Crise de l’égalité dans une société multiculturelle

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Dans le cadre des conférences de la Maison de la Laïcité d’Ottignies, Jean-Philippe Schreiber, professeur à l’Université Libre de Bruxelles (ULB) et chercheur au Centre interdisciplinaire d’étude des religions et de la laïcité, m’a semblé avoir une position nuancée et claire sur ce qui devrait être une réponse à la fois pragmatique et démocratique de l’Etat belge aux demandes particularistes qui lui sont adressées de la part des différentes communautés culturelles et religieuses.

Notre société se diversifie en couleurs, langues et traditions ; l’équilibre n’est pas aisé à y construire entre ce qui est introduisible dans notre droit pour compenser certaines discriminations et ce qui n’est pas négociable pour maintenir les trois valeurs fondamentales d’un Etat laïque (égalité, fraternité et liberté).

Au cours de l’histoire, nous avons connu successivement les appellations d’« étranger », d’« immigrés », d’« allochtones », de « blacks » et, enfin, de nos jours, de « minorités culturelles ». Or, nous dit notre conférencier, l’Etat perd beaucoup de sa souveraineté quand il gère de manière inégalitaire et quand il est, par là-même, à la source de la notion contestable de « minorité culturelle » et d’autres catégories stigmatisantes. Il a raté l’occasion de faire évoluer les « conflits juridiques et symboliques » en « antagonismes féconds » ; en effet, notre société multiculturelle n’est pas « irrémédiablement acculée à reconnaître des droits spécifiques à ses prétendues minorités », au nom d’une soi-disant cohésion sociale : c’est insensé et préjudiciable à tous car cela nous éloignerait de notre culture d’égalité.

Cette conférence m’a rendue curieuse d’aller lire sa recherche au FNRS (« aux origines du complot anti-judéo-maçonnique ») ou une thèse qu’il a dirigée à l’ULB (« financement des cultes en Belgique 1830-1960 ») ou encore « Guerre scolaire ou de religion en Belgique ? » (édition ULB). Vous aussi, je l’espère…