Suicide d’un professeur à Marseille

Facebooktwittermail

Un professeur d’électronique d’un lycée marseillais a mis fin à ses jours dimanche, « le métier tel qu’il est devenu » ne lui étant « plus acceptable en conscience », explique-t-il dans une lettre adressée à ses collègues, a-t-on appris lundi de sources concordantes.

Avant de se suicider, ce père de famille de 55 ans, « d’une grande conscience professionnelle et d’une érudition sans limites » selon ses collègues, « a diffusé une lettre d’explication (…) faisant un lien évident entre son acte et son incompréhension face à l’évolution du métier », a affirmé à l’AFP le syndicaliste Alain Barlatier (Snes-FSU), qui travaillait à ses côtés au lycée.

« Je vous fais part de ma décision de ne pas faire la rentrée scolaire 2013. En effet le métier tel qu’il est devenu au moins dans ma spécialité ne m’est plus acceptable en conscience », écrit ce professeur en préambule de son courrier rendu public lundi par ses pairs.

Il décrit ensuite son parcours personnel: ingénieur en électronique passé dans l’enseignement 18 ans plus tard, il assiste en 2011 à la « mise en place de la réforme » de Luc Chatel, « faite à la hussarde dans un état d’affolement que l’inspection a du mal à dissimuler ».

« Entre-temps le gouvernement a changé sans que les objectifs soient infléchis le moins du monde ou qu’un moratoire soit décidé, ne serait-ce qu’à cause du coût astronomique de cette réforme », déplore-t-il.

Il évoque aussi le « niveau toujours plus problématique des élèves » et dénonce le changement de notation du baccalauréat, avec introduction d’une évaluation à la charge de l’enseignant de l’année, ce qui « ne respecte aucune règle d’équité », estime-t-il, ajoutant: « Je considère que ceci est une infamie et je me refuse à recommencer ».

« J’aurais pu m’immoler par le feu au milieu de la cour (comme l’avait fait une enseignante de Béziers en octobre 2011, NDLR) le jour de la rentrée des élèves, cela aurait eu plus d’allure mais je ne suis pas assez vertueux pour cela. Quand vous lirez ce texte, je serai déjà mort », conclut-il.

Selon ses proches, il n’était « pas dépressif », mais se montrait « extrêmement critique, comme nombre de ses collègues ». Il déplorait notamment le fait que « le métier d’enseignant évolue vers un métier d’exécution, alors que lui avait été recruté pour un métier de conception où il était maître de son travail », précise-t-il.