Tribulations d’un prof de maths au royaume des inepties

En ce dernier vendredi d'août 2009, j'ai invité des collègues pour une soirée barbecue. Je veux faire la fête avant une nouvelle année scolaire que j'appréhende. En effet, depuis deux ans les inscriptions ne marchent pas bien dans notre école. Cette fois, sauf miracle auquel personne ne croit, nous allons perdre des classes. Ma charge hebdomadaire va être amputée, au mieux de quatre, au pire de huit heures, et je serai donc réaffecté pour une partie de mon horaire. Après trente ans de carrière, cette perspective ne m'emballe pas car les changements risquent d'être éprouvants.

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Un mauvais bulletin, mais à qui s’adresse-t-il ?

Beaucoup d’enseignants se sont retrouvés un peu déprimés, voire choqués, en lisant dans Le Soir du 21 janvier, l’article consacré au rapport établi par le Service général de l’Inspection au terme de l’année scolaire 2008-2009. Pourtant, ce n’est pas eux qui devraient se sentir visés au premier chef. Car la plupart des points noirs dénoncés par l’inspection ne sont pas le fruit de déficiences de la part des professeurs ou des instituteurs, mais plutôt le résultat inévitable des terribles carences au niveau des programmes, des socles et des compétences terminales sensés guider leur action pédagogique.

La notion de compétences est-elle pertinente en éducation ?

Comme on le sait, depuis deux décennies, la logique des compétences a envahi le champ de la formation. Ce phénomène constitue une nième version des tentatives de renouvellement qui jalonnent l’histoire de l’éducation, et comme toutes les tentatives antérieures, elle pose un ensemble de problèmes que je vais examiner avec vous en quatre étapes.

L’approche par compétences : une mystification pédagogique

« Approche par compétences », « évaluation par compétences », « compétences de base », «compétences transversales », «socles de compétences », « compétences terminales »... Le concept de «compétences» est devenu incontournable dans les écrits sur l’enseignement. Son succès est planétaire. Après les Etats-Unis, le Québec, la Suisse, la France, la Communauté française de Belgique et les Pays-Bas, « l’obsession des compétences » [Boutin et Julien, 2000], cette nouvelle «pensée pédagogique unique» [Tilmant 2005], est désormais en train de conquérir la Flandre. Mais sous le couvert d’un discours parfois généreux et moderniste pourrait bien se cacher une opération de mise au pas de l’enseignement : sa soumission aux besoins d’une économie capitaliste en crise.

A qui profitent les compétences ?

--Dès que l’on gratte un peu le discours romantique de certains pédagogues, l’approche par compétences se dévoile pour ce qu’elle est : une conception de l’éducation entièrement vouée à faire de l’école un instrument docile au service de la rentabilité économique et du profit.

«Mobiliser», sans connaître ni comprendre

-L’un des reproches le plus souvent formulés à l’adresse de l’approche par compétences est qu’elle relègue au second plan et néglige les contenus propres aux disciplines enseignées : le savoir et le savoir-faire. Malgré les dénégations fréquentes de la part des promoteurs de l’APC, nous croyons que ce reproche est non seulement justifié mais tout à fait fondamental.

Piaget, Vygotski, Freinet… tous coupables ?

L’approche par compétences se présente parfois à nous comme héritière de la tradition pédagogique constructiviste qui, depuis les travaux théoriques de Piaget et Vygotski et par les apports de praticiens comme Célestin Freinet, a alimenté toute la réflexion et l’action pédagogique progressiste, particulièrement dans les années 1950 à 1970. Et en effet, on retrouve dans les écrits théoriques sur l’APC, de nombreuses expressions qui semblent tout droit sorties des travaux des pédagogues constructivistes : la volonté de «mettre les élèves au travail» sur des «chantiers de problèmes», afin de «donner du sens aux savoirs et aux apprentissages», l’importance accordée à «l’activité de l’élève» comme moteur de la «construction de savoirs», ...pardon ! de compétences. Or, à y regarder de plus près, cette filiation est totalement infondée. A vrai dire, l’approche par compétences se situe à l’exact opposé des pédagogies constructivistes ou socio-constructivistes.

Des programmes qui divisent

-Si les programmes issus de la réforme par compétences sont caractérisés par leur lourdeur bureaucratique en matière de procédures et de méthodologie, en revanche il faut reconnaître qu’ils sont d’une légèreté extrême pour ce qui est de la précision des contenus cognitifs. Ceci ouvre la porte à des interprétations extrêmement divergentes et constitue ainsi un facteur générateur d’inégalité.

Plan d’apprentissage individuel

Jeudi 30 avril, formation obligatoire sur site dans notre établissement d'enseignement spécial. Après avoir signé la fiche de présence, nous nous asseyons dans le...

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