Pourquoi le silence sur ce qui se passe en Grèce ?

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Rien ne s’écrit, rien ne se dit, rien ne se montre sur ce qui se
passe en Grèce depuis cinq semaines. Les journaux, les stations de
radio, les chaînes de télévision nous privent du droit à une
information majeure : depuis cinq semaines, 354 départements
académiques sont occupés ; des milliers d’étudiants manifestent
régulièrement ; la manière dont la police a réprimé la
manifestation du 8 juin rappelle à bien des égards les heures
noires de la dictature des colonels (une personne dans le coma).
Dans un pays de l’Union européenne ! Et nous n’en savons rien.
Le gouvernement grec, suivant en cela les décisions dérégulatrices
prises par nos gouvernements pour être ensuite imposées par l’OMC
et par l’Union européenne, va modifier la Constitution rédigée
après la chute de la dictature pour permettre la privatisation de
l’enseignement universitaire. Il prépare en outre une loi qui va
permettre la création d’établissements universitaires privés, qui
va imposer les critères de gestion des firmes privées aux facultés
d’État, qui va supprimer « l’asile universitaire » soumettant
jusqu’ici l’intervention de la police sur les campus à l’accord du
Conseil d’administration de l’université, qui va réduire
drastiquement la possibilité de repasser les examens.
C’est à cela que des dizaines de milliers d’étudiants grecs
s’opposent. Dans l’indifférence totale des journalistes et
correspondants de presse des autres pays européens.
Le black-out des médias propagandistes de la pensée unique
néolibérale vise un but : empêcher qu’on sache dans toute l’Union
européenne que la résistance au néolibéralisme existe partout,
qu’elle n’est pas une exception française et que le rejet de
l’Europe telle qu’elle se construit depuis cinquante ans grâce à
l’alliance de la démocratie-chrétienne et de la social-démocratie
va grandissant.
En Europe, on impose la liberté de circulation des biens, des
services et des capitaux, mais on brime la liberté de circulation
des informations.
Il s’impose d’urgence de manifester notre solidarité avec les
étudiants grecs. Il s’impose de dénoncer l’information sélective et
orientée des médias privés et publics, tous à la solde des
banquiers et des marchands.
Combien de temps encore allons-nous supporter ce coup d’État
permanent qu’est la construction d’une Europe néolibérale
destructrice de nos acquis démocratiques et sociaux ?

Raoul Marc JENNAR

chercheur altermondialiste

urfig@wanadoo.fr