


 » A propos du matériel pédagogique, si le laboratoire de physique est bien équipé (mais quelle est la norme ?) ce n’est pas le cas des labos des deux autres sciences. De plus, j’ai signalé la présence de produits dangereux (à la direction et au centre technique régional) mais il me semble qu’aucun budget ne soit disponible pour la prise en charge de ces produits par une firme compétente « .


Chaos au labo


 » Le laboratoire de physique avait été, à son heure de gloire, très bien équipé mais maintenant je l’ai trouvé complètement en désordre. Monter une manipulation pour un cours demandait souvent une demi-journée de recherche pour trouver chaque pièce nécessaire. J’ai rapidement renoncé à vouloir mettre de l’ordre:àquoi bon, j’étais débordé et j’aurais dû travailler une semaine complète, en plus des cours. Si j’avais été sûr de rester dans cette école 2 ou 3 ans, je l’aurais certainement fait. Mais les deux dernières années, quatre temporaires s’étaient succédés pour le cours de physique. Ce cours n’était déjà pas très attrayant pour beaucoup d’élèves mais quand, en plus, le prof change tous les 6 mois, c’est pour les dégoûter définitivement. « 


Choisir


 » Le bâtiment scolaire date de 1840 et il est grand temps qu’il soit restauré. Mais il n’y a pas d’argent pour cela. Il faut par exemple choisir entre du matériel didactique, une couche de peinture ou des heures prestées par un professeur « .


Le matériel didactique ? Je le paie moi-même !


 » On rogne également sur les dépenses consacrées au matériel didactique. Les ordinateurs et plus récemment Internet ont absorbé une grande part des subsides. Il est grand temps d’augmenter ces subsides ! Quoique je ne puisse pas vraiment me plaindre : il y a encore assez de matériel pour le moment, mais je m’inquiète pour l’avenir.


 » Le manque de moyens se fait sentir dans de nombreux domaines : dans l’équipement de sécurité qui nécessite de l’argent pour des alertes d’incendie, des armoires sûres pour le matériel chimique utilisé au cours, etc. De nombreux collègues paient beaucoup de leur poche, comme des coups de téléphone, des frais de déplacement, des livres et des revues, un PC, des CD, des vidéos et des cassettes… L’école n’a pas assez d’argent et tout ce matériel évolue si vite qu’il est presque démodé le jour suivant son achat « .

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III. Infrastructure et bâtiments

Le 24 septembre 1998, le journal De Standaard écrivait :  » Un bâtiment scolaire sur quatre n’est pas adapté à l’enseignement. Autant d’écoles ne reçoivent pas de l’Etat les moyens de remédier au délabrement de leurs locaux, pourtant constatés par des inspecteurs « .


Il suffit de comparer l’état des lieux dans nos écoles avec le luxe des banques et des sièges de grandes sociétés pour voir où sont les priorités dans cette société.


Attention, chute de plafond !


 » A propos de l’état matériel des bâtiments, il suffit de signaler, dans les locaux de l’ex-André Vésale, les infiltrations d’eau qui ont causé la chute de plusieurs mètres carrés de plafonnage dans plusieurs classes. Heureusement pas sur des élèves… « 


Trop peu de locaux


 » L’accessibilité à la bibliothèque, à la vidéothèque ou à l’informatique est difficile car ces locaux doivent parfois être utilisés comme classes. En plus, il y a une seule vidéo pour 250 personnes… « .


Moins d’entretien


 » Lorsque j’ai fait connaissance avec l’école il y a vingt ans, les locaux étaient très propres. On les nettoyait quotidiennement, et comme ils n’étaient pas très sales, il ne fallait pas beaucoup de temps. Depuis l’année dernière, il y a un nouveau mode de calcul pour le travail de l’équipe d’entretien : à chaque type de local correspond un certain nombre de minutes utilisées par femme de ménage chaque année. En pratique, cela signifie qu’il faut travailler trois à quatre fois plus vite qu’avant. La pression du travail peut entraîner des maladies et les autres membres du personnel d’entretien doivent alors effectuer le travail supplémentaire. A présent, les couloirs font un peu penser à un pré dans lequel vient d’avoir lieu un festival pop. Allez donc faire comprendre à l’élève X ou Y qu’il ou elle ne doit pas jeter par terre le xème papier, la xème canette « .


