L’école ça devrait être…

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Et pour vos vacances, un beau texte à méditer. Celui que Luc, professeur d’Arts d’expression et vieil ami de l’Aped, a lu à ses collègues en prenant sa retraite ce 30 juin…

L’école, c’est, ce devrait être, devenir, redevenir (?) un lieu ouvert, lieu d’ouverture, lieu où l’on s’ouvre, où s’ouvrent les portes, les fenêtres, les yeux, la bouche, la gueule, les narines, le coeur, l’âme (pourquoi pas, si ça existe), pour connaître, recevoir, apprendre, rencontrer et donc pour réfléchir sur ce qui nous rend Hommes, c’est-à-dire avoir une ré-flexion sur nous et sur le monde.

Qui suis-je ?, où vais-je ?, pourquoi-je ?, où suis-je ?

Il faut nous réveiller de notre somnolence un peu abrutie, par quelques questions bien senties, des questions d’enfants : pourquoi j’ai huit ans ou cinquante cinq ans?, pourquoi j’suis une fille ? Ou un garçon ? Ou une grenouille? Un caillou, c’est vivant ? Pourquoi j’ai mal aux dents ? Pourquoi zéro, des fois c’est rien, des fois c’est beaucoup ? L’éternité ça dure combien de temps ?

Ce sont des questions persistantes, non ? L’école doit être un lieu pour apprendre à devenir humain, comme dans humanité(s).

La voilà, la question, c’est quoi un être humain? C’est peut-être trop difficile, trop compliqué de répondre, peut-être impossible, mais on cherche… la réponse serait elle dans la quête ?

Cela me semble juste, et même essentiel de voir l’école comme un lieu de résistance. L’homme seul n’est  rien, il est relié aux autres, à l’air, à la terre, au feu, à l’eau, au passé, au futur; il communique et il échange par son corps, par le langage, par l’air qu’il respire, par la nourriture qu’il mange. Nous sommes irrémédiablement solidaires, de gré ou de force, qu’on le veuille ou non. Et ça non seulement avec nos congénères mais aussi avec tout le bazar cosmique, Dieu ou son idée comprise. Alors, évidemment, le cocooning, il se doit d’être stellaire ou rien. Tant que des peuples se déchirent, tant que la terre tremble, tant que sévissent les exploiteurs de tous bords, tant que prolifèrent les injustices de toutes sortes, le repos n’est pas de mise.

Point n’est n’est besoin de vouloir faire de tous nos élèves des soeurs Teresa-Che Guevara. Mais que leur seul projet, leur ambition absolue soit la triade sacrée (pour ne pas dire la Sainte trinité): mon couple, mon argent ma maison, me glace d’effroi !

En cela, ils ne font d’ailleurs que se fondre dans l’ambiance générale, dans le réchauffement égoïste du climat.

Alors, voilà, je crois que l’école doit être une poche de résistance. Nous, la foule sentimentale (merci Souchon), nous ne voulons pas seulement être efficaces et performants, avoir des droits, des devoirs, des lois équitables et clairement énoncées, nous voulons aussi apprendre à vivre pour nos rêves, ces rêves qui nous relient, parce que nous sommes faits de leur matière (merci William). Il faut le dire à nos élèves faut leur tirer les oreilles, leur sonner le tocsin, il faut alerter les bébés (merci Higelin) !