Pas de préau


 » Depuis des années, le pouvoir organisateur promet un préau pour la cour B, où plus ou moins 200 élèves passent leur récréation. Le préau doit protéger de la pluie et de la neige. A l’heure actuelle, les élèves sont entassés dans un réfectoire de 80 personnes. Mais, concurrence oblige, on veut absolument construire un deuxième hall sportif prestigieux « .


Pas de douche


 » J’enseigne dans l’enseignement fondamental spécialisé. Depuis des années, il nous faudrait absolument au moins une douche dans l’établissement. Mais elle n’est toujours pas là. L’année passée, un élève allait se laver régulièrement dans une maison près de l’école « .


Un rapport de pompiers alarmant


 » L’an dernier, le commandant des pompiers a fait une visite de routine dans notre école. Il en a résulté un rapport de 30 pages dénonçant les multiples infractions aux règles de sécurité élémentaire en matière de lutte contre les incendies : bâtiments non cloisonnés, absence de porte coupe-feu, toiture inflammable, circuit d’évacuation impraticable, alarme inaudible, etc… Le CPPT a pris connaissance de ce rapport et a demandé à la direction comment elle allait remédier à la situation. Celle-ci nous a répondu que, avec les moyens financiers dont disposait l’école, il lui faudrait au moins trois ans pour se mettre en règle. Pendant trois ans, élèves et professeurs vont donc continuer à vivre dans le danger permanent. Et si il y a un incendie ? Si une catastrophe survient ? Ils ne pourront pas dire : « On ne savait pas  » . « 


Vapeurs toxiques


 » Lorsque j’ai été diplômé de l’enseignement artistique il y a trois ans, les normes de sécurité étaient en-dessous de tout. Entre temps, la situation s’est encore aggravée. Il y a des branches dans lesquelles on travaille avec des acides mordants et des produits chimiques dont les vapeurs sont nocives pour la santé. Et tout ceci sans les installations d’aération nécessaires. En matière d’équipements anti-incendie, les bâtiments laissent également à désirer. Si une inspection devait avoir lieu uniquement à ce sujet, les bâtiments seraient déclarés inutilisables « .


Ni local des profs, ni réfectoire


 » Il n’y a pas de local prévu pour le travail des profs pendant leurs heures de fourche. La salle des profs est vraiment trop petite et il est impossible d’y travailler pendant que des collègues discutent (légitimement). Il n’y a pas non plus de possibilité de prendre un repas à midi, même pour les élèves. Il n’y a plus de réfectoire ! « 


Des locaux exigus


 » J’ai eu du mal à trouver un boulot, car rares sont les écoles qui font appel à un prof spécial de néerlandais. En effet, les écoles utilisent le maximum du capital période au dédoublement de classes trop nombreuses. Ce n’est pas le cas dans ma nouvelle école car le manque de locaux ne permet pas la création de classe supplémentaires.


 » Les locaux sont bondés et occupés à plein régime. Pas question de rassembler les élèves autour d’une table d’observation. En dehors des cours donnés par les titulaires, les locaux libérés par les élèves qui sont à la gym sont pris d’assaut par les profs de cours philosophiques. A midi, ils serviront de restaurant, de salle de musique ou d’atelier de langue, de lecture,… Ces activités para-scolaires données durant l’heure de midi ou après 16 h. ont l’avantage non négligeable de désengorger le cour de récréation trop exiguë. En cas de pluie, les classes feront aussi office de préau « .


Un timing serré


 » Le réfectoire accueille en trois services les élèves qui prennent le repas chaud et, en dehors des heures de repas, le professeur d’adaptation et l’un ou l’autre prof dont le local habituel n’a pas été libéré. La salle des profs est un petit local où il faut jouer à chaise musicale. Les profs mangent aussi dans une classe. Quant à la cour de récré, elle accueille les enfants en trois groupes et les horaires doivent être scrupuleusement respectés pour éviter que les groupes ne se croisent dans les couloirs. Mieux vaut éviter les accidents car l’infirmerie se résume à une armoire dans la salle des profs : pour un lavabo, il faut aller à l’étage. Non, cette école dynamique n’est pas un îlot de paix. Le bruit y est omniprésent et de 12 à 13h.30 on pense plutôt à un couloir de métro aux heures de pointe. Est-ce étonnant que les enfants y soient toujours survoltés, énervés et se plient si difficilement à un minimum de discipline ? « 


Les enseignants s’occupent-ils encore d’enseignement ?


 » Beaucoup de problèmes dans l’enseignement fondamental de la communauté ont pour origine le manque de moyens financiers. Les locaux de classe sont partout des baraquements préfabriqués. Cela fait plus de 10 ans qu’ils auraient du être remplacés par des bâtiments définitifs mais il n’y a pas d’argent. La salle de gymnastique a été condamnée car elle ne répondait pas aux normes de sécurité. Au lieu d’adapter le local dans ce sens, les élèves suivent le cours de gymnastique dans une autre école fondamentale. Cela signifie beaucoup de trajets, parfois avec une autre classe, une perte de temps et finalement une petite demi-heure de gymnastique par classe.


 » Pour le transport, nous dépendons du bus de l’athénée. La personne qui s’occupait de l’entretien de ce bus est partie et n’a pas été remplacée. Le chauffeur a dû suppléer à l’entretien. Le transport « extra » a été supprimé en pleine année scolaire. L’école fondamentale n’avait qu’à tirer son plan. Par l’intermédiaire de la centrale Argo, elle peut encore faire appel au bus 2 fois par semaine : le vendredi pour la gymnastique ou la natation et le mardi pour les excursions, etc…


 » En décembre, plus d’argent pour acheter du papier pour la photocopieuse. Le budget du premier trimestre est utilisé. Nous sommes une école Freinet et fabriquons nous-mêmes beaucoup de notre matériel, ceci étant le résultat de projets et autres choses semblables. Mais, selon le vérificateur, nous employons beaucoup trop de papier. Cela doit cesser. J’ai moi-même payé de ma poche 4 paquets de papier pour pouvoir reproduire tous les textes, entre-autres le journal de classe que les élèves avaient fabriqué pour Noël. Tout le matériel pour la fête ou les cadeaux de Noël des élèves doit être payé par les enseignants.


Les enseignants sont sollicités plusieurs fois par an pour l’organisation de soirée-spaghetti, souper aux moules et autres brocantes, vente de fleurs, etc… pour gagner quelques milliers de francs. Durant les vacances de Pâques, ils viennent repeindre et décorer les locaux de classe pour la journée portes ouvertes. Ils cherchent le sponsoring de Pizzahut, du magasin de peinture local, du Lion’s Club, etc… Sont-ils encore enseignants ou deviennent-ils des mendiants de profession? « 

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IV.  » Gratuité  » et sponsoring

L’enseignement est gratuit, dit la loi. Dans l’enseignement supérieur les droits d’inscription s’élèvent à plus de 10.000 francs, sans compter les  » droits complémentaires  » réclamés dans certaines orientations d’études. Mais même dans le primaire et le secondaire, les coûts à charge des parents sont de plus en plus élevés.


Face au manque de maoyens financiers, les écoles ont recours au financement externe, au sponsoring, aux aides privées. Aux Pays Bas, le financement par enveloppes a déjà conduit à la généralisation de la publicité à l’école. Chez nous le phénomène est encore embryonnaire, mais il grandit, surtout dans les écoles techniques qui dépendent des entreprises pour leur matériel. Ici, on se rapproche du  » modèle allemand « , où le patronat prend en charge une partie de la fomation professionnelle, en échange bien sûr de réductions d’impôt.


Livres et photocopies


 » Nous ne prêtons pas assez d’attention aux coûts. Le coût des livres nécessaires pour une année d’étude par exemple se monte vite, à l’état neuf, à 10.000 francs ( on n’est bien sûr pas obliger de les acheter à l’état neuf, il existe un système de bourse aux livres ). Par trimestre, les élèves doivent payer 1.000 francs pour couvrir les frais des photocopies supplémentaires et les coûts administratifs. Ajoutez encore à cela 1000 ou 2.000 francs par an pour aller voir un film, une pièce de théâtre, un concert ou pour organiser des excursions « .


Absent pour cause de misère


 » Chaque année, j’organise un déplacement à Liège (ULg) avec les élèves de 6ème. C’est très utile sur le plan pédagogique (démonstrations expérimentales,…). L’ensemble de la journée revient à sept ou huit cents francs. Chaque année, des élèves ne viennent pas en inventant des prétextes fumeux. Je sais très bien qu’ils s’absentent pour raisons financières. Ils sont donc pénalisés et, de plus, la direction les menace de sanctions parce que l’activité est obligatoire ! « 


Pas de sous ? Pas de voyage !


 » Certains voyages scolaires sont annulés par manque d’élèves. Ceux-ci sont de moins en moins nombreux à pouvoir payer « .


16.000 francs


 » Une année d’étude dans notre établissement secondaire coûte aux parents pour un élève du premier cycle faisant partie d’une classe A environ 16.000 francs (manuels scolaires, excursions, réfectoire, activités culturelles…). Selon moi, c’est énorme! Même si l’on peut faire appel au fonds social. « 


Thérapie payante


 » Jusqu’à présent, il y avait une collaboration intensive entre notre école (enseignement spécial) et un centre de rééducation. De cette manière, tous les enfants pouvaient bénéficier de la thérapie nécessaire. Mais cela aussi a été remis en question et on y a mis progressivement un terme. Aujourd’hui, on exige à nouveau une contribution financière de la part des parents « .


Journal et mission au Rwanda


 » Ce qui me dérange c’est l’abonnement obligatoire au journal des anciens. Les élèves n’en lisent qu’une page (la vie en humanité) ou le jettent immédiatement à la poubelle. L’achat obligatoire d’un calendrier en faveur des missions suscite également l’irritation des parents. Surtout quand on connaît le rôle de la congrégation au Rwanda « 


Voyages élitistes


 » En sixième année, les élèves effectuent un voyage en Italie qui revient à 27 000 F, en troisième ils partent trois jours à Paris pour 7.000 F. Il ne s’agit pas d’une mauvaise initiative en soi, mais que faire lorsque vous avez trois enfants à charge qui partent soudainement en voyage scolaire (vacances de neige, Paris, Londres ou Rome…) Qui va payer tous ces voyages? « 


Nouveaux objectifs, nouveaux manuels !


 » Les objectifs pédagogiques du premier degré sont prêts. Les maisons d’édition les ont attendus longtemps. Pour chaque matière un nouveau manuel sortira sur le marché, accompagné d’un cahier de travail. On se concerte intensément pour savoir quel livre on va se procurer. Mais on évoque très rarement la question du coût de ces livres.  » Les parents pourront-ils encore payer ?  » est une question qu’on ne se pose jamais. Au mois de septembre, les factures d’achat de matériel scolaire (livres, papier, fournitures) grimpent parfois jusqu’à 15 000F. Voire plus encore. On ne demande pas aux parents s’ils vont pouvoir payer. Lorsqu’un parent choisit une école, il accepte la politique financière de celle-ci et il paye. On ne rencontre que très rarement des mauvais payeurs. Les parents vont se priver pour que leur enfant étudie dans les meilleures conditions « dans une bonne école « . Mais on entend bien aux remarques que font les jeunes qu’à la maison les choses ne sont pas si simples. Les parents se plaignent sans cesse mais pas ouvertement. Chaque année, on organise des activités parascolaires. C’est amusant et enrichissant. Il est effectivement nécessaire que les jeunes puissent apprendre en dehors des murs de l’école. Mais qui paye tout cela ? Au cours de la première année, ils partent trois jours pour faire connaissance dans un centre sportif. En deuxième année, ils font un stage sportif de trois jours. En troisième, ils partent à Londres, en quatrième à Paris, en cinquième, à Cologne et en sixième, à Rome bien sûr, plus une journée à Amsterdam et deux jours à la côte. Sans compter les diverses journées sportives, représentations théâtrales et autres sorties au cinéma. Les musées constituent un must et j’allais presque oublier les vacances de neige à Pâques : 21.000 F pour une semaine mais, tout compris. C’est cela l’enseignement. Mais pour qui ? Pour ceux qui savent se le permettre « .


Cours particuliers obligatoires ?


 » Les cours d’ouverture sur le monde et les techniques ont le plus souvent disparu ou sont payants. (Médias, photo, cuisine, technologie, …) Vu le peu de place réservée aux activités de remédiation, le recours aux cours particuliers est quasi systématique. L’on entend donc assez souvent des réflexions de ce genre en conseil de classe :  » Il faudrait que Machin bénéficie de cours particuliers de math pour s’en sortir, mais les parents ne peuvent pas payer ce type de frais.  » La situation est la même pour la logopédie « .


Comment financer le voyage?


 » Avant cela, il avait fallu mobiliser l’ensemble de l’école pour financer le voyage. En novembre, nous avions organisé un souper pour rendre le prix du voyage accessible à (presque) toutes les bourses. Mais nous ne pouvons nous empêcher de penser qu’une sélection s’est faite par l’argent, même dans une organisation qui s’est « décarcassée  » pour réduire de moitié le prix du voyage ! En effet, certains étudiants n’auront pas osé s’inscrire, faute d’argent (quand même 4.000 francs plus les boissons) ou par peur de demander la charité à la collectivité « .


700 balles pour une ruine ?


 » Dans une classe de 1ère, le professeur d’EDM (Etude du milieu) met à son programme l’étude d’un milieu rural au moyen-âge et choisit Villlers-la-Ville comme cas d’étude. Il programme un voyage, avant l’étude du cas, pour que les élèves en retirent motivation et connaissance.


 » Le coût du voyage s’élève à BEF 700,- incluant le voyage en car, 2 animations données par une ASBL spécialisée (1 matinée et 1 après-midi) et l’entrée aux ruines de l’abbaye. (Il est à noter que, depuis l’école, prendre les transports en commun (métro + train) s’avère nettement plus long, plus difficile et à peine moins coûteux, sans compter les 4 km aller et 4 km retour à pied à Villers !).


 » La moitié des parents paie sans sourciller, le quart paie en faisant remarquer que le prix est élevé et en demandant de pouvoir étaler le paiement ; le quart restant ne peut fournir cet effort financier « .


Il ne reste qu’à vendre des biscuits


 » Bien sûr l’école peut facturer l’une ou l’autre chose via le compte de l’école mais nous essayons d’éviter cela le plus possible.


 » Heureusement, les élèves ne doivent pas payer de droit d’inscription. Ils peuvent louer leurs manuels et peuvent commander certaines fournitures comme du papier, des stylos ou une calculatrice en passant par l’école. Ils ne sont pas obligés de le faire mais cela leur coûte beaucoup moins cher puisque l’école achète en grande quantité.


 » En ce qui concerne les activités parascolaires, ils payent un minimum parce que, tous les ans, nous organisons une grande vente de biscuits. Les élèves ne payent ainsi que 100 F par trimestre pour une heure de sport par semaine. Alors que de nombreuses écoles n’hésitent pas à demander 2.000 F pour la même activité. Nous arrivons à maintenir le prix aussi bas non seulement grâce à la vente de biscuits mais aussi grâce aux enseignants et aux élèves qui se mobilisent de manière bénévole. Mais ce n’est pas à nous de veiller à ce que les coûts restent bas. C’est au ministre à le faire ! « 


Louée soit-elle


 » Ces dernières années, la communauté religieuse a supporté de nombreux frais. Sans elle, on n’aurait pu rénover ni même entretenir les bâtiments « .


Stage en entreprise ou travail forcé ?


 » Les étudiants en informatique devront bientôt suivre un stage de trois mois au lieu de 6 semaines. Cela signifie que le deuxième semestre de la troisième année se réduit à un stage. Dans l’ancien système, celui des 6 semaines, les élèves s’étaient déjà familiarisés avec le monde du travail lorsque le stage touchait à sa fin. On pouvait considérer ce système comme un complément aux études, une confrontation avec la réalité.


 » Aujourd’hui, il faut se dire que sur les trois mois de stage, seuls deux sont réellement productifs sur le plan pédagogique. Après son initiation, l’élève perd de vue l’utilité de ses études. Mais le patron, lui, en tire profit. L’étudiant peut aller travailler gratuitement mais si le travail est mauvais, il peut oublier son diplôme. En réalité, c’est du travail forcé et c’est malhonnête vis-à-vis des diplômés. On leur ôte le pain de la bouche.


 » Ce système, le directeur le protège sous la devise de la concurrence (nous sommes la première école de … qui propose ce système) et aussi parce que les entreprises en redemandent (pas difficile). Il n’y eut qu’une voix contre au conseil de département « .


Ecole hôtelière


 » Les étudiants de l’école hôtelière doivent travailler 160 heures pour diminuer les frais. Quelle honte! Qui en profite? Et cela s’appelle Expérience Pratique Complémentaire « .


Du personnel gratuit pour Quick


 » L’entrée des représentants du secteur économique dans le conseil de participation vise à conforter le système transformant un stage en mise à disposition de personnel gratuit. Les gérants de Lunch Garden, Quick, les directeurs de homes,… sont certains d’avoir une main d’œuvre gratuite durant l’année scolaire. Il est donc inutile d’engager du personnel « .


Des parrains intéressés


 » Depuis des années, des entreprises parrainent toute une série de projets dans notre école. Ils mettent notamment du matériel à notre disposition. Il s’agit la plupart du temps de matériel non homologué ou de restes payés par le consommateur. Des personnes issues du monde de l’entreprise font systématiquement partie du jury lors d’un examen. Il y a de plus en plus de stages en entreprise. On dispense un  » enseignement de qualité  » selon les besoins de l’entreprise « .

2 COMMENTS

  1. > L’école, telle qu’elle est
    Au collègue qui se plaint de l’absence d’une douche :

    Madame Arena a une belle douche.
    Vous devriez y envoyer vos élèves.

    Il est vrai que, en grande « démocrate », elle veut aujourd’hui supprimer le latin.
    Les cancres parleront ensuite un français parfait, c’est sûr.
    D’ailleurs les charlatans des auto-proclamées « sciences » de l’éducation le disent. Alors…
    Ceux-là aussi se proclament « démocrates » et traitent de « réactionnaires » (et pourquoi pas de fachos ?) ceux qui mettent en cause leurs dogmes stupides et leur charabia pseudo-scientifique.
    Depuis trois décennies, ils ruinent notre enseignement francophone.

    Avec Marie, l’enseignement n’en a certes pas fini de… décliner

    Arena, Arenae, Arenam,…

  2. L’école, telle qu’elle est
    c est bien pire que je ne pensais les parents se plaignent mais les profs aussi a qui va l argent qu on a plus. courage je ne comprends pas la vie d aujourd hui on etait fier de l enseignement et de son pays et la politique avait des devoirs et de l exemple

